Citation :
Je suis convaincue pour ma part que CR aurait presque certainement sauvé sa tête s'il n'avait pas eu au procès cette attitude odieuse qui lui a mis tout le monde à dos.
Vous oubliez une chose, du côté de l'accusation, on sait que des preuves ont été truquées, que des témoignages ont été escamotés, que cette procédure repose sur des manquements graves à ce qui fait le fondement même de nos libertés et qu'ils n'ont pas envie que cette affaire sorte, et donc ils ont condamné Ranucci avant même que le procès ne commence, quelle qu'ait été son attitude, repentance, ou je ne sais. A partir du moment où il conteste, il est mort.
Citation :
Il pouvait sauver sa tête :
- en plaidant coupable et en montrant un repentir appuyé, sincère ou non mais spectaculaire (demander pardon aux parents, pleurer, etc.). Dans ce cas-là il aurait probablement eu perpétuité. Ou, en cas de condamnation à mort, aurait eu de bonnes chances d'être grâcié (d'autant que ce n'était pas un crime crapuleux, qu'il n'avait pas d'antécédents et qu'il y avait absence de préméditation).
Vous oubliez que Giscard n'avait qu'une envie, tester le plaisir du Comte Zaroff, les éléphants, les antilopes, il en avait un peu assez, il s'est dit : tiens en voilà un qui n'est soutenu par personne, qui n'a qu'une pauvre mère. En plus on me dit que la justice veut être tranquille et se débarasser d'un pauvre type qui conteste. Hop au rasoir national. Comme il dit dans son bouquin de mémoires, savourant le jour qui s'est levé sans lui : en moi, rien ne bouge...
Citation :
- en plaidant l'innocence mais sans agressivité. S'il avait défendu point par point son dossier, protesté de son innocence avec des accents émouvants, il aurait au moins semé le doute et emporté la sympathie d'au moins une partie de l'opinion publique. ll pouvait, là aussi, obtenir la perpétuité.
Vous croyez qu'on l'aurait laissé faire ? Vous voulez rire je suppose. Vous croyez sans doute que la justice française est une justice démocratique. Excusez moi, cela me fait rire.
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Mais ses avocats - qui n'avaient peut-être pas le choix, je veux bien - ont choisi une formule bâtarde (innocence mais circonstances atténuantes) qui ne pouvait pas marcher.
Je crois surtout qu'ils se sont battus comme des diables pour démontrer que ce dossier était plein de zones d'ombres et que les jurés n'ont surtout pas voulu entendre parce qu'on criait "à mort" dans le même temps.
Citation :
Et CR a signé son arrêt de mort dès son entrée dans le prétoire par son attitude suicidaire. Dans l'hypothèse de son innocence, cette attitude excédée et méprisante qui a été si mal perçue s'explique aisément, mais le fait est qu'elle lui a été fatale.
Vous connaissez le procès Slansky ? Vous avez lu "l'aveu" d'Arthur London ? Eh bien comme pour Slansky, comme pour ses 14 coreligionnaires, avant même qu'ils ne soient entrés dans le prétoire, ils étaient déjà morts. Pour Ranucci - je vais vous faire une confidence - c'est pareil.
Sinon, je vous dis cela comme ça, ben on aurait laissé le juge Renaud faire son travail.