Citation :
personnellement je n'ai lu que le livre de gilles perrault,plusieurs fois meme,mais j'ai trouvé qu'on y force un peu la these de l'innocence.
J'ai appris plus tard que l'auteur est plus ou moins d'extreme gauche,ce qui tend a penser qu'il y ai un certain parti pris contre la peine de mort et le gouvernement de l'epoque.
Pour resituer le cadre de cette époque particulière : on entrait dans l'air du chômage de masse moins indemnisé (à l'époque en 1974, quand vous étiez licencié économique vous touchiez 80 pour cent de votre salaire pendant un an...), la politique de relance du gouvernement Chirac et de Jean-Pierre - pas Raffarin - Fourcade avait échoué, l'inflation était importante, plus de croissance, une espèce de morosité permanente. On ne parlait que de la "crise du pétrole", le pétrole était devenu cher, la société de consommation lassait les gens et on avait un gouvernement conservateur au sens propre du mot. L'air des réformes avait fait long feu.
En 1976, une fois Ranucci guillotiné, la première action du gouvernement Barre est de baisser la TVA pour contrer l'inflation. Je ne vous dit pas le résultat. Un bouquin qui coutait vingt francs, la baisse était de vingt centimes. Mais sur l'étiquette, c'était marqué 20 francs moins vingt centimes. : le gouvernement baisse la TVA. Trois mois après, l'inflation avait bouffé les vingt centimes depuis longtemps.
Je me rappelle la blague de Coluche dans Charlie Hebdo, il tenait une rubrique qui s'appelait : le journal des cons et des mal-comprenants. Au dessus de lui : il y avait "Dieu existe" et "Barre lance son huitième plan contre le chômage" et la bulle qui sortait de la bouche de Coluche disait : "voyant que les sept premiers plans contre le chômage avaient échoué, Dieu a donné la force à Raymond Barre d'en faire un huitième, merci Dieu."
C'est dans cette atmosphère que Ranucci a été guillotiné. Alors dire que Perrault serait "d'extrême-gauche" - sur quels éléments vous basez vous pour émettre cela - n'est pas opérant, ce n'était pas le but de ce livre et aucune opinion politique n'y apparaît et il n'y avait pas besoin de taper sur le gouvernement pour qu'il soit impopulaire. Barre était impopulaire, dès 1978 : on fermait les mines, les usines d'acier, on licenciait à tour de bras dans les vieillesrégions industrielles du nord et de l'est. C'était extrêmement pénible.
En 1978 il y avait d'ailleurs des législatives, le bouquin de Perrault n'a pas du tout interféré là-dessus. On parlait des "socialo-communistes", dans la bouche des hommes de droite, c'était le refrain permanent : les socialo-communistes en appuyant bien sur le deuxième terme et il y avait à l'époque "le programme commun" et les lendemains quipourraient peut-être chanter...
Ce qui apparaît c'est cette paresse, cette lassitude minable qui gouvernait cette époque. Et puis l'archaisme de l'administration judiciaire française qui ne s'est finalement jamais aperçu que Napoléon III avait été fait prisonnier à Sedan en 1870.