voilà la première partie de notre visite sur les lieux...
Premier épisode : visite au cimetière de Saint-Véran
Samedi 11 juillet, vers 15 heures. Nous arrivons à Avignon. Direction : le cimetière Saint-Véran. Nous savons où est située la tombe de Christian Ranucci : carré n°4. Mais nous décidons d’attaquer bille en tête le gardien, de le « tester ».
- Bonjour monsieur. Nous souhaitons nous recueillir sur la tombe de Christian Ranucci. Pouvez nous nous indiquer son emplacement ?
- Je n’ai pas le droit de vous le dire, nous répond il. Demande de la famille, notamment de sa mère qui ne veut pas que des gens ayant de mauvaises intentions viennent la détériorer. Demande de la famille via ses avocats, nous répète t-il.
Nous lui parlons alors de cette plaque laissée sur la pierre tombale par on ne sait qui dont le message peut laisser libre cours à toute interprétation. Le gardien semble acquiescer et pleinement informé de la présence de cette plaque. Et subitement, voilà qu’il nous dit : « Allez chez le fleuriste. Peut être vous dira t-il… »
Hypocritement, nous le remercions du tuyau. Cinq minutes plus tard, pendant que madame la fleuriste coupe les quelques roses blanches que nous avons achetées, nous lui posons la question : savez vous où se situe la tombe de Christian Ranucci ?
- Je ne sais plus, nous répond elle. Mais mon mari, qui est en livraison, sait. Bougez pas, je vais lui téléphoner.
Madame la fleuriste téléphone à son mari et lui pose la question. Même réponse que le gardien dans un premier temps. Et, à cet instant, nous faisons comprendre à la fleuriste que nous voulons simplement une confirmation : carré n°4 ? Et le mari confirme.
Le temps pour elle de finir de préparer le bouquet et monsieur rentre de sa tournée. Nous discutons également avec lui. Il semble qu’il trouve cette omerta ridicule. Spontanément, il dessine un plan du cimetière, le carré n°4 et l’emplacement approximatif de la tombe. Nous le remercions. Pour finir, voilà qu’il nous dit qu’on peut revenir le voir si on ne la trouve pas. Nous sortons de chez eux en nous disant que monsieur et madame la fleuriste forment un couple sympathique.
Le gardien du cimetière nous voit revenir avec les roses blanches. Spontanément, voilà qu’il nous dit : « Puisque je vois que vous n’êtes pas animés de mauvaises intentions, je vais vous y conduire » Et nous embarquons dans sa voiturette. Pendant le trajet qui est assez court, il nous dit qu’il est favorable à la peine de mort mais qu’il estime que Ranucci ne méritait pas le sort qui lui fut réservé ; qu’il a payé très lourdement pour ce qu’il a fait, qu’il faut le laisser reposer en paix, d’où sa vigilance du début à notre encontre, ne connaissant pas nos intentions. Il nous lâche aussi que Madame Mathon ne vient quasiment plus sur la tombe de son fils ; qu’il travaille ici depuis six ans et qu’il ne l’a jamais vue ; qu’à chaque fois qu’il y a une émission à la télévision, la semaine qui suit, de nombreux visiteurs (en tous cas, beaucoup plus que d’habitude) viennent et leur demandent où est la tombe de Christian Ranucci.
Puis, nous arrivons sur les lieux. Le gardien nous montre la tombe et nous prévient qu’il va rester en retrait pour nous surveiller ( !!!!) « Et surtout, pas de photos ! », nous lâche t-il. Bien que nous ayons l’étrange impression d’être « encadré », nous restons calmes. Nous oublions sans mal sa présence car le moment, dois je le reconnaître, est assez intense. Christian Ranucci est là, qui repose en paix, à quelques centimètres de nous.
Vingt minutes plus tard, après nous avoir fait une petite visite gratuinte et ramenés à l’entrée du cimetière, nous sommes à nouveau « libres ». Nous refaisons alors un « tour » et revenons sur la tombe de qui vous savez, seuls cette fois ci.
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