Citation :
Citation :
Et si il est innocent, pourquoi ne l'a t-il pas toute dite ?
Si j’ai bien compris la thèse de Gihel, Ranucci a été tellement traumatisé par sa rencontre orageuse avec son père qu’il ne veut pas en parler, même la tête sur le billot. Et on sait de source sure que Ranucci a effectivement eu cette discussion orageuse avec son père par le témoignage d’Antoinette, la seconde épouse de Jean Rambla, qui déclare que Ranucci … a trouvé porte close lorsqu’il s’est rendu chez son père et que « Christian est donc reparti ». Comprenne qui peut …
Cela peut peut-être s'expliquer, il suffit de réfléchir deux minutes et on comprend ce qui se passe.
- premier élément : pourquoi Ranucci se trouve à 12h15 sur cette route ?
réponse : il est possible qu'il revienne d'Allauch, car c'est la route pour retourner à Nice depuis Allauch.
-deuxième élément : Mme Mathon indique que son fils était susceptible d'aller voir son père à Allauch, ce qu'elle dit aux enquêteurs durant l'instruction et, comme de bien entendu, la juge Ilda di Marino n'en tient surtout pas compte.
Mme Mathon précisera plus tard à Gilles Perrault qu'elle a trouvé un jour une lettre de Christian à son père qu'il n'avait pas envoyé et dans laquelle il disait qu'il regrettait de ne pas l'avoir connu.
- troisième élément : lorsque l'on interroge le père, il déclare à Alessandra : mon fils, je ne connais même plus son visage et je ne veux pas en entendre parler. Or il ment, il ne peut pas ne pas connaître son visage puisqu'il trône dans tous les journaux en vente dans les kiosques d'Allauch.
Mais imaginez un peu : Ranucci n'ose pas en parler parce qu'il faudrait dire à sa mère qu'il a rompu ce qu'elle avait fait pendant 17 ans : le fuir à tous prix. Et le père, eh bien, il ne donne surtout pas d'alibi à son fils et il le laisse partir à la guillotine.
Qu'est-ce qu'on en déduit : que Ranucci est bien venu voir son père, et pour que le père ne dise rien à Alessandra, c'est que ça s'est vraiment très mal passé. Et ça s'est sans doute mal passé parce que le père a dû provoquer le fils, disant qu'il était du côté de la mère, qu'on le prenait pour un minable, qu'on l'avait fui, que son ex-femme était vraiment une salope et que de toute façon, il n'avait rien à faire de ce fils qui se présente à moitié bourré chez lui. Cela devait être à la fois quelque chose de fort et d'impossible. Et Ranucci est d'autant moins enclin à se défendre qu'il n'a pas dormi et qu'il est confronté à un vide de 17 ans.
Alors vous imaginez la famille Ranucci dans tout ça ? De par sans doute une injonction du père, ils ont laissé le fils partir à la guillotine sans rien dire.
Alors il faut raconter les choses précisément. C'est la tante qui rompt le silence et qui écrit après la parution du livre de Gilles Perrault. Et elle se protège, elle passe pour cela par le père du père de Ranucci : Léopold. C'est Léopold qui dit que la seconde femme de Jean Ranucci, Antoinette aurait reçu Ranucci à sa porte et lui aurait répondu qu'il n'était pas là et qu'alors Ranucci serait reparti.
Antoinette nie cette visite. Ben cette femme visiblement fait un gros mensonge. Et pourquoi elle ment ? Ben peut-être qu'elle se rend compte que si elle avait parlé, le fils serait encore vivant. Eh oui.
Vous ne voulez tout de même pas qu'elle vous dise : oui il est venu et on a rien dit parce que mon mari estimait que sa trahison lui valait la guillotine.
De même, on sait que ce qu'elle dit à Leopold est aussi un gros mensonge parce que Le Bruchec a vérifié les feuilles de paie, Jean Ranucci ne travaillait pas ce jour là... Donc il était bien présent à son domicile, et le péèr et le fils se sont parlés.
Une fois que la guillotine est tombée, il sont coincés dans leur silence. C'est comme les Aubert, il ne sert à rien d'essayer quoi que ce soit, la connerie qu'ils ont faite est tellement grosse, qu'ils vont faire comme si ils pouvaient croire à leurs incohérences, jusqu'à prétendre qu'ils n'ont pas parlé aux gendarmes alors que leurs dépositions figurent dans les mains courantes,
jusque dans la tombe dit Alain Aubert. He oui, touce beau monde est devenu un assassin par raccroc, ce n'est pas facile à vivre.
Une dernière chose : les phrases mystérieuses que Ranucci dit à Guazzone pour moi se rapportent à cela : "je lui ferai payer ça, et le reste..."
Pour moi, il parle de son père et de cette entrevue orageuse dont il ne vous dira jamais rien par ailleurs. Le reste : c'est la fuite de la mère pendant 17 ans...
"cela m'arrive toujours quand je suis seul." : cela ne pouvait pas m'arriver si ma mère m'avait accompagné, car alors je ne serais pas allé voir mon père.
Au moment de l'exécution, Jean-François Le Forsonney croit voir un regard de défi, et je pense qu'il devait aussi songer à ce moment là au combat secret qu'il menait contre son père, leurs silences respectifs les conduisaient tous les deux à la plus terrible des tragédies. Ranucci est en quelque sorte mort pour donner raison à sa mère.
Même Shakespeare n'aurait pas oser inventer cela.