Rien dans les aveux ne correspond véritablement aux constatations. Le scénario était mauvais, il reste mauvais. Le problème c'est que l'affaire était plus compliquée que les enquêteurs ne voulaient l'imaginer.
Mais quand on lit les aveux attentivement, on s'éclate de rire tellement c'est bête. Dire qu'on a envoyé un type se faire couper la tête sur de pareilles bétises. On pleure.
Pour l'enlèvement, le gag, parce que c'en est un, c'est que les policiers à cet instant ont dans la tête la portière bloquée. Ils ont oublié, comme Ranucci, que le rapt avait lieu avant l'accident !
Donc ils font dire à Christian Ranucci qu'il soulève le siège passager, et qu'il met la petite fille à l'arrière parce que sinon, il ne pourrait pas monter lui-même ! Gag !
Mais c'est même encore plus tordu. On lui fait dire d'abord : "je suis monté le premier dans la voiture," Ben oui parce que comme la portière est bloquée, il faudrait qu'il monte en premier, puisqu'il doit passer par le côté passager.
Buster Keaton je vous dis.
A l'époque, comme il n'y a pas d'ordinateur, on ne peut pas corriger, il faudrait tout barrer ou tout recommencer.
Mais cette phrase est idiote : en fait s'il l'enlève, il doit la faire monter d'abord, puis monter lui-même et fermer la porte. Sinon ce n'est plus un enlèvement.
Alors on lui fait dire après: "je lui ai rabattu le siège avant et la petite a pris place à l'arrière." C'est mieux, mais merde, ça ne va pas avec le bout de phrase précédent. Pourquoi monter en premier si la gamine doit passer à l'arrière ? Ce n'est pas logique. S'il monte en premier, la gamine peut rester à l'avant. S'il monte en dernier la gamine doit monter à l'arrière.
Vous suivez ?
Les enquêteurs sont fiers d'eux, donc ils font dire à Christian Ranucci : "Je précise que la porte côté conducteur de ma voiture est bloquée, ce qui m'a obligé à monter moi-même par le côté passager."
Et puis, ces Fangio de l'aveu ont dû réfléchir à ce que disait Ranucci, lui effectivement, il montait dans sa voiture comme ça depuis le lundi soir, ils se sont dis merde. La porte n'était pas bloquée !
Zut de zut de zut. La bourde !!!!
Alors, ils corrigent sans façon, mais ne reprennent pas la scène d'avant parce que sinon, on verrait que c'est du trafficotage : "Je me trompe, la porte n'était pas bloquée à ce moment là, je suis monté par le côté gauche." !!!!
Oui mais alors, quid de la petite ? Pourquoi est-elle montée à l'arrière ?
Bon sang mais c'est bien sûr commissaire Bourrel ! La porte n'était pas bloquée. Donc la petite est montée à l'arrière. C'est logique.
Évidemment, cela en dit long sur la pertinence des aveux: si Ranucci avait véritablement vécu la scène de l'enlèvement, il ne se serait pas trompé sur l'état de sa voiture à ce moment là. Mais on lui fait raconter une scène qui est tout droit sortie de l'imagination policière. C'est à craindre.
C'est lamentable, il n'y a pas d'autre mot.
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