Citation :
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Si la commotion cérébrale a joué un rôle, à l'époque, les moyens n'existaient pas pour la diagnostiquer.
Même si les moyens avaient existé, ils n'auraient pas été employés. Sur ce point la critique de Perrault est on ne peut plus juste. Les expertises psychologiques et psychiatriques ne se sont pas faites dans le but de comprendre le psychisme de Ranucci sinon dans celui d'étayer l'accusation.
Ce vice de procédure et manquement à l'éthique de la mèdecine reste d'actualité aujourd'hui. C'est d'ailleurs, pour moi, le grand intérêt qu'il y a à décortiquer cette affaire. Localiser les vices qui ont conduit à cette aberration de procédure et voir s'ils persistent aujourd'hui. Je relève pour ma part, comme particulièrement secoués les principes suivants :
- la présomption d'innocence (à tous les niveaux, bafouée par la procédure, la presse et la société dans sa globalité, politiciens, opinion publique, etc...)
- la charge de la preuve à l'accusation (elle invente l'accusation et laisse le soin à la défense de prouver le contraire)
- les droits civiques (une baffe est une baffe et est déjà intolérable. Pourquoi ? Pas par humanisme non, pas la peine d'aller si loin. Juste parce que celui qui prend une baffe peut se sentir dans le droit de la rendre et que se passerait-il dans ce cas ? Comment termine l'affaire ?)
- le doute profite à la défense (bien sûr qu'il n'y avait aucun doute pour les jurés et la sentence est donc conforme au Droit EN CE QUI LES CONCERNE. Mais justement cette absence de doute fut artificiellement provoquée par les manipulations frauduleuses de l'accusation, trompant les jurés à l'heure d'acquérir l'intime conviction qui leur est demandée. Si condamner dans le doute est condamner à tort, escamoter les éléments de doutes aux jurés est un crime judiciaire qui conduit à condamner à tort donc à l'erreur judiciaire QUEL QUE SOIT LE DEGRÉ DE CULPABILITÉ DE L"ACCUSÉ puisque celui est inconnu avant la sentence. C'est justement l'intime conviction des jurés, celle qui est chargée de définir ce degré).
Il y a d'autres principes sévèrement secoué dans cette affaire, ceux que j'ai cité me semblent les plus importants. Le grave problème de tout cela aujourd'hui est, à mon avis, que la problématique particulière que pose la peine de mort cache l'important qui est l'oubli progressif des grands principes du Droit et de ce à quoi ils servent.