Citation :
Pour ce qui est du sens du vote de Madame Donadini, je vous l'ai dit, cela se déduit par exemple pour moi de ce qu'elle énonce lorsque elle entend : "ils sont fous".
Le journaliste lui demande, vous en pensez quoi ? Elle répond : il avait peut-être raison... avec un rictus, sous entendu, j'ai peut-être été folle...
Et elle ajoute : c'est dur à entendre.
Ce n'est pas dur à entendre pour qui n'a pas voté la mort, cela s'adresse aux autres.
Et on a envie de lui faire remarquer, est-ce que c'est dur d'entendre qu'on est fou ? ou bien est-ce dur d'enlever la vie à quelqu'un de façon délibérée ?
On ne saura pas. Mais ce que je pense, c'est qu'elle en souffre aujourd'hui et la téloche c'est sa thérapie misérable. La vie n'était pas sacrée pour elle, ça se marchandait, ça se jouait au bulletin de vote comme César avec les gladiateurs.
De toute façon je ne peux pas me mettre à sa place, c'est tellement une horreur pour moi de penser même que j'aurais pouvoir de vie ou de mort sur quelqu'un, j'aurais entendu les cris par la fenêtre comme elle, j'aurais engueulé le président d'accepter de délibérer dans de pareilles conditions et je me serais cassé.
Et je ne comprends pas qu'on puisse imaginer même qu'on aurait le droit de tuer. De se mettre au-dessus de la vie, de se faire Dieu de l'existence des autres. C'est vraiment se placer au-dessus de l'humanité et prétendre qu'on n'en fait plus partie.
J'ai encore regardé son interview dans "faites entrer l'accusé" et c'est vrai qu'elle dit des trucs du genre "c'est toi qui va donner la mort, en quelque sorte, c'est toi qui sera une sorte d'assassin" et elle parle un peu (c'est la x-ième fois que je regarde l'émission) comme si elle avait "fait avec", comme si elle avait fait ce qu'elle croyait qu'on attendait d'elle. Et en effet, le fait qu'elle dise avoir pleuré tout le long du trajet en rentrant chez elle peut être tout aussi bien dû au soulagement que ce soit fini mais également à l'écoeurement de réaliser ce à quoi elle venait de participer. Mais bien entendu, je dis tout ça mais je n'ai pas la prétention de dire que j'ai eu accès au cerveau de cette dame pour savoir ce qu'elle pensait exactement ! En tout cas, les autres jurés qui ont accepté de se faire interviewer sont tous de même plus francs quant à leur vote aux assises. Il ne disent pas clairement "mort" ou "vie" mais leurs propos laissent nettement transparaître leur choix.