Citation :
On ne décide rien du tout. C'est un fait qu'ils ne reconnaissent Ranucci que lorsqu'on leur présente l'individu seul à seul. (...) c'est un fait qu'ils ne parlent pas d'enfant avant d'être en contact avec le commissaire Alessandra.
Sur le fait que les Aubert ne reconnaissent pas Ranucci lors du tapissage, je ne le conteste pas. Le problème c'est que si on lit Perrault et les sites consacrés à l'affaire, c'est à ce moment là (le 6 avant les aveux) qu'on situe le glissement entre "j'ai vu un paquet" et "j'ai vu un enfant". Et le lecteur d'en conclure : a ce moment (le tapissage qui ne donne rien) la police qui a déjà annoncée qu'elle tenait le coupable est dans une merde noire car plus rien ne relie Ranucci ni au pull over rouge, ni à l'enlèvement, ni au meurtre. Ranucci n'est plus coupable que d'un délit de fuite et éventuellement de s'être enfui à proximité du Lieu du crime ce qui peut très bien n'être qu'une coïncidence. Ils ont certes un pantalon avec des petites tâches de sang et un gars avec les mains griffés par des ronces, éléments qui peuvent prêter à suspicion mais qui sont loin d'être des preuves accablantes. Donc, pour faire un lien indiscutable entre Ranucci et le meurtre, la police va suborner les Aubert pour leur faire dire qu'ils ont vu une fillette, d'ou le paquet qui se transforme en fillette, puis l'épisode de la voix fluette pour éviter qu'on leur reproche de n'être pas intervenu.
Si tout c'était réellement passé comme cela, je suis d'accord, je n'aurais rien à dire tellement la manip' parait évidente.
Mais ce n'est pas le cas. ça c'est une hypothèse défendue par ceux qui veulent prouver que ranucci est innocent et qu'ils présentent comme une certitude alors que certains faits la contredisent.
Perrault dit que l'avantage de la médiatisation, c'est que la presse garde une mémoire et qu'elle permet de connaitre des éléments qui ne figurent pas dans le dossier. C'est vrai, sans la presse, personne n'aurait su que la confrontation Aubert/Ranucci avait échouée une première fois avant d'être concluante une deuxième, en tête à tête ce qui jette un doute certain sur le fait que les Aubert ait vu une scène tellement précise. Seulement c'est bien joli de dire que la presse a une mémoire, mais il faudrait être honnête et rajouter aussi que selon les articles qu'on décide de mettre en avant, la mémoire de la presse est sélective ! . Parce que si on lit la presse on s'aperçoit que les Aubert parlaient déjà d'une fillette le 5. Et ça, c'est pas du tout pareil que d'en parler le 6 ! Parce que ça présuppose que s'il y a eu subornation, elle a eu lieu avant que la police se retrouve le dos au mur, a une période ou elle était convaincue que tout le monde reconnaitrait Ranucci. Autrement dit ça rend la nécessité de la subornation caduque et l'existence d'un trucage incertain (du moins pour le coup du "paquet qui devient fillette", pour ce qui est de "la voix fluette pas du tout effrayée", là faut quand même pas pousser, je suis bien d'accord !).
Si on rajoute le fait que dans sa déposition enregistrée après le début des aveux, M Martinez déclare que les Aubert lui ont dit qu'il y avait peut-être un enfant à bord (déposition qu'on se garde bien de citer dans le livre de Perrault et sur les sites consacrés à l'affaire), ça va encore moins dans le sens d'une manipulation policière, sauf à considérer qu'on a fait dire également n'importe quoi à M Martinez et ce, sans raison puisque le suspect est en train d'avouer et alors même que ça corrobore le fait que M Martinez ait prévenu la gendarmerie le 5 pour dire "une enfant aurait pu se trouver à bord".
Citation :
Et c'est une déduction assez logique qui conduit à penser que la personne qu'ils ont aperçu dans les fourrés ne pouvait pas être Ranucci.
La logique de cette déduction m'échappe un peu à partir du moment où les Aubert on vu quelqu'un s'échapper d'une voiture et que le n° de la voiture correspond à celle de Ranucci. Même s'ils n'ont pas identifié Ranucci, car il n'ont vu à mon humble avis qu'une scène peu précise (un homme de loin avec une forme blanche qui pouvait être un enfant), il est difficile de croire que ce soit quelqu'un d'autre qui sortait de sa voiture.
Citation :
Donc non quand même on ne peut pas transformer des gens qui ont un doute et parce qu'ils ont un sérieux doute, considèrent que ce qui est arrivé à Ranucci est, de toute façon innacceptable, qu'on serait insensible aux arguments, qu'on ne raisonnerait pas. Ce n'est pas totalement vrai.
je suis d'accord à 100%. Ce qui est arrivé à Ranucci est de toutes façons inacceptable et la justice a gravement déconné. Quand bien même Ranucci fut coupable ou impliqué dans ce meurtre horrible, ça ne justifie pas les défaillances graves de l'enquête, de l'instuction et du procès (je pense spécialement à l'appel à témon de Nice. Comment peut-on accepter ces méthodes de la part d'un juge d'instruction ?). Mais est-ce parce que Ranucci n'a eu affaire qu'à une justice qui n'a jamais rien voulu envisager d'autre que sa culpabilité que cela en fait pour autant un innocent au coeur pur ? je ne le pense pas. Il y a quand même des éléments à charges dans ce dossier qui vont largement à l'encontre de son innocence. Alors certes, on peut les démonter un à un et s'apercevoir que sur chacun d'eux pèse un doute, mais on peut tout aussi bien démonter de la même manière les éléments qui semblent l'innocenter.
Evidemment, je vois où est le problème. On aimerait bien que la justice reconnaisse ses fautes et dise "je n'ai pas été sérieuse, il y avait des doutes qui auraient dû être levés, ou au moins profiter à l'accusé il y avait des preuves qui n'en étaient pas et j'ai coupé une tête un peu vite". Seulement ça ne marche pas comme ça. Pour que la justice reconnaisse ses erreurs, il faut une révision, et une révision dans un cas comme celui là ça veut dire "ranucci innocent". Or dans l'état actuel des choses, on ne pas établir l'innocence de Ranucci sans s'arranger avec les faits autrement dit sans tomber dans les mêmes travers que ceux qui l'ont condamnés autrefois. Et ça ce n'est pas satisfaisant.