Citation :
Mais vouloir démontrer l'innocence de Ranucci à partir d'un pull dont on ne sait même pas s'il a un rapport avec l'affaire, c'est quand même un peu fort. D'où la nécessité d'ajouter par la suite au moins un détail pour enfoncer le clou : la Simca 1100. Or, cette Simca, ni Patricia C., ni Nathalie C., ni leur père, ni monsieur Martel n'en parlent dans leurs dépositions du 4 juin. Ils n'en parlent nulle part avant d'avoir rencontré madame Mathon. Est-ce un hasard ? On est en droit de se le demander, d'autant que ça aurait été un détail capital pour l'enquête... sur l'agresseur des fillettes. Grosse négligence de la part du père des fillettes et de monsieur Martel. Je préfère croire, en ce qui me concerne, que ce détail, ils ne l'ont pas donné à l'époque car il leur était inconnu. Par conséquent, je ne me retrouve qu'avec le pull rouge, et ça ne suffit pas pour établir un lien ; c'est une piste intéressante, c'est tout, mais rien qui permette d'innocenter Ranucci.
Les méthodes de raisonnement que vous employez sont assez staliniennes je trouve mais c'est exactement comme cela que la cour de révision prise dans sa dimension totalitaire répondrait. Alors effectivement c'est intéressant de voir comment on peut contrer ce genre de raisonnement.
Premier élément : M. Martel vient dire à la télévision que c'est le même pull qu'on lui a montré. Vous suggérez donc qu'il a été lui aussi acheté et qu'il fait un faux témoignage. Vous allez me rétorquer qu'il a pu se tromper, mais on est en droit de se dire que vous laissez entendre que cela va bien au-delà.
Qu'est-ce que nous savons : qu'on a présenté le 6 juin Ranucci à 6 personnes, pas à mille personnes, à 6. Ces personnes sont :
- M. Martel, il ne le reconnaît pas
- Les deux filles C. de même
- Alain Baracco, ne le reconnaît pas.
- Carole Baracco, ne le reconnaît pas
- Mme Mattéi, ne le reconnaît pas
Donc, les policiers ont jugé que ces six personnes avaient croisé la route d'un homme qui pouvait avoir un lien avec cette affaire.
Déjà, lorsque vous dites que Cubaynes parle d'une autre affaire, on se demande bien pourquoi. Pourquoi convoquer Mme Mattéi et sa fille et sa copine et ne pas convoquer les témoins de l'autre affaire dont vous prétendez qu'il parle. C'est à n'y rien comprendre.
Mais ensuite, ces six personnes ont un point commun, elles ont TOUTES vu un homme avec un pull rouge. C'est d'ailleurs pourquoi on les convoque, parce qu'en comparaison du pull l'affaire a bel et bien un lien.
Au-delà même de la simple dénomination "pull rouge". Et je le répète, si ce n'était pas le même croyez bien qu'on l'aurait montré au moins à M. Martel pour qu'il casse le lien qui vous gène tant.
Citation :
Quant à madame Mattéi, je l'ai assez dit : nous ignorons totalement la teneur de son témoignage de juin 1974, puisque nous n'en avons pas trace. Dans ces conditions, on est en droit de penser que les détails qu'elle donne plus tard ne sont peut-être pas tous exacts. C'est d'ailleurs pareil pour les dates qu'elle donne : si Spinelli, le 5 juin 1974, n'est même pas sûr que ce qu'il a vu s'est passé le 3 juin, alors ce n'est pas madame Mattéi qui peut certifier au bout d'un an que les faits qu'elle décrit ont eu lieu à telle et telle date, d'autant plus que sa voisine dit que cela s'est passé après la disparition de Marie-Dolorès.
Vous avez une façon de renverser les problèmes qui est assez amusante je dois dire. Lorsque l'on lit le témoignage de Mme R. Suzanne, on s'aperçoit de plusieurs choses :
1/ Que Mme Mattéi a bel et bien parlé de la tentative d'enlèvement subie par sa fille à Mme R. Suzanne, ce qui prouve qu'elle ne pouvait pas être subornée puisqu'à cette époque elle ne connaissait pas Mme Mathon, et que les dates dont elles parle corresponde parfaitement
2/ en plus on s'aperçoit que la scène dont parle Mme R. Suzanne n'a rien à voir du tout avec la tentative d'enlèvement précédemment citée, puisqu'effectivement, ladite scène se déroule vers le 10 juin et raconte ces petits instants de panique quisuivet ce genre d'événement.
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En résumé : le lien entre l'affaire du satyre et celle de l'assassinat de la petite Marie-Dolorès ne repose que sur un pull dont on ignore s'il a lui-même un lien avec l'assassinat. Même si le pull avait été retrouvé sur le corps, ça ne suffirait pas pour faire un lien direct entre les deux affaires, puisque ce n'est pas le seul pull rouge de la région.
Lié à des tentatives d'enlèvement de gamines ou d'agressions de gamines et avec des boutonsdorés sur l'épaule. Hélas si, il n'y en a qu'un et c'est bien celui-là.
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Mais là, on ne sait même pas si la présence du pull caché dans la galerie a un lien avec le meurtre.
Je crois qu'on peut en être assez convaincu (M. Martel est sincère et très assuré, et les circonstances excluent la coïncidence), à moins d'user de mauvaise foi, qui est l'apanage de la cour de cassation quand elle siège en commission ou en cour de révision.