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Bonsoir à tous.
J'ajoute à toutes ces théories sur l'affaire Gallardo que dans la mesure où Valéry Giscard d'Estaing refuse de s'exprimer sur le sujet, il n'y a que Me Lombard pour nous dire qu'il était persuadué d'avoir convaincu le président lors de son entretien... Hors, rien ne démontre que l'avocat ait été efficace. Et vu la tournure de la procédure, j'aurai plutôt tendance à croire le contraire.
Je ne suis pas spécialiste en droit, mais la position de Me Lombard au procès a été pour le moins déroutante. Si il a gardé la même ligne de conduite face au président de la République, alors il y a des questions à se poser.
On peut en effet se poser des questions, mais n'a-t-il pas également été influencé par l'affaire du Pradet, par les lettres d'appui des magistrats et par la lettre de Mme Rambla qui demandait que justice soit faite...? Et il est probablement évident que les avocats auraient dû y aller ensemble.
Bonjour Chantal, ce qui rend la thèse de l'innocence si improbable pour certains, on le doit certainement à l'analyse faite de cette affaire.
D'un côté, les méchants (enquêteurs, témoins, juge, président, jurés, Valéry Giscard d'Estaing) et de l'autre les gentils (Me Lombard et Leforsonney, Ranucci) qui ont fait un boulot super top.
Seul Me Leforsonney semble reconnaître qu'ils n'ont pas été bons du tout. Vous qui êtes dans le droit, je pense qu'il y avait, au-delà du débat sur la peine de mort, plusieurs angles pour argumenter la grâce de Ranucci.
Le travail effectué par la défense a été marqué par un manque de consistance et d'efficacité. On reproche M. Viala d'avoir demansé la peine de mort, les jurés de l'avoir ratifiée, Valéry Giscard d'Estaing de l'avoir enterrinée, mais personne ne dit à Me Lombard qu'il est passé à côté de sa fonction durant l'ensemble de la procédure.
Il est logique que Mme Rambla écrive au Président, il peut sembler compréhensible que des magistrats donnent leur opinion. Mais le Président est le seul capable de trancher. Est-ce qu'il l'aurait fait si il avait un doute, un seul, sur la culpabilité de Ranucci?
Pour moi c'est un mythe, comme il est mythique de croire que parce que Ranucci aurait reconnu une quleconque culpabilité, il aurait sauvé sa tête. On n'était pas dans cette phase. Je voudrais vous rappeler le contexte dans lequel se déroule cette affaire : 1968, les accords de Grenelle, pour la première fois les syndicats rentrent dans l'entreprise, conquêtes sociales.
Puis vient le temps de la revanche sociale, grandes concentrations financières, puis prétendue crise pétrolière qui est une autre façon de parler de crise financière. Pour la première fois le chômage de masse apparaît.
1974 Giscard se fait élire en se montrant en photo avec ses filles et en faisant une campagne décontractée, à la Kennedy. Et première politique du gouvernement Chirac : la relance par la consommation. Les chômeurs licenciés pour raison économique touchent 90 % de leur salaire brut pendant un an (ce qui fait un peu plus que leur salaire net ) : bien sûr vous ne travaillez plus, mais vous consommez.
Juillet 1976, la crise s'est installée, ce qu'on appelle la stagflation, l'inflation sans la croissance. La société se replie sur elle-même et on attise les peurs comme aujourd'hui où, depuis lamise en place de l'euro, notre société n'a jamais été aussi réactionnaire par certains côtés.
Quand Ranucci est jugé, la gauche est majoritaire en voix avec un PC à 20 %, c'est le plus haut du programme commun : nationalisations, relance, propositions de lois sociales : retraite à 60 ans, 5 semaines de congés payés comme chez Renault qui l'a expérimenté.
On vient de découvrir les hypermarchés, la consommation à outrance. Et Ranucci arrive dans cette crise, le chômage ne cesse de monter etc...
Quand il entre dans ce tribunal, il est déjà mort, parce que l'époque le veut. Parce que le climat le veut, bientôt Alain Peyrefitte fera voter les lois "sécurité liberté" (tiens cela ne vous rappelle rien ?), et la peine de mort est devenue une arme de ce régime.
L'inflation à l'époque tourne autour de 12 % par an. Et pour la baisser, Raymond Barre propose de réduire le taux de TVA. Je me rappelle sur un livre qui coûtait 20 francs, vous récupériez 20 centimes. C'était censé contenir la hausse des prix. Et le chômage qui grimpe, et qui grimpe.
Georges Séguy : Chirac voit le bout du tunnel parce qu'il confond l'entrée et la sortie. ce n'était pas faux. Plus tard le capitalisme allait étendre son emprise.
NOn je crois que l'on oublie le contexte de cette affaire et le climat qui a entouré ce procès, qui fait que même en plaidant coupable, les jurés l'auraient condamné à mort.
Pour ce qui est de Lombard, il a très bien plaidé, mais personne ne voulait rien entendre, donc personne n'a rien entendu. Les doutes sur le couteau ont été formulés, sur la saisie du pantalon, sur l'existence de l'homme au pull rouge. Et si Viala montre les PV à la fin, c'est bien parce qu'il y a quand même un doute introduit par les défenseurs.
Vouloir parler des avocats en oubliant le contexte (et volontairement j'ai omis Patrick Henry alors qu'à l'époque c'était du délire l'affaire Patrick Henry), c'est se faire une idée de ce procès qui est distordu.
Essayer de défendre quelqu'un quand la foule entière est venue réclamer la mort, sans rien connaître ni comprendre de ce dossier, simplement par pulsion.