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Citation :
Seule les interventions extérieures ont de l'intérêt.......
Voilà un avis que je partage et comme interventions extérieures voici la retranscription de celle de Gérard Bouladou.
Gérard Bouladou – Il y a un élément dans le dossier, ce pull-over rouge trouvé pas loin du lieu du crime, c’est normal qu’on s’y intéresse, quand on arrive pas à établir qu’il n’est pas à Ranucci ou à quelqu’un d’autre.
Bon, c’est vrai qu’il a été délaissé ce pull-over rouge dans l’enquête, mais il enlève pas, on peut pas avec ce seul élément enlever, effacer tous les éléments de preuve qu’il y a contre Ranucci et ces éléments de preuve sont nombreux.
Laurent Joffrin – Bon, alors prenons les éléments de preuve. Quel est le plus fort d’après vous ?
G.B. – Il y a déjà le fait que Ranucci va visiter un copain de régiment qui se trouve à côté de l’endroit où la petite fille est enlevée et on est sûr que Ranucci est vu à côté de l’endroit où on a retrouvé le corps de la petite fille, à 25 kms de distance.
C’est déjà embêtant pour Ranucci.
Ensuite, il y a le schéma que Christian Ranucci a dessiné de l’endroit de l’enlévement. Alors Gilles Perrault nous a dit dans son livre : « Ce plan ne correspond à rien » et moi, je ne suis pas du tout d’accord avec lui. C’est pour ça que dans mon livre, il y a le schéma et la photo des lieux et on peut constater que tous les éléments correspondent.
L.J. – Il y a l’immeuble, il y a le muret…………
G.B. – Il y a l’immeuble. Il y a la rue qui monte, qui monte beaucoup. Il y a l’herbe sur la droite et on voit sur des photos de l’époque qu’effectivement il y avait de l’herbe à cet endroit et surtout Ranucci a dessiné un détail qui vaut toutes les preuves du monde quoi, il a dessiné un muret qui crève les yeux, puisqu’il était garé de l’autre côté du muret par rapport aux enfants qu’il surveillait.
Eric Lemasson – On ne lui a pas suggéré ce plan ? Il l’a fait lui-même ?
G.B. – Si on lui avait suggéré, il me semble qu’il l’aurait dit.
L.J. – Il y a un autre élément qui est assez convainquant, c’est que vous expliquez que Ranucci de lui-même explique où trouver l’arme du crime et on trouve l’arme du crime sur place.
G.B. – Lorsqu’il avoue, il dit : « Bon, j’avais, j’avais un couteau sur moi, j’ai tué la petite fille ». Il décrit le couteau. Il dit que c’est un couteau à cran d’arrêt. Il faut appuyer sur un bouton pour qu’il s’ouvre et il indique l’endroit où il a jeté le couteau.
Et c’est à cet endroit qu’on va retrouver ce couteau.
L.J. – Mais il y a une polémique sur cet endroit. Les policiers ont mis deux heures à le trouver. Donc, ce n’est pas exactement l’endroit.
G.B. – Alors les policiers ont mis deux heures à le trouver parce que ce couteau était dans un tas de tourbe qui était extremement épais et qui était un peu le dépotoir de la champignonnière qui était juste à côté. Donc, on retrouve tout un tas d’objet métallique, les gendarmes mettent très longtemps et c’est sur l’insistance des policiers qui disent : « Si, Ranucci nous dit qu’il est là, cherchez, cherchez », qu’au bout de deux heures ils vont trouver le couteau dans cette………., En fait, au départ, ils n’ont pas apprécié la grandeur de l’endroit que leur donnait Ranucci.
Mais si Ranucci n’avait pas dit que le couteau était à cet endroit, il était impossible de le trouver. Il serait en train de rouiller dans un coin actuellement.
L.J. – Est-ce qu’il y a d’autres éléments ?
G.B. – Alors, il y a le pantalon. Le pantalon qu’on trouve dans la voiture de Ranucci.
Ranucci, jusqu’au procès dira qu’il portait ce pantalon lorsqu’il a eu l’accident. Ce pantalon comporte des taches de sang dans la poche, à l’endroit où il dit qu’il a mis le couteau après avoir tué la petite fille et les taches de sang importantes qui sont sur le pantalon, le Docteur Vuillet les a examinées, il dit, dans son rapport, qu’elles sont importantes, épaisses, homogènes et d’apposition.
L.J. – d’apposition, c’est qu’elles viennent de l’extérieur ?
G.B. – Elles viennent de l’extérieur, alors Ranucci, pour se défendre, dira : « dans l’accident, je me suis blessé et j’ai saigné de la cuisse » et malheureusement pour lui, il avait été examiné par le Dr Vuillet qui avait noté effectivement une cicatrice sur la cuisse, mais qui était très ancienne et cicatrisée depuis longtemps.
E.L. –Il y a quand même des témoins qui ne l’ont pas reconnu…………..
G.B. Alors, le fait de ne pas le reconnaître, la mère de Ranucci à écrit sur cette affaire et elle dit : « Lorsque l’on m’a présenté mon fils, il était méconnaissable, parce que Ranucci avait pleuré, je pense qu’il avait pris un coup, parce qu’il avait l’arcade sourcilière ouverte, il avait les cheveux ébouriffés, même sa mère…..
L.J. –avait du mal à le reconnaître………….
G.B. – l’a trouvé méconnaissable, alors imaginez des témoins qui l’ont vu très peu de temps et la plupart de ces témoins étaient des enfants.
E.L. – Parce que les témoins à charge qui le reconnaissent, eux on ne dit pas ça. Ca ne marche pas dans les deux sens ?
G.B. – Il faut que ça marche dans les deux sens…………
E.L. – Parce que les Martinez et les Aubert qui le reconnaissent, on dit pas qu’il est méconnaissable, mais en revanche quand les témoins ne le reconnaissent pas, vous dites…………..
G.B. - Attendez, je voudrais insister sur la polémique sur les époux Aubert.
Les époux Aubert prennent en chasse Ranucci. Le coupé 304 de Ranucci, c’est Ranucci qui est dans la voiture ?
Ils ne le perdent pratiquement pas de vue, parce qu’ils le voient à un certain moment dans les virages et ils arrivent juste, il y a 775 m de poursuite, c’est très peu, c’est moins d’un kilomètre. Ils voient le chauffeur descendre de la voiture, partir dans les fourrés avec un enfant.
Monsieur Aubert dit aux gendarmes : « j’ai regardé dans la voiture, il n’y avait plus personne », qui voulez-vous qui sorte de cette voiture puisqu’il n’y avait que Ranucci comme conducteur ?
L.J. – Il y a quand même Mme Mattei. Mme Mattei, elle dit : « Voilà, quelques jours avant, J’AI VU quelqu’un, avec un pull over rouge, importuner des enfants et ce n’était pas Ranucci.
G.B. – Alors le témoignage de Mme Mattei, s’est vite dégonflé au procès, parce qu’on s’est rendu compte qu’elle était pas sûre d’elle et qu’elle racontait un petit peu ce qu’on lui avait suggéré et à la suite d’une enquête qui a été faite en 1977, on a eu le témoignage de trois personnes, dont sa propre voisine qui dit : « J’étais là quand les faits qu’elle raconte se sont passés. Elle n’a pas pu voir la personne, parce que je suis descendue avec elle dans la cour, il y avait plus de voiture, il y avait plus de personne.
L.J. – Et donc, vous pensez que c’est un faux témoignage ?
G.B. – Alors cette voisine dit par contre : « Mme Mattei m’a dit que si j’accepte de dire comme elle, Mme Mathon, la maman de Ranucci, me donnerait 2000 Fr.
L.J. – Cela vous parait probant ça ? Ca veut dire que c’est des témoins qui avaient été amenés là pour les besoins de la cause ?
G.B. – Voilà.
E.L. – Autre élément, vous dites « ça ne figure pas tout à fait dans la procédure », mais que des gardiens de prisons, aux Baumettes, avaient surpris une conversation de Ranucci avec sa mère, dans laquelle, il reconnaît sa culpabilité.
G.B. – Alors les parloirs à l’époque étaient sur écoutes. Il y avait un gardien qui écoutait pour…. , c’était pour éviter les évasions surtout…………, ceux qui avaient des projets d’évasion ou quoi…………., et lorsque j’ai écrit ce livre, dans le livre, il y a le témoignage d’un gardien de prison qui a entendu une conversation entre la mère de Ranucci et son fils.
Ranucci a avoué les faits à sa mère. Sa mère disait : « C’est pas possible, tu as pas pu faire ça, tu racontes n’importe quoi », elle lui a dit : « Tu sais que tu risque la peine de mort », il a dit : « Oui, il y a un policier qui me l’a dit » et sa mère lui a dit : « La seule façon de s’en sortir, c’est de tout nier », et elle a commencé à mettre en place une stratégie…euh..pour pouvoir………..
E.L. –Mais cela ne veut pas dire qu’il avait avoué…………..
G.B. – Mais il avait déjà avoué……………
E.L. – Non, non, mais à sa mère dans le parloir ………..
G.B. – Si, si, il disait à sa mère, c’est moi qui ai enlevé la petite fille.
L.J. – Ah oui ?
G.B. – Et c’est moi qui l’ai tuée.
L.J. – Et ça, c’est pas dans la procédure ?
G.B. – C’est pas dans la procédure mais…………….Alors j’ai trouvé un deuxième gardien, parce que je continue mes recherches qui sont passionnates, qui lui me dit qu’il a fait un rapport, parce qu’il a assisté à une conversation, dans les mêmes conditions et que ce rapport se trouve dans le dossier administratif de Ranucci aux Baumettes et donc j’essaye d’obtenir les autorisations pour consulter ce rapport.
L.J. – Pour vous il n’y a aucun doute ?
G.B. – Avec toutes les preuves qu’il y a contre Christian Ranucci, il n’y a aucun doute.
L.J. – Il est coupable ?
G.B. – Il est coupable.
L.J. – Bon écoutez, merci de nous avoir accompagné jusqu’ici, donc vous, c’est l’accusation, on peut le dire………….
G.B. – Voilà, je suis contre l’exécution de Ranucci,
L.J. – J’ai bien compris.
G.B. – Mais je suis convaincu de sa culpabilité, il y a toutes les preuves dans le dossier.
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