Citation :
Il ne s'agit pas d'être ou non couvert de sang des pieds à la tête. 14 coups de couteau, on a forcément, au moins, du sang partout sur les mains. Ce qui laisse du sang partout dans une voiture (poignée de porte, volant, levier de vitesse, siège) – cf l'affaire Pierre Bodein/Julie, où pourtant il aurait eu tout le temps de laver soit ses mains, soit sa voiture ensuite, mais où la police n'a mis que quelques minutes, huit jours plus tard, à trouver des tâches de sang partout. Or Ranucci, c'est sûr, n'a pas eu le temps de se laver les mains avant de prendre sa voiture (si on ajoute au "timing" de Gihel : "il se promène dans les bois pour trouver un ruisseau et bien se débarbouiller", alors là, la demi-heure est vraiment largement dépassée. Il n'a pas eu le temps non plus d'attendre tranquillement près du corps que le sang sèche. Donc si c'est Ranucci, il a repris sa voiture, vers 12h30 ou 40, les mains dégoulinantes de sang. (Je sais bien que la comparaison est atroce, et je m'en excuse, mais prenez un cochon, donnez-lui 14 coups de couteau, et vous verrez...) Et il n'a pas laissé la moindre trace nulle part ?
Non, je ne suis pas d'accord avec le "forcément du sang partout dans la voiture". D'ailleurs Ranucci, même dans l'hypothèse de l'innocence, il avait aussi du sang sur les mains (ongles cassés, mains égratignées) et on a pas trouvé de sang dans la voiture. Et puis des mains ça peut s'essuyer, et des traces de sang sur un volant ou un manche de vitesse ça peut disparaitre à la vue au bout de deux jours. Et en 74, je ne sais pas comment on repérait les traces de sang (si quelqu'un a des infos là dessus... ?), mais il est certain que la révélation par chimioluminescence n'existait pas. On ne se contentait probablement que d'un examen visuel avant envoi au labo des éléments avec des traces suspectes voire au maximum d'un test non spécifique du genre péroxyde.
Ce que je voulais dire surtout c'est qu'on tient parfois pour avérées des choses qui ne sont que des idées toutes faites (et je parle aussi pour moi !) par exemple "lorsque quelqu'un a séjourné dans une voiture, on retrouve des empreintes" ça nous parait évident mais en fait non, c'est rarement le cas de trouver des empreintes exploitables.
Et quand on lit dans un bouquin ou sur un site qu'une plaie à la carotide fait jaillir le sang jusqu'à l'agresseur qui s'en retrouve donc forcément recouvert, au commun des mortels ça peut paraitre évident. Je suis sur qu'en lisant ça, les gens s'imaginent une métaphore du style "quand on sectionne un tuyau d'arrosage, l'eau se met à jaillir de plusieurs dizaines de centimètres" c'est très parlant et très convaincant mais en réalité, non.
La pression dans un tuyau d'arrosage c'est 2 ou 3 bars voire plus, et la pression dans une carotide c'est entre 0,10 et 0,25 bars (et encore je suis gentil, ça c'est pour un adulte, chez un enfant c'est encore moins) et si on veut faire une analogie, une plaie à la carotide c'est plutôt un robinet de cahoutchouc souple à un débit modéré dont l'eau s'échapperait par saccades, une hémoragie très sérieuse, d'autant qu'il y a aussi une section complète de la jugulaire, qui provoque à tous les coups le coma puis la mort, mais pas de projections continues d'un mètre de haut. Désolé, je peux être convaincu de certaines choses mais de celle là. Pourqu'il y ait de telles projections à cause d'une section incomplète, il faut comprimer l'artère en appuyant dessus très fortement (comme quand on pince le tuyeau d'un robinet) ce qui en frappant avec un couteau ne peut se produire que de façon très transitoire.
Citation :
Je ne sais pas, ces remarques sur le "manque de preuves de l'innocence" me laissent vraiment perplexe. Il y en a une ribambelle. Pas des preuves, peut-être, mais de très fortes incohérences. Vous avez vu la taille du fossé, par exemple ? Vous imaginez ce qu'il faut faire pour le faire sauter à une petite fille, en la tirant ou en la poussant, je ne sais pas, sous l'oeil d'une voiture qui se trouve à 100 mètres et qui arrive à fond la caisse ? Et Mme Aubert, cette pauvre femme que l'on accable, qui entend à ce moment la petite die calmement "Qu'est-ce qu'on fait ?" Avant ou après que Ranucci la fasse valdinguer au-dessus du fossé ?
Moi aussi je suis perplexe, mais je le suis également dans l'autre sens.
Pour le "qu'est ce qu'on fait ?" je peux me tromper mais je n'y crois pas une seconde. Ce n'est pas pour autant que je considère que tout le témoignage Aubert est à rejetter en bloc.
Pour le fossé, la fillette l'a bien franchi avec quelqu'un, alors...