P. 66 : GBouladou a la bonne idée de mettre la lettre toute simple que Mme Mathon a écrite pour son fils au cas où la grâce serait refusée :

"Il est 18 heures. Mon très cher enfant adoré. Je t'écris cette carte, que tes avocats te donneront en cas que ta grâce soit refusée. À cette minute, j'ignore ?
Pourtant, je sais que tu es innocent. Je le prouverai un jour, je te réhabiliterai, je ferai publier tes écrits + les miens ??? Ta souffrance + les miennes.
Tu étais mon enfant chéri.
Sache que je prie pour toi, tu es innocent et tu as été un bon fils. Ma vie était heureuse, entourée de ton amitié, de toutes tes gentillesses.
Jamais je ne pourrai oublier ces temps heureux de ta vie près de moi jusqu'à tes vingt ans. Je te promets de vivre simplement, proprement, avec le seul but de te réhabiliter. Ma conscience est tranquille, comme la tienne.
Prions ensemble. Crie ton innocence mille fois.
Tous les voeux sont accomplis.
Sois courageux. Pense à moi. Je t'embrasse fort.
Ta maman. Héloïse Mathon."

Je crois qu'il était bien inutile et pauvre de tenter de nous faire croire que Christian Ranucci n'aurait pas demandé à être réhabilité avant de mourir, suivant les paroles d'un bourreau qui ment comme il respire. Ses avocats le lui répètent tout au long du chemin de croix, et sa mère le lui promet.

Maître Le Forsonney dit qu'il ne parlait que de son innocence, jusqu'au bout.

Il est fort difficile d'imaginer qu'une femme aussi douce, aussi simple, aussi aimante se soit trompé sur un fils qui l'aimait aussi, comme le prouve toute sa correspondance.

Et ce ne sont pas la hargne, ni même les anathèmes qui pourront changer cette impression.

C'est déchirant de lire ça sous la plume d'une mère aussi aimante..."ma conscience est tranquille...", tout en sachant que son enfant va mourir, c'est bouleversant, en effet...
Mais je voudrais rajouter une chose : quelles que soient les convictions, une telle chose ne doit pas nous faire oublier la maman de Marie-Dolores...