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Message non luPosté :07 sept. 2006, 23:59 
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Ceci dit, attention je ne jette absolument pas la pierre sur Jean Rambla :
Il ne pouvait pas faire autrement, il avait 6 ans. On lui présente un tas de bonhommes et on lui demande de reconnaitre le ravisseur. Il dit "non, le monsieur n'est pas là".
Il ne pouvait pas faire plus...
Mais vous savez ce que c'est la conscience (en supposant qu'il soit sûr que le ravisseur n'est pas CR) : j'aurai du en faire plus... dire que c'était pas CR, on aurait peut-être retrouvé ce S..... qui a tué ma soeur ... etc etc...
En faire plus ? Il n'allait pas se mettre à taper du poing sur la table, tout de même. Il a dit que le monsieur n'était pas parmi ceux qu'on lui a présentés. Si Ranucci était innocent, il n'a absolument rien à se reprocher. Il a dit ce qu'il avait à dire.

Le seul remords qu'il doit avoir, c'est de ne pas avoir pu reconnaître Ranucci, car d'après moi, il croit comme son père que Ranucci était l'assassin. Il doit surtout se reprocher d'avoir gobé l'histoire du ravisseur et d'avoir laissé sa soeur toute seule. D'ailleurs, il ne faut pas oublier que l'assassinat de sa soeur doit un peu plus le traumatiser que l'exécution de Ranucci. Et dans le cadre de ce traumatisme, il préfère sûrement croire qu'on a finit par attraper le responsable. Contester ça devant lui, c'est l'empêcher de faire son deuil. C'est pour ça que ça l'agace au plus haut point qu'on en parle, d'après moi.

A la rigueur, trouvez d'abord l'homme au pull-over rouge (s'il existe et s'il n'est pas Ranucci lui-même) avant de lui dire que Ranucci était innocent. Ils ont besoin d'un responsable. C'est comme ça. C'est atroce de ne pas avoir de responsable, et de ne pas savoir, pour des parents.


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Message non luPosté :08 sept. 2006, 00:02 
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Tout aussi atroce que pour une mère de savoir que son fils a été exécuté pour un crime horrible qu'il n'a pas commis.

Le pire pour Mme Mathon, c'est que par ailleurs, elle ne peut même pas porter plainte, elle, pour l'assassinat de son fils.

_________________
http://www.presume-coupable.com


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Message non luPosté :08 sept. 2006, 00:34 
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Marc D. :
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Le seul remords qu'il doit avoir, c'est de ne pas avoir pu reconnaître Ranucci, car d'après moi, il croit comme son père que Ranucci était l'assassin. Il doit surtout se reprocher d'avoir gobé l'histoire du ravisseur et d'avoir laissé sa soeur toute seule. D'ailleurs, il ne faut pas oublier que l'assassinat de sa soeur doit un peu plus le traumatiser que l'exécution de Ranucci. Et dans le cadre de ce traumatisme, il préfère sûrement croire qu'on a finit par attraper le responsable. Contester ça devant lui, c'est l'empêcher de faire son deuil. C'est pour ça que ça l'agace au plus haut point qu'on en parle, d'après moi.
S'il en était ainsi que vous l'estimez, pourquoi ne le dit il pas...

Quand j'écoute et quand je relis cela :

TF1 2004

Maître Juramy : (martelant ses mots) - Il ne faut pas se laisser entraîner par le flot. Il n’y aura pas de révision du procès ; il n’y en aura jamais, jamais ; vous verrez.

M.Rambla : (parlant en même temps que l’avocat) - Pas… il n’y en aura pas…jamais (5 ou 6 fois)

J.Rambla : - Ranucci il est mort, ma sœur elle est morte, basta, voila . Qu’est ce qu’il y a à faire ? Trente ans après qu’est ce que vous voulez faire maintenant ? Qu’est ce que vous voulez faire ? On va…, on va soulever la terre, qu’est ce que ça rapporte ? on va faire de la poussière ? Ca ne sert à rien.


..., je comprends que Jean Rambla prend le contrepied de l'avocat et de son père, qu'il juxtapose la mort de Ranucci et celle de sa soeur, qu'il reste sur sa certitude que Ranucci n'était pas le ravisseur, mais qu'il ne peut que constater qu'il ne sert plus à rien de réviser le jugement de quelqu'un qu'on ne ressuscitera pas .

"Qu'est ce qu'il y a à faire...."


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Message non luPosté :08 sept. 2006, 01:30 
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Citation :
"Qu'est ce qu'il y a à faire...."
Oui, il avoue son impuissance. Mais qu'est-ce qu'il peut y faire, lui ? Il a dit que l'homme au chien noir n'était pas Ranucci. On ne peut tout de même pas le lui reprocher quand on croit celui-ci innocent. Il ne peut rien faire de plus pour Ranucci. Il voudrait bien qu'on laisse son père tranquille, surtout.

Ce qu'il dit n'est pas logique : bien sûr que ça changerait quelque chose de réhabiliter Ranucci et de trouver le véritable assassin de sa soeur. Lui, il ne fait qu'exprimer un agacement, sans pour autant s'exprimer de façon sensée. C'est ultra-classique.

Bon, allez, je vous cite de mémoire une interview de Bernard Laroche :

Journaliste : Que pouvez-vous dire à ceux qui vous croient coupable, et qui menacent de vous tuer ?
Laroche : Ben, que ce n'est pas parce qu'ils me tueraient, que ça ramènerait le petit à la vie.

:shock:

Voilà quelqu'un qui n'a pas trop peur des menaces, visiblement, et qui répond complètement à côté de la plaque si jamais il est innocent. Ce n'est pas pour autant que je le crois coupable. Il raconte n'importe quoi devant des journalistes et une caméra, c'est tout. Comme Jean Rambla.


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Message non luPosté :08 sept. 2006, 03:08 
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Il y a tout de même contre Laroche quelques présomptions et des accusations portées par sa nièce, même si ce ne sont que des présomptions. Ce dont on est sûr c'est qu'il n'a pas pu faire tout tout seul, si jamais il a fait quelque chose.

_________________
L'adn du sang se trouvant sur le pantalon bleu doit être analysé et comparé avec celui de Mme Mathon, c'est notre exigence pour connaître la vérité.


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Message non luPosté :08 sept. 2006, 08:24 
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"Qu'est ce qu'il y a à faire...."
Oui, il avoue son impuissance. Mais qu'est-ce qu'il peut y faire, lui ? Il a dit que l'homme au chien noir n'était pas Ranucci. On ne peut tout de même pas le lui reprocher quand on croit celui-ci innocent. Il ne peut rien faire de plus pour Ranucci. Il voudrait bien qu'on laisse son père tranquille, surtout.

Ce qu'il dit n'est pas logique : bien sûr que ça changerait quelque chose de réhabiliter Ranucci et de trouver le véritable assassin de sa soeur. Lui, il ne fait qu'exprimer un agacement, sans pour autant s'exprimer de façon sensée. C'est ultra-classique.

Bon, allez, je vous cite de mémoire une interview de Bernard Laroche :

Journaliste : Que pouvez-vous dire à ceux qui vous croient coupable, et qui menacent de vous tuer ?
Laroche : Ben, que ce n'est pas parce qu'ils me tueraient, que ça ramènerait le petit à la vie.

:shock:

Voilà quelqu'un qui n'a pas trop peur des menaces, visiblement, et qui répond complètement à côté de la plaque si jamais il est innocent. Ce n'est pas pour autant que je le crois coupable. Il raconte n'importe quoi devant des journalistes et une caméra, c'est tout. Comme Jean Rambla.
Il faut écouter ce que dit Jean Rambla sans l'interpréter en fonction de notre conviction...

Oui, Jean Rambla, dans ce reportage en 2004, refuse l'éventualité de la révision, non pas parce que Ranucci était bien le ravisseur de sa petite soeur, puisqu'il ne revient pas sur le fait qu'il ne l'a pas reconnu, mais parce que ça ne sert à rien ... Le deuil il l'a plutôt bien fait ... ou plutôt les deuils : "Ranucci il est mort, ma sœur elle est morte, basta, voila" .

Oui - Quel sentiment autre peut il exprimer que l'impuissance ? En 74 il a dit ce qu'il en était, avec gravité et sérieux, on ne l'a pas entendu, pas plus en famille qu'ailleurs, alors basta ...

C'est tout sauf n'importe quoi...

Quant aux comparaisons entre personnes, aux biographies comparées,c'est un style littéraire sans valeur démonstrative, chaque personne étant unique. Je parlerai de Laroche sur un fil consacré à l'affaire Grégory, pas ici...

Il est vrai également que beaucoup de personnes à qui je parle de l'affaire Ranucci me disent : "à quoi bon se battre, ca ne le fera pas revenir ..." C'est le café du Commerce...


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Message non luPosté :08 sept. 2006, 08:41 
Tout à fait d'accord avec Webrider

Jean Rambla n'a jamais renié son témoignage de 74

Après tout, il aurait très bien pu dire, qu'il était petit et qu'il s'était surement trompé car il n'avait pas vraiment bien regardé en face le monsieur qui était parti avec sa soeur.

Non il ne l'a jamais dit.

Quand je l'écoute dans ce reportage, je suis même persuadé qu'il est certain de ne pas s'être trompé même 30 ans après.
Et pourtant, j'imagine que son père a du essayer de le convaincre qu'il s'était trompé mais il n'a jamais voulu en démordre.

C'est tout à son honneur.


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Message non luPosté :08 sept. 2006, 09:25 
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Tout à fait d'accord avec Webrider

Jean Rambla n'a jamais renié son témoignage de 74

Après tout, il aurait très bien pu dire, qu'il était petit et qu'il s'était surement trompé car il n'avait pas vraiment bien regardé en face le monsieur qui était parti avec sa soeur.

Non il ne l'a jamais dit.

Quand je l'écoute dans ce reportage, je suis même persuadé qu'il est certain de ne pas s'être trompé même 30 ans après.
Et pourtant, j'imagine que son père a du essayer de le convaincre qu'il s'était trompé mais il n'a jamais voulu en démordre.

C'est tout à son honneur.
Cet honneur qu'on ne lui a jamais rendu, puisque cela supposerait que l'affaire soit révisée...

Je remets pour mémoirel'article de l'express début 2005 qui parle de ce reportage et dans laquelle l'expression de Jean Rambla est déformée ...

On parle dans cete aricle de Jean Rambla à propos de l'affaire dans laquelle il est mis en examen, je le remets en totalité... en soulignant le passage dans lequel ses propos sur TF1 sont modifiés...
Citation :
L'Express du 07/03/2005
Fait divers
La malédiction des Rambla

par Henri Haget

Comment, trente ans après l'assassinat de sa sœur, pour lequel Christian Ranucci a été guillotiné, Jean-Baptiste Rambla est devenu un meurtrier


Au départ, il s'agissait d'un meurtre presque ordinaire. Une femme a disparu, à Marseille, en juillet 2004. Corinne Beidl, 42 ans, dirigeait une société de restauration livrant les plateaux-repas aux équipes de cinéma qui tournaient dans la région. Elle avait de l'énergie à revendre et le cœur sur la main. Tout le monde l'aimait. Désormais, tout le monde la pleure. Le 12 février dernier, on a retrouvé son cadavre, recroquevillé dans un sac de sport, au fond d'un jardinet. Le propriétaire du pavillon, un Marseillais de 37 ans, a reconnu l'avoir étranglée, sept mois plus tôt, à la suite d'un différend professionnel. Il était son employé depuis cinq ans. Il voulait être déclaré mais elle ne le voulait pas. Il ne sait pas ce qui lui a pris. C'est ce qu'il a dit. C'est ce qu'on dit toujours, dans ces cas-là. Un meurtre presque ordinaire. Seulement, voilà: notre homme n'est pas n'importe qui. Il s'appelle Jean-Baptiste Rambla. Il avait 6 ans lorsque Marie-Dolorès, sa sœur aînée, a été enlevée sous ses yeux, à Marseille, sur le parking d'une cité HLM. Christian Ranucci sera condamné à mort et guillotiné, le 28 juillet 1976, pour l'assassinat de la fillette. Trente ans plus tard, certains doutent encore de sa culpabilité. Au cours de sa garde à vue, Jean-Baptiste a murmuré: «Finalement, il aurait mieux fait de nous emmener tous les deux.» Puis il s'est mis à sangloter. Comme quand il n'était qu'un garçonnet et que les policiers l'asticotaient pour lui tirer de maigres indices sur l'enlèvement de sa sœur aînée.

«C'est l'histoire d'un retour de manivelle.
D'une existence bousillé avant d'avoir pu commencer»

C'est l'histoire d'un retour de manivelle. D'une existence bousillée avant d'avoir pu commencer. Ça n'est déjà pas facile de plonger en enfer à l'âge du bac à sable. Ça l'est encore moins lorsque vous comprenez qu'il vous faudra à vie pleurer votre sœur et voir son assassin défendu par ceux qui le croient innocent mais aussi par les abolitionnistes, qui en ont fait leur icône. En classe de cinquième, un jour, Jean-Baptiste Rambla est tombé sur une photo de sa sœur dans son livre de français. A côté, il y avait un texte à apprendre par cœur. Un extrait du best-seller de Gilles Perrault Le Pull-Over rouge, une contre-enquête concluant de manière radicale à l'innocence de Christian Ranucci.

Il n'avait rien pu faire pour la sauver
Pour les Rambla, la thèse de l'erreur judiciaire a toujours résonné comme la deuxième mort de Marie-Dolorès. «Si Ranucci n'était pas coupable, cela signifiait que l'assassin de leur fille était encore en liberté», souligne Me Henri Juramy, avocat de Jean-Baptiste. Une injustice supplémentaire pour cette famille d'immigrés espagnols arrimée à ses principes comme à son chagrin. Aujourd'hui encore, Pierre Rambla, le patriarche, 80 ans, ancien ouvrier boulanger, porte la médaille de sa fillette assassinée en pendentif. Aujourd'hui encore, la lente glissade de son fils nous ramène aux blessures du passé et à l'ambiance de corrida qui présidait en ce temps-là.

Il y eut donc le procès de Christian Ranucci et son exécution, l'une des dernières avant l'abolition de la peine de mort. Il y eut donc le livre de Gilles Perrault, qui, deux ans plus tard, jeta le trouble dans l'opinion publique. A l'époque, pour la famille Rambla, les adversaires de la guillotine et les zélateurs de l'écrivain sont à mettre dans le même sac. Un martyr, Ranucci? Une plaisanterie. Et eux, dans ce tumulte, comment pouvaient-ils faire le deuil de leur fille chérie? Et qui se préoccupait de l'étrange sentiment de culpabilité de Jean-Baptiste, qui avait vu l'assassin mais n'avait rien pu faire pour sauver sa sœur? «On l'a coupé, Ranucci, et qu'est-ce que ça nous donne?» grommela un jour le père Rambla. Gilles Perrault se souvient des premiers temps de l'affaire, quand la famille de Marie-Dolorès «était soutenue par l'émotion de toute une ville et les visites des journalistes». Puis ce fut au tour de l'association Légitime Défense, favorable à la peine de mort, de s'emparer du dossier. On invita Pierre Rambla à se montrer dans le public à l'occasion de différents procès. «Il était devenu la figure symbolique du père dont l'enfant a été assassiné», note Gilles Perrault. Puis l'affaire Ranucci est devenue le vestige d'une époque révolue. Et le silence est retombé sur la famille Rambla. Mais le malheur était toujours là.

Pour l'avocat de Jean-Baptiste Rambla, tout était écrit. Quand il avait 10 ans, on faisait dormir le frère de Marie- Dolorès à coups de tranquillisants. Puis il se mit à soigner sa détresse à l'herbe et au shit. «Ces derniers temps, il avait basculé dans la coke», ajoute Me Juramy. Etudes bancales, petits boulots, peu d'intérêt pour la vie, à part le PMU. Une étincelle l'animait, de temps à autre, quand il ressassait la thèse de la culpabilité de Ranucci devant les caméras de télévision.


En novembre 2004, l'émission Sept à huit, sur TF 1, a traité de l'affaire pour une énième fois. Pierre Rambla et son fils ont accordé un entretien à la réalisatrice Maha Kharra. «C'est surtout le père qui parlait, raconte-t-elle. Il était très véhément. Mais, au bout d'une heure, j'ai eu le sentiment qu'on avait tourné en rond.» A l'écran, il ne reste que quelques minutes de l'interview. On y entend le fils Rambla clore le chapitre Ranucci à sa façon:

«C'est fini. Basta! De toute façon, on ne va pas le sortir de terre...»

(J'ouvre une parenthèse. Comparons avec le texte exact de la bande son :

J.Rambla : - Ranucci il est mort, ma sœur elle est morte, basta, voila . Qu’est ce qu’il y a à faire ? Trente ans après qu’est ce que vous voulez faire maintenant ? Qu’est ce que vous voulez faire ? On va…, on va soulever la terre, qu’est ce que ca rapporte ? on va faire de la poussière ? Ca ne sert à rien.

En changeant les mots on les rend moins explicites... Je ferme la parenthèse )


Le reste du temps, il semble un peu ailleurs. Il y a de quoi. A l'époque, cela faisait déjà quatre mois que Corinne Beidl n'avait plus donné signe de vie. Comme il se doit dans ce méchant feuilleton, l'arrestation du frère de Marie-Dolorès n'a pas tardé à ressusciter les ardeurs du camp d'en face. Depuis quelques jours, des courriers anonymes remplissent la boîte aux lettres des Rambla. «Vous êtes punis de votre obstination passée qui a fait tant de mal, a écrit une main vengeresse. N'est-ce pas l'heure de reconnaître et de demander pardon à Christian?» Pour entretenir l'atmosphère, un livre est annoncé prochainement aux éditions Bénévent. L'auteur, Gérard Bouladou, un ancien commandant de police, y a travaillé pendant cinq ans. Le titre est venu tout seul: L'Affaire du pull-over rouge: Ranucci coupable!

Christian Chalençon, 55 ans, compagnon et associé de Corinne Beidl, en a déjà plus qu'assez de ce charivari. Il ne faut pas pousser: le meurtre de sa concubine est l'œuvre d'un pauvre type, non d'une malédiction. En 1999, c'est elle, Corinne, qui avait accepté d'engager Jean-Baptiste, à la demande du père Rambla. Les deux familles se connaissent depuis toujours. Elles habitaient la cité Sainte-Agnès, au début des années 1970. Le frère de Corinne avait porté le cercueil lors des obsèques de Marie-Dolorès. Christian Chalençon ne comprend rien aux mobiles de l'assassin. «C'est lui qui tenait à son statut d'intermittent du spectacle: on ne pouvait pas le déclarer.» Il ne comprend rien à la compassion qui s'annonce à l'égard d'un type qu'il n'a jamais vraiment senti. «C'était un bon à rien. Il prêtait le matériel à n'importe qui. Il garait les camions comme un sauvage. Il se foutait de tout, sauf de réclamer régulièrement une augmentation.»

Une énigme à lui tout seul
Ces jours-ci, des psychiatres se relaient au chevet de Jean-Baptiste Rambla, dans sa cellule de la prison des Baumettes. Me Juramy se dit persuadé que son client bénéficiera de l'article 122.1 du Code pénal, qui atténue la responsabilité des criminels dont le jugement était altéré au moment des faits. «Ce matin-là, martèle-t-il, Jean-Baptiste Rambla était sous l'emprise de la cocaïne.» Peut-être était-il aussi sous l'emprise d'un vieux cauchemar dont il n'a jamais réussi à se dépêtrer. A-t-on idée de tuer quelqu'un pour terrasser sa propre histoire? Son avocat veut y croire. Mais tout serait plus simple si, devant les policiers ou face au juge Patrick André, qui l'a auditionné une première fois le 28 février dernier, le frère de Marie-Dolorès s'était délivré des fantômes du passé. Or Jean-Baptiste Rambla ne parle qu'à demi-mot. Dans les bons jours. Et les bons jours sont loin.

Il n'y a pas si longtemps, Christian Chalençon s'amusait encore de ces bribes de conversation qu'il tenait avec son employé. «Et les amours, ça va?» lui demandait-il, chaque matin, pour entendre le son de sa voix. Un bougonnement lui répondait. Parfois, c'était tout jusqu'au soir. Un vrai muet. «On en rigolait souvent avec Corinne, confie-t-il. Franchement, on se posait la question: “Mais qu'est-ce qu'il peut bien raconter à une gonzesse? ”» On ne le saura jamais. Le frère de Marie-Dolorès Rambla est une énigme à lui tout seul. En 2003, à Marseille, alors qu'il travaillait sur le tournage d'un film avec Karin Viard et Bernard Giraudeau, il lui est arrivé une mésaventure qui ne lui a fait ni chaud ni froid. «Un soir, il a retrouvé sa voiture les quatre pneus crevés, la carrosserie entièrement rayée», se souvient Christian Chalençon, qui lui a filé un coup de main pour le dépannage. Avec le recul, il en a la conviction: «Cela ressemblait à une vengeance de femme.» Le film sur lequel ils travaillaient à cette époque-là n'a pas tenu l'affiche. Une histoire de type au bout du rouleau qui, pour changer sa vie, finit par trucider la femme d'un ami. Aujourd'hui plus qu'hier, le titre fait froid dans le dos: Je suis un assassin. Jean-Baptiste Rambla, lui, n'a pas seulement changé de vie. Victime devenue meurtrier, il a changé de crime comme on change de peau.


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Message non luPosté :08 sept. 2006, 10:29 
Je ne suis pas persuadée que la phrase de JR ("de toute façon, .....etc.") doive forcément s'interprêter comme une confirmation de sa non-reconnaissance à l'époque.

Je ne suis sûre de rien, mais j'aurais tendance à penser que JR ne se souvient que très vaguement, comme dans un brouillard, de ce qui s'est passé il y a 32 ans. Il a le souvenir d'un gigantesque brouhaha, d'une abominable bousculade dans sa petite vie d'enfant, de scènes qui se bousculent dans sa tête - cour de l'évêché, policiers qui lui parlent de voiture, une silhouette d'homme qui lui parle de chien noir, les larmes de sa mère, les hurlements de désespoir de son père, les voisins qui envahissent l'appartement, encore des policiers, des hommes qu'on lui présente sur un podium derrière une vitre, encore des histoires de Simca, etc.
Je ne pense pas qu'il ait gardé les traits de cet homme au chien noir gravés dans sa tête.

Et voilà que 30 ans après on le presse encore de toutes parts de participer à des émissions TV, à des forums de discussions, à des interviews. Il n'en peut plus et exprime la chose à la manière maladroite de garçon qui a grandi dans un milieu simple et n'a pas fait d'études.

S'il savait s'exprimer de manière précise et structurée, il dirait certainement en substance quelque chose comme :
"Fichez-nous la paix avec cette histoire ! Et arrêtez de me demander si j'ai ou non reconnu le bonhomme car je n'en sais plus rien. 30 ans après, je ne peux pas dire si c'était lui ou non car je ne sais même plus à quoi il ressemblait. Si je me suis trompé à l'époque, c'est que CR est probablement le coupable. On l'a exécuté, l'affaire est donc close. Si je ne me suis pas trompé, il est innocent, on a exécuté un innocent et c'est horrible, mais ce n'est pas en discutant pendant des siècles qu'on le ressuscitera. Alors, que soit oui ou non, ça ne sert plus à rien de nous torturer avec cette histoire !!!!!!!!!!!!!"


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Message non luPosté :08 sept. 2006, 10:52 
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Marc a dit (sans bien me lire)
Citation :
En faire plus ? Il n'allait pas se mettre à taper du poing sur la table, tout de même. Il a dit que le monsieur n'était pas parmi ceux qu'on lui a présentés. Si Ranucci était innocent, il n'a absolument rien à se reprocher. Il a dit ce qu'il avait à dire.
C'est ce que j'ai dit Marc : il n'a rien à se reprocher... Mais on sait ce que c'est la conscience : même quand on a rien à se reprocher, ça travaille....


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Message non luPosté :08 sept. 2006, 10:57 
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Danou a dit :
Citation :
Je ne suis pas persuadée que la phrase de JR ("de toute façon, .....etc.") doive forcément s'interprêter comme une confirmation de sa non-reconnaissance à l'époque.
Il n'a pas dit " de toute façon..." Ne raisonnez pas sur la phrase modifiée, mais sur les mots prononcés.
Citation :
Je ne suis sûre de rien, mais j'aurais tendance à penser que JR ne se souvient que très vaguement, comme dans un brouillard, de ce qui s'est passé il y a 32 ans. Il a le souvenir d'un gigantesque brouhaha, d'une abominable bousculade dans sa petite vie d'enfant, de scènes qui se bousculent dans sa tête - cour de l'évêché, policiers qui lui parlent de voiture, une silhouette d'homme qui lui parle de chien noir, les larmes de sa mère, les hurlements de désespoir de son père, les voisins qui envahissent l'appartement, encore des policiers, des hommes qu'on lui présente sur un podium derrière une vitre, encore des histoires de Simca, etc.
Je ne pense pas qu'il ait gardé les traits de cet homme au chien noir gravés dans sa tête.
Vous ne pensez pas ... c'est bien... mais ça ne change rien à la réalité, quelle qu'elle soit. Tant que J.Rambla a "collaboré" on l'a trouvé sérieux et réfléchi (au point de convaincre les policiers que sa soeur était partie en simca). Ensuite on l'a trouvé trop jeune...



Citation :
Et voilà que 30 ans après on le presse encore de toutes parts de participer à des émissions TV, à des forums de discussions, à des interviews. Il n'en peut plus et exprime la chose à la manière maladroite de garçon qui a grandi dans un milieu simple et n'a pas fait d'études.
Attendez, attendez, on n'est pas dans la quart-monde et Jean Rambla n'a pas vécu dans la misère ni matérielle ni intellectuelle... Une famille de 4 enfants dont le père est actif ou pensionné ne relève pas de l'assistanat. L'article de l'express cerne plutôt des difficultés psychologiques que matérielles. Quant à l'affaire ce n'est pas trente ans après qu'il s'en souvient, c'est pendant trente ans jours après jour qu'il l'a vécue, et peut être bien en désaccord avec son père.

Citation :
S'il savait s'exprimer de manière précise et structurée, il dirait certainement en substance quelque chose comme :
"Fichez-nous la paix avec cette histoire ! Et arrêtez de me demander si j'ai ou non reconnu le bonhomme car je n'en sais plus rien. 30 ans après, je ne peux pas dire si c'était lui ou non car je ne sais même plus à quoi il ressemblait. Si je me suis trompé à l'époque, c'est que CR est probablement le coupable. On l'a exécuté, l'affaire est donc close. Si je ne me suis pas trompé, il est innocent, on a exécuté un innocent et c'est horrible, mais ce n'est pas en discutant pendant des siècles qu'on le ressuscitera. Alors, que soit oui ou non, ça ne sert plus à rien de nous torturer avec cette histoire !!!!!!!!!!!!!"
Je ne peux que citer ses mots, je ne saurai pas les réécrire. Je ne peux me prononcer que sur ce que j'entends, pas sur ce que j'imagine.

Qu'il souhaite qu'on arrête de remuer cette affaire c'est clair...

Depuis ce reportage, les données ont changé et à ce titre l'article de l'Express est assez pertinent.


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Message non luPosté :08 sept. 2006, 11:03 
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Et j'enfonce encore le clou en affirmant que s'il y a bien une personne qui n'a absolument rien à se reprocher dans cette affaire, c'est bien Jean Rambla.
Voila, comme ça c'est clair.


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Message non luPosté :08 sept. 2006, 11:06 
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Marc a dit (sans bien me lire)
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En faire plus ? Il n'allait pas se mettre à taper du poing sur la table, tout de même. Il a dit que le monsieur n'était pas parmi ceux qu'on lui a présentés. Si Ranucci était innocent, il n'a absolument rien à se reprocher. Il a dit ce qu'il avait à dire.
C'est ce que j'ai dit Marc : il n'a rien à se reprocher... Mais on sait ce que c'est la conscience : même quand on a rien à se reprocher, ça travaille....
C'est clair...


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Message non luPosté :08 sept. 2006, 11:24 
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Et j'enfonce encore le clou en affirmant que s'il y a bien une personne qui n'a absolument rien à se reprocher dans cette affaire, c'est bien Jean Rambla.
Voila, comme ça c'est clair.
Il aurait fallu qu'on le lui dise plus tôt...

Or, ce jour fatidique du 6 juin 74, on l'a traité comme un mignon gamin demeuré incapable de reconnaitre une personne ni une bagnole (J'ai lu quelque part que, lorsque JRambla a négligé le coupé 304, le commissaire aurait déclaré "c'est pathétique, il ne reconnait même pas la voiture"). On a fait de son environnement un tableau à la Zola...

Et surtout on est passé outre son témoignage. Il a connu à 6 ans la capacité des adultes à ne pas tenir compte de la vérité...

Ca ne doit pas être facile à vivre. Tous autant que nous sommes nous aimons bien que notre point de vue soit pris en compte et au sérieux... alors le même mépris pendant trente ans ...


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Message non luPosté :08 sept. 2006, 12:58 
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Or, ce jour fatidique du 6 juin 74, on l'a traité comme un mignon gamin demeuré qui a été incapable de reconnaitre une personne ni une bagnole, tout en faisant de son environnement un tableau à la Zola... .
Non, non non !!! Ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit, ne gonflez pas mes propos et ne me créditez surtout pas d'une quelconque condescendance envers JB ou sa famille comme vous semblez le faire plus haut dans votre réponse à mon message !

Je n'ai jamais dit ni pensé que les Rambla menaient une vie à la Zola ni qu'ils faisaient partie du quart monde ni qu'ils étaient adeptes de l'assistanat ni que JR était intellectuellement handicapé

(entre parenthèses, même si tout cela était le cas, je ne vois pas où serait la honte - pour les Rambla, du moins).

Je dis simplement que tout ce que j'ai lu sur JR adulte (dans le cadre de l'affaire Corinne Beidl) me permet de penser qu'il n'a pas fait d'études, n'aime pas parler, et ne sait pas très bien s'exprimer. Si je me trompe, je suis prête à le reconnaître.

Toujours est-il que, partant à tort ou à raison de cette donnée, il me semble que la phrase qu'il a prononcée dans le cadre de cette émission pourrait s'interprêter comme je l'ai fait. Mais j'ai bien précisé que je n'étais sûre de rien.

Vous avez raison de me reprocher d'avoir déformé les propos de JR car, en relisant la retranscription, je constate qu'il n'a en effet pas prononcé les mots "De toutes façons".
Et je suis d'accord avec vous sur le principe : il est indispensable de faire des citations exactes au mot près car un seul mot peut changer le sens de toute une phrase (voir les différents propos attribués à MDR dans le témoignable à géométrie variable des Aubert) . Je fais donc mon mea culpa sur ce point.
En l'occurrence, je ne pense tout de même pas que ce "De toute façons" de mon cru change beaucoup l'esprit de la phrase. Je pense que c'est bien ce qu'il a voulu dire en substance.


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