C'est la grande réponse : vous ne connaissez pas. Nous on connaît, on les a rencontrés etc. etc.
Je veux bien croire que ce soit un avantage non négligeable, mais cela ne règle pas tout. Loin de là.
Le problème est toujours le même : l'affaire a trente ans ! Et elle a laissé une sacré mélasse, preuve en est ce qui arrive aujourd'hui.
Que connaissons nous des Rambla en 1974... Qui peut dire... Ceux qui ont connu et encore, leurs souvenirs ont trente ans. Alors je crois qu'il faut être prudent, même si l'on connaît.
Et les interviews que j'ai pu lire me convainquent que dans une histoire qui a jeté un tel trouble, ben les témoignages trente ans après, ils font leur âge et rien n'est réglé.
Alors Aurélien a le droit, le droit le plus strict d'essayer de comprendre ce que signifient des mots sybillins à vrai dire sans que l'on vienne lui jeter à la figure qu'il ne connaît pas.
Ça ne change rien, si on réfléchit.
"Il parlait comme les gens d'ici."
Puisque vous connaissez : au lieu de pester, il vaudrait mieux nous dire ce qu'entendait cet enfant de six ans par : "ici". Et qu'entendait-il par "parler comme" ?
Quand Gilles Perrault conclut qu'il s'agit sans doute de l'accent, c'est une déduction et il ne prétend pas autre chose. Et de même Aurélien ne prétend pas autre chose. C'est une déduction parce que l'on ne comprend pas autrement le mot "ici". Ici comme Marseille, comme l'accent de Marseille.
Et à Aix, on n'a pas l'accent de Marseille.
Maintenant, on suggère que ici, cela voudrait dire, la France. Pourquoi pas. A priori. Donc il parlait français, comme les gens de mon pays.
Mais cela n'enlève rien au problème, rien du tout. Jean Rambla ne parle pas de lunettes, il parle de cheveux noirs.
Et dans le bouquin, quand ça gène on n'en parle plus, ou on dit que c'est un gosse, alors il s'est trompé, il n'a pas bien vu, et quand ça arrange, on dit, c'est qu'il veut dire qu'il parle français, sous-entendu, comme Ranucci.
Et quand il parle costume gris, il veut dire la veste en daim et le pantalon anthracite.
Manque de pot, on prétend ensuite que Ranucci porte un pantalon bleu. Ah oui mais attendez, Jean Rambla il a six ans, il ne voit pas bien, il ne connaît pas les voitures, il ne connaît pas les couleurs (ah pardon je confonds avec Pappalardo...).
Mais qu'est-ce que c'est que ce genre de raisonnements ? De la supercherie, il faut bien le dire, de l'escamotage organisé et de la supercherie. Quand on publie un bouquin, on règle d'abord les incohérences et après on publie. On commence pas par dire : moi je connais, j'ai rencontré (d'ailleurs c'est très sélectif les rencontres) et après, vous êtes prié de me croire puisque je connais. Trop facile.
Alors si c'est pour dire : vous ne connaissez pas cette famille et pour après escamoter toutes les contradictions pour arranger la police marseillaise. Je vais dire, vraiment, ce n'est pas à la hauteur des enjeux. Et ce livre n'est pas plus à la hauteur des enjeux que celui de Fratacci. Ce n'est donc pas un service qui a été rendu à M. Alessandra. Hélas.
|