Citation :
La famille Mathon/Ranucci n'est pas particulièrement à la rue : ils sont propriétaires de leur logement et viennent même d'acheter un coupé 304. Le mobile de l'argent est donc discutable.
Tout à fait. J’avoue que je n’ai toujours pas de bons éléments pour déterminer les véritables raisons pour lesquelles Ranucci aurait accepté de rendre ce service à homme au pull over-rouge. Argent ? Amitié ? Chantage ? Ceci dit, s’il n’y avait que des SDF (on disait des clochards, à l’époque) pour commettre des actes délictueux, ça se saurait.
Citation :
Aucune trace de ce type sur le corps de l'enfant, ni de traces des baillons et autres liens dans la voiture ou ailleurs.
Un autre honorable membre de ce forum a fait cette judicieuse remarque. J’ai corrigé ce point dans
http://dossierranucci.org/phpBB2/viewto ... 9619#19619 . La version actuelle ne comporte ni bâillon, ni lien.
Citation :
Dans ce cas, il n'est pas innocent, mais complice du rapt (il fait le guet) et de meurtre d'enfant (il connait les intentions de son complice et ne fait rien pour aller contre) : en clair, il risque gros et même très gros.
C’est correct. Je prétends que le fait d’être guetteur-chauffeur du kidnappeur fait de lui un complice de ce qui allait devenir plus tard un meurtre. Mais dans son esprit, selon moi, il n’a jamais été question de meurtre, pas dans la tête de Ranucci, en tout cas. Peut-être que l’autre lui a dit : « Ecoute, Christian, j’ai besoin d’un service. Il y a un type là-bas qui me doit de l’argent et il ne veut pas me le rendre. Alors, je vais lui faire un peu peur en lui ‘empruntant’ sa fille pendant quelques heures. J’aurai juste besoin de ta voiture pendant une heure, le lundi 3 juin. Je m’occupe de tout. C’est moi qui m’occupe de la fille, toi tu fais juste le guet. Si ça se passe mal, tu t’éloignes, ni vu ni connu. Ta voiture ne sera même pas dans les parages à ce moment là. Si je réussis à prendre la fille, je l’emmène vers ta bagnole, je la fais monter derrière, elle ne verra jamais ton visage. Moi-même, je me cacherai à l’arrière de ta voiture et on ne fera donc jamais le lien avec toi. Comme on ne dira rien pendant le voyage, elle ne reconnaîtra même pas ta voix. Si on nous arrête en chemin, tu n’as qu’à dire que tu viens de nous prendre en auto-stop et que tu n’es au courant de rien. Ensuite, tu nous déposes, tu rentres chez toi, et c’est terminé. C’EST ABSOLUMENT SANS RISQUE, CHRISTIAN. Tu me dois bien ça, non ? ». A part le côté moral de la chose, évidemment, je trouve personnellement que les risques étaient très limités, pas vous ?
Et vous dites qu’il risquait gros maintenant parce que vous connaissez la fin de l’histoire, mais avouez que, dans son esprit, il n’y avait aucune raison de prévoir l’accident, l’enlisement, les Aubert … et ensuite bien entendu le fait qu’on le condamne si sévèrement.
Citation :
Le fait de se faire remarquer quelques jours avant ne colle pas avec le plan général de ne pas eveiller les soupçons. De plus, il est dit qu'un des satyres se fait toucher le sexe par des enfants, ce qui ruine complètement cette hypothèse de l'entrainement et du mobile de l'argent.
Qui a dit que homme au pull over-rouge était soucieux de ne pas éveiller les soupçons ? Pas dans ma version, en tout cas. Tout se passe comme s’il s’en foutait, au contraire. Sinon, pourquoi mettrait-il ce pull-over ridicule ? Soit il se sent protégé pour une raison ou un autre, il est complètement à la masse ou il compte partir à l’étranger bientôt, ou les trois, mais lui, ne tient pas à rester discret, au contraire ! C’est RANUCCI qui insiste pour rester discret et qui bosse à Nice le lendemain, pas homme au pull over-rouge.
Citation :
homme au pull over-rouge qui cache l’enfant en se couchant sur elle pour ne pas être vu des autres automobilistes.
Cela ne tient pas : personne ne voit 2 adultes dans la 304 (surtout que l'HPR serait plus grand que Ranucci au vu de la taille du pull) et cela va contre les temoignages des Aubert qui entendent une enfant plutôt calme : or, si Maria avait été ecrasée par l'HPR, elle aurait forcément paniqué.
Pour le fait qu’on puisse dissimuler quelqu’un sur la banquette arrière de sa voiture, même Ranucci l’admet. Voir :
http://dossierranucci.org/phpBB2/viewto ... 9619#19619 .
Ceci dit, oui, la fillette était paniquée. Et selon moi, les Aubert n’ont jamais entendu la voix de la fillette. Ils ont entendu Ranucci demander à homme au pull over-rouge : « Qu’est-ce qu’on fait ? Où va-t’on? »
Citation :
Impossible que les Aubert ne le voit pas puisqu'ils réussissent à l'identifier lors de la parade.
Ce dernier point est contesté, mais admettons que ça soit le cas : ils l’ont reconnu lors de la parade. Les Aubert ont vu le visage de Ranucci au cours de l’accident, et ensuite le dos d’un homme (homme au pull over-rouge selon moi) grimpant dans les buissons, quelques secondes plus tard, sortant de la même voiture. C’est évident qu’ils ont privilegie le visage au dos (le tapissage s'est fait de face, je suppose!), d'autant plus qu'ils pensaient que c'etait le même homme. Mettez-vous à leur place !
Il y a plus. Ce que je sais de l'affaire laisse supposer que les Aubert ont peut-être hésité avant de reconnaître Ranucci, et qu'ils ne l'ont pas reconnu immédiatement. Selon certains, ils ne l'auraient même pas reconnu au tapissage, mais plus tard, juste avant la fin de la garde à vue, quand les policiers leur ont un peu forcé la main. "Ce salopard refuse d'avouer. On sait que c'est lui. Tout dépend de vous. Vous etes un bon citoyen, n'est-ce pas, Monsieur Aubert?". Pour comprendre ce qui s'est passé, jouons à un petit jeu, voulez vous ? Vous êtes infirmier stagiaire dans un hôpital psychiatrique. C’est votre premier jour de travail. Vous êtes chargé de surveiller les malades, dont certains sont dépressifs. Dépressifs au point qu’on risque qu’ils fassent des bêtises, même quand ils vont aux toilettes. Une de vos tâches consiste donc, quand un malade va aux toilettes, de l’y enfermer, et de rouvrir la porte toutes les deux minutes, pour voir que tout se passe bien. Vous avez compris votre travail ? Parfait. Bon, allons-y. Justement, un malade est déjà aux toilettes. On vous donne la clef, vous ouvrez la porte des toilettes et vous voyez un gars assis. Bon, Vous ne vous éternisez pas, vous fermez la porte à clef, vous vous éloignez et vous revenez deux minutes plus tard. Vous ouvrez la porte. Le gars a terminé ce qu’il doit faire, il est debout et vous le voyez de dos : il a terminé ce qu’il devait faire et il est en train de s’habiller. Vous refermez la porte. Terminé. C’est l’heure du déjeuner, quelqu’un d’autre vient vous remplacer. Deux jours plus tard, on apprend qu’on a commis un meurtre au sein de l’établissement. Pour une raison quelconque, on vous dit que c’est possible que ce soit le gars des toilettes et on vous demande de l’identifier. Comme vous avez vu son visage, vous allez le reconnaître sans problème, même s’il y a quelque chose qui choque dans le gars qu’on vous présente. Qu'est-ce qui choque? Rien de spécial, c'est juste un peu bizarre. Quand vous l’aviez vu pour la seconde fois, de dos, dans les toilettes, deux jours auparavant, il vous semblait bien un peu plus grand que le gars qu’on vous présente; les cheveux dans la nuque etaient peut-être différents, de dos, vous n’aviez pas remarqué les branches de ses lunettes, alors que quand vous l’aviez vu pour la première fois, c’est certain, il portait de grosses lunettes …Enfin, pour son visage, il n’y a pas de doute. Vous êtes formel. C’est bien lui. L'affaire est dans le sac. Et vous n'en démordrez plus jamais. Affaire classee dans votre esprit.
Supposons maintenant, que, trente ans après, on vous raconte qu’on vous avait, en réalité, fait une blague à l’époque : les toilettes avaient une porte dérobée dans le fond, et on a subtilisé, entre vos deux visites, le premier gars par un autre, beaucoup plus grand, plus âgé, sans lunettes, dix ans plus vieux … Ce n’est que si l’on vous
prouve qu’il y a bien substitution que vous comprenez enfin pourquoi vous avez été un peu mal à l’aise lors de l’identification; il y a 30 ans. Pour les Aubert, pareil. Ils ont été troublés, parce qu’ils ont vu deux types différents alors qu’ils etaient certains qu’il n’y avait qu’un seul homme. Normal, que le tapissage ait été un peu laborieux.
Citation :
Cela ne colle pas : les Aubert font une différence entre la vox fluette de l'enfant et celle de Ranucci leur disant "Je reviens".
Ma voix n’est pas la même quand je chuchote à ma femme dans la chambre « qu’est-ce qu’on fait ce soir, chérie ? » et quand je suis au stade en train de gueuler « Aux chiottes l’arbitre ». La vôtre, si ? De plus, il était convenu que Ranucci ne prononce aucune parole pendant tout le trajet, pour que la fillette ne puisse pas reconnaître sa voix plus tard, si ça tournait mal. Ranucci n’avait donc pas ouvert la bouche depuis un long moment. Vous croyez que la voix de Charles Aznavour, telle que vous l’entendez le soir à l’Olympia est la même que celle qu’il a quand il se lève le matin, vous ?
De plus, si vous y avez pensé, Ranucci y a certainement pensé aussi. Il a pris une voix plus grave la seconde fois, voilà tout.
Enfin, c’est peut-être homme au pull over-rouge (et non Ranucci) qui s’est adressé aux Aubert la seconde fois.
Citation :
Pourquoi l'HPR tue l'enfant si elle a vu Ranucci? Quel intérêt a-t-il à le faire?
Vous le faites exprès, ou quoi ? L’enfant a TOUJOURS vu homme au pull over-rouge, et son frère aussi, et Spinelli, aussi. Le fait nouveau est certes qu’elle vient de voir en plus Ranucci, mais surtout, que homme au pull over-rouge et Ranucci sont à présent persuadés que les Aubert ont fait un lien entre la fillette qu’ils viennent de voir et l’annonce de la disparition que, dans l’esprit de homme au pull over-rouge et Ranucci, les Aubert viennent d’entendre à la radio. Les Aubert ont le signalement de la voiture de Ranucci. Si elle vit, ils sont foutus tous les deux. Forcément que si on retrouve la petite vivante un jour, on la mettra en présence de Ranucci, le propriétaire du véhicule. Il faut l’éliminer. Maintenant ou dans vingt ans, mais elle doit mourir. De plus, les flics vont débarquer d’un moment à l’autre. Des barrages sont dressés sur les routes. Impossible de les franchir avec une fillette vivante ! Il n’y a pas de temps à perdre. Il FAUT s'en débarrasser.
Citation :
Le rapport du Dr Vuillet note d'"importantes tâches de sang"..
Ben oui, le docteur Vuillet note et Ranucci a noté autre chose, Voilà tout. Que voulez-vous que je vous dise ? Il n’a pas remarqué le sang. Moi non plus, d’ailleurs, sur les photographies que j’ai vues. C'est une erreur, Ranucci a commis une erreur.
Ceci dit, je vais vous raconter une anecdote. Il y a trois mois, j’ai acheté une chemise à l’aéroport d’Amsterdam, je suis rentré chez moi dans la Drôme avec cette chemise sur le dos en passant par Nice et c’est en arrivant chez moi que ma femme a remarqué que j’avais oublié de faire enlever l’antivol de la chemise: un énorme disque blanc dans le dos! Pareil pour Ranucci : il avait son pantalon couvert de boue et il n’a pas remarqué qu’il y avait un peu de sang en plus. Le Dr. Vuillet, dans son labo, détendu, bien au chaud, non stressé, reposé, aidé par un bon éclairage, 15 ans de formation et 30 ans d'activité dans ce domaine, a précautionneusement enlevé la boue de manière professionnelle pour faire apparaître le sang. Ranucci n'a pas travaille comme ça: Ranucci, lui, du fond de sa sombre galerie, stressé, fatigué, du haut de ses 20 ans, a vérifié son pantalon: selon lui, de la boue, pas de sang. « C’est bon. Je vais le garder. Encore une chose de moins à devoir expliquer à ma mère quand je rentrerai. Je ;'entends deja 'Mon fils, comment as-tu fait pour perdre ton pantalon ???' Et puis, ces taches de boue me permettront d’expliquer aux flics comment je me taché en changeant la roue de ma voiture. S’ils ne trouvent pas de pantalon sale, ça ne collera pas avec mon récit. »
Pour moi, Ranucci était de bonne foi quand on lui a dit qu’il y avait du sang sur son pantalon. Etonnement feint ou réel (difficile de savoir avec lui), mais il avait l’air de tomber des nues selon tous les témoignages pendant sa garde à vue en tout cas.
Selon Ranucci, il n’y avoir d’ailleurs aucune raison qu’il y ait du sang sur son pantalon. Peut-être même s’est-il posé la question jusqu'à sa mort. « Comment diable ce sang est-il parvenu sur ce pantalon ? » Peut-être en enterrant la fillette, ou par contact avec homme au pull over-rouge qui, lui, était couvert de sang. Je ne sais pas. Et lui non plus, probablement.
Citation :
Vous butez à mon avis sur le même problème que les autres thèses innocentistes : d'où sors le pull-over rouge puisque personne n'identifie un ravisseur habillé d'un pull-over rouge et que la journée du 03/06 est chaude et n'explique donc pas le port d'un pull au cours de la matinée entre le rapt et la galerie.
La journée était peut-être chaude, mais le temps était variable comme le commandant Bouladou le démontre de manière magistrale dans le chapitre où il explique comment une croûte s’est formée dans le tas de fumier qui cachait le couteau. Le gars avait bien le droit d’emporter son pull-over dans la voiture de Ranucci pour se rendre à l’endroit où il comptait cacher la petite, non ? Et puis, je n’ai jamais dit qu’il le portait SUR LUI entre le rapt et la galerie.
Citation :
Pourquoi ne dénonce t-il pas l'HPR à ce moment là? De toutes façons, il est condamné à mort, donc ca ne pourra pas être pire.
Voir:
http://dossierranucci.org/phpBB2/viewto ... 9280#19280 et en particulier les derniers paragraphes. Ranucci n’a JAMAIS réalisé qu’il allait être condamné à mort, jusqu'à la dernière seconde. « Ils sont fous » Et apres, il n’a JAMAIS réalisé qu’il allait être guillotiné « Qu’est-ce qu’ils ont été dire à Giscard ? » Tous les témoignages concordent. Tous. Au procès, il était certain d’être acquitté. « Je n’ai pas tué, ce n’est pas à moi de prouver mon innocence, mais à la justice de prouver ma culpabilité. Ils ne peuvent que m’acquitter. Après le procès, je suis libre. Au contraire, si j’avoue avoir été le complice d’un rapt d’enfant suivi d’un meurtre, je finirai ma vie derrière les barreaux ».
A sa place, j’aurais peut-être fait le même choix. Mais je crois que ce n’était même pas un choix pour lui. Vous savez, ce n’est pas drôle, la prison. Particulièrement à 20 ans. Il n’était pas lucide (sinon comment expliquer cette stupide histoire de barbe blanche dans son bouquin, par exemple), mais même s’il avait été lucide, quand on est dans ce genre de prison, à 20 ans, on ne peut attendre de vous que vous signiez des aveux prouvant votre complicité dans une histoire qui vous garantit au moins 30 ans de plus entre ces quatre murs. Appelez ça un suicide inconscient, si vous voulez, mais c’est le contraire de ce que vous dites: c’est rester dans cette prison trente ans de plus qui ne pouvait pas « être pire » pour Ranucci.
Ai-je répondu suffisamment à vos questions ?