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Message non luPosté :09 mars 2006, 18:53 
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Selon moi, cette idée est réellement le gros point faible de votre démonstration.
CR avait tout intérêt à donner l'explication à propos de ce que les Aubert disent avoir vu au sujet du type qui escalade le talus en tirant un enfant par le bras.
Si ce type était lui, alors il aurait expliqué que c'était, non pas un enfant qu'il portait ou tirait, mais le produit d'un vol et que ce paquet était encombrant et un peu lourd. Il s'est débarassé plus tard de l'objet en question ou l'a revendu dites vous.

Mais rien durant le procès.
Aurait il oublié cet épisode ? non là ça ne colle pas.
Car il sauvait sa vie en racontant tout.
J'ai déjà répondu sur ce point, JPasc, à la fin de ma réponse concernant le paquet :

"Donc, si j'en reviens à la solution retenue dans ma théorie, je me dis que Ranucci ne fait pas du tout le lien entre l'objet volé (dont il se souvient mais préfère ne pas parler) et l'enfant que les Aubert disent avoir vu. Comme il ne met pas en doute l'existence de cet enfant, et que cet enfant est sûrement Marie-Dolorès, il préfère supposer que l'assassin était près de sa voiture, comme le feront la plupart des innocentistes par la suite."

Comme je le dis dans mon dernier message (au sujet de l'amnésie totale), il ne sait pas qu'il s'est enfui dans les bois avec le paquet, alors il ne fait pas le lien. Pour lui, c'est certain, les Aubert ont vu un enfant. Voici comment il raconte la scène dans son récapitulatif (passage copié depuis le blog de François François) :

« Et, au sortir d'un virage, alors qu'ils se trouvaient entre 50 et 100 mètres de lui, ils virent le véhicule gris arrêté sur le bord de la route, un homme d'une trentaine d'années en chemise blanche était en train d'en sortir par la portière conducteur, il fit le tour du véhicule par l'avant, ouvrit la portière avant droite et en tira un enfant. Alors que l'homme et l'enfant venaient de sauter le fossé et qu'ils grimpaient vers les fourrés, les Aubert purent entendre l'enfant demander à l'homme d'une voix tranquille : « Où va-t-on ? » Quand ils entendirent cela, ils devaient se trouver presque à la hauteur du véhicule arrêté, et leur voiture prête à stopper à cette hauteur, comme ils le firent. (Et le déclarèrent par la suite.) Ils ont vu l'homme et l'enfant grimper dans les fourrés et disparaître derrière la végétation qui faisait écran. »

Il part du principe que les Aubert ont vu une voiture grise, un homme et un enfant. Or, comme je l'ai dit, c'est une hypothèse invraisemblable, car elle ne correspond pas aux témoignages des Aubert. Eux, ils ont vu Ranucci sortir de sa 304 avec un paquet ou un enfant. La seule ambiguité concerne ce que Ranucci sort de sa voiture.

Libre à vous de penser que les Aubert racontent n'importe quoi. Moi, je pars de ce qu'ils disent, je les crois, et je construis ma théorie à partir de ça. De même, pas de magouilles policières. Même les aveux ne sont pas entièrement suggérés, car Ranucci apporte sa contribution, en essayant d'être logique.

Changer toutes les données dès le départ (les témoignages Aubert, la découverte du couteau, la saisie du pantalon) pour faire une théorie innocentiste, c'est trop facile, comme le disait Antoroma.


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Message non luPosté :09 mars 2006, 19:31 
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Vous allez lui faire plaisir parce qu'il a la modestie de croire que sa théorie innocentiste est la meilleure !
Soyons humbles ! sourire
Il ne s'agit pas de se vanter de quoi que ce soit, JPasc. Les autres théories, je les trouve absurdes de bout en bout. Celle-ci ne reprend aucun des éléments cités en préambule et que je considère comme totalement invraisemblables.

Ce que je trouve assez amusant, c'est que c'est un innocentiste qui trouve que ma théorie ne tient pas. Comment pouvez-vous ne pas au moins la considérer comme une nouvelle piste intéressante à fouiller et développer, quitte à l'abandonner par la suite ? Ne pensez-vous pas que les innocentistes ont besoin d'une théorie autre que celles qui ont été jusque là considérées comme de mauvais romans de gare ? Le but est de convaincre les culpabilistes que l'innocence de Ranucci est possible, parce que justement, ils ne le croient pas. Se convaincre mutuellement entre innocentistes convaincus n'a aucun intérêt.

Je l'ai déjà dit : selon moi, les innocentistes s'enferrent dans leurs certitudes qui ne sont en fait que des intuitions : l'homme au pull-over rouge de Marseille est forcément l'assassin, le pull retrouvé dans la galerie appartient forcément à l'assassin, le couteau a forcément été replanté, le pantalon taché est forcément un pantalon de bricolage. On ne peut convaincre personne avec ça, car rien de tout cela n'est démontré. S'en servir comme base de travail m'apparait comme une grave erreur.

Qui faut-il convaincre ? La justice. Peut-on convaincre la justice avec des accusations graves contre la police sans apporter la moindre preuve ? Non.

La théorie que j'ai présentée là, je m'en serais servi pour tenter de défendre Ranucci si j'avais été son avocat et que je l'avais cru innocent (si je l'avais cru coupable, je lui aurais demandé de plaider coupable et de s'en tenir aux aveux pour sauver sa tête). J'aurais d'abord axé la défense sur l'absence de preuves irréfutables (pas d'analyse approfondie des taches de sang, pas de datation de la mort, variations et contradictions des témoignages des Aubert), afin de faire naître un doute. Je n'aurais certainement pas perdu du temps à essayer de coller le meurtre sur le dos d'un autre, et à raconter une histoire à dormir debout. En effet, il suffisait que les Aubert se mettent à gueuler au procès : "C'est bien cet homme que nous avons vu, et non un autre !" pour tout faire tomber. J'aurais demandé à Ranucci de ne pas raconter d'âneries et de me laisser faire : il n'avait qu'à dire qu'il ne se souvenait de rien du tout. J'aurais dit aux jurés que le doute était total, et que ce n'était pas à l'accusé d'apporter la preuve de son innocence, d'autant qu'il n'était pas au moment de l'accident dans un état lui permettant de fournir par la suite des éléments précis permettant de le disculper.

Puisque je ne pouvais pas démontrer que policiers et gendarmes n'avaient pas saisi le pantalon et découvert le couteau comme ils le disaient, j'aurais essayé de faire naître un doute quant au lien de ce couteau et de ce pantalon avec le meurtre, puisque ce lien n'était pas du tout établi. J'aurais également affirmé qu'on avait conclu un peu vite que l'emplacement de l'arrêt indiqué par les Aubert était exactement à l'aplomb du corps, et je me serais appuyé sur les "2 ou 300 mètres" suivis de "50 mètres" dont parlait Aubert, qui ne correspondaient pas à 100 mètres suivis de 300 mètres sur le terrain. J'aurais également rappelé qu'il n'avait pas été prouvé que Marie-Dolorès était morte à l'heure de l'accident, ni même ce jour-là. Et j'aurais demandé l'acquittement.

Après, peu importe que ma théorie soit la bonne ou pas. Il suffisait que je fasse naître le doute en avançant une histoire pas trop invraisemblable, ou tout du moins pas plus farfelue que l'accusation, pour créer le doute, et obtenir soit l'acquittement, soit les circonstances atténuantes.


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Message non luPosté :09 mars 2006, 20:35 
Marc D.,
"Je l'ai déjà dit : selon moi, les innocentistes s'enferrent dans leurs certitudes qui ne sont en fait que des intuitions : l'homme au pull-over rouge de Marseille est forcément l'assassin, le pull retrouvé dans la galerie appartient forcément à l'assassin, le couteau a forcément été replanté, le pantalon taché est forcément un pantalon de bricolage. On ne peut convaincre personne avec ça, car rien de tout cela n'est démontré. S'en servir comme base de travail m'apparait comme une grave erreur. "

Vous ne pouvez pas dire cela de moi car vous le savez, nous nous sommes expliqués sur le rôle du pull over rouge. Nous sommes même d'accord sur le fait qu'il n'a probablement joué aucun rôle, sauf si l'on retrouve du sang de la petite MD dessus évidemment.

je n'ai jamais dit que le couteau avait été replanté mais planté par la police qui avait besoin d'une arme pour crédibiliser l'accusation.
J'ai même émis l'hypothèse du couteau jeté dans le véhicule de CR par le meurtrier et qui s'en débarasse quand il le découvre.
Comme vous le savez, puisque l'on n'a aucune certitude que cette arme est celle qui a tué la petite MD, on peut même envisager que ce couteau n'est pas la propriété de CR qui a finalement nié en être le propriétaire lors de son procès.

Encore une fois, je tiens compte du témoignage des Aubert (même si je suis perplexe sur ce qu'ils ont vu exactement).
Mais si ce n'est pas CR qu'ils ont vu, ce qui n'est pas totalement improbable, alors on peut raisonnablement envisager la présence d'un autre homme présent sur les lieux.
je sais, vous n'aimez pas la piste du chemin de la Doria mais cette idée n'est pas forcément meilleure ou plus mauvaise que la vôtre d 'un point de vue probabilité.


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Message non luPosté :10 mars 2006, 00:20 
Elle n'est pas mal cette hypothése de Marc D. C'est pas une "usine à gaz". Elle est plausible et elle est assez proche de celle que j'imagine, à quelques petites variations près.

Pour moi, Ranucci n'a rien oublié de l'accident de la pomme. Lors de ses premiers aveux devant l'inspecteur Porte, il parle de la portiére bloquée. Dans mon hypothése, c'est une chose que lui seul pouvait connaître. Le blocage de la portiére est une consequence de l'accident. Je crois que dans la champignoniére, il a débloqué la portiére, redressé l'aile et changé la roue. Ce n'est qu"au moment de partir qu'il s'est embourbé. Ensuite, il a du "bagarrer" un bon moment pour s'en sortir, avant de se résigner à aller chercher du secours. je ne pense pas qu'il ai dormi. Il lui a fallu pas mal de temps pour faire tout cela. Nous ne pouvons pas évaluer le temps qu'il lui a fallu pour seulement essayer de se sortir de la champignonnière.

Le paquet, le fameux paquet vu par les aubert. Parmi les objets saisis dans la 304, y avait-il quelque chose qui aurait pu être ce paquet? Je pense tout simplement à la carabine 22LR roulée dans un (deux peut-être) peignoir blanc et rouge il me semble.

Pour le couteau, j'ai déjà écrit plusieurs fois que je pense qu'il est à lui. Qu'il navait aucune raison de s'en séparer aux abords de la champignonnière, ni ailleurs non plus et qu'il avait pu le laisser tout simplement dans sa voiture quand elle a été saisie la première fois. Ce n'est donc pas lui qui l'a planté dans la tourbe et il n'a donc pas pu indiquer l'endroit où il était.

Le pull over rouge appartient peut être à l'assassin, mais il n'a rien à voir avec Ranucci.
Lors du procés, tout a été fait pour que les jurés ne prennent pas conscience de l'importance que pouvait avoir ce pull over.


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Message non luPosté :10 mars 2006, 03:53 
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J'arrive un peu tard, et je suis content de voir que Marc propose une théorie innocentiste, mais elle est quand même très tirée par les cheveux (beaucoup plus en tout cas que celles que vous critiquez, Marc – vous dites d'ailleurs en substance, de manière peut-être cynique : si les policiers avaient cru toutes ces sornettes de pull-over rouge, de Simca, de Spinelli etc..., on en serait sans doute encore à chercher le coupable, on n'aurait jamais arrêté Ranucci : ben oui, justement !). Sans même parler des histoires de coïncidences ou d'invraisemblances (l'homme au pull over-rouge qui décide, la nuit, de tuer la petite au bord de la route...), on peut dire ce qu'on veut du témoignage des Aubert (je suis le premier...), mais si on a retrouvé le corps de MD, c'est, de manière indiscutable, grâce à eux, et à personne d'autre. C'est donc, quasi certainement, qu'ils ont vu un enfant, et non un paquet, et qu'ils en étaient assez convaincus pour réussir à mobiliser toute une escouade de gendarmes (qui ont dû recevoir bien des appels à cette période-là). On ne peut pas dire : "Une fois que le corps a été découvert, ils ont chargé leur version des faits", parce que s'ils ne l'avaient pas chargée avant, s'ils avaient juste dit "On a vu un homme avec un paquet", les gendarmes ne se seraient jamais donné la peine de venir en masse, ça me semble une évidence.


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Message non luPosté :10 mars 2006, 08:09 
Si l’on admet que la carabine 22LR que Ranucci avait dans sa voiture, peut être le « paquet volumineux » que les Aubert ont vu, leur témoignage, dans sa deuxième version, devient tout à fait compréhensible.
Après l’accident Ranucci se sauve en direction de Marseille. La voiture fait un « bruit d’enfer », il est obligé de s’arrêter. Il s’arrête. Il veut descendre de voiture, mais sa portière, côté conducteur, est bloquée. Il descend donc par celle côté passager. Il referme la porte. Peut-être même qu’elle se referme toute seule. En effet, la voiture est dans une légère montée et de son propre poids, la porte a pu se refermer. Il fait le tour de la voiture pour aller constater les dégâts et voir pourquoi il y a ce bruit.
C’est pendant qu’il est sur la route, sur le côté gauche de la voiture que les Aubert débouche du virage et s’arrête à 100 m de la 304. Ils voient Ranucci sur la gauche de la voiture, ce qui leur fera croire qu’il vient de descendre de ce côté de la voiture, donc par la portière conducteur.
Ranucci s’affole. Il a peur. Il faut fuir. Il fait le tour de la voiture en passant sur l’avant. Il ouvre la portière passager et se saisit de la carabine enveloppée dans un peignoir, qui devait être à l’arrière, sur le sol ou sur la banquette, puis il se sauve dans le bois.
C’est cette scène que les Aubert ont vue.
Il prend la carabine, parce qu’il a vraiment très peur. Si jamais, quelqu’un le poursuit dans le bois, il pourra ainsi le maintenir à distance.
Dans le bois, il ne voit pas ou très mal ce qui se passe sur la route. Par contre il entend bien que la voiture des Aubert s’en va. Peut être a-t-il entendu et donc compris que cette voiture a fait demi tour 50m plus haut, c’est arrêtée à nouveau à côté de la 304, puis est partie. Peut être a-t-il cru, plus simplement, que c’était une autre voiture.
Il est aux aguets, en bordure du bois. Dés qu’il n’entend plus rien, il redescend vers sa voiture, et repart pour prendre le chemin de la champignonnière.


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Message non luPosté :10 mars 2006, 08:31 
Le 5 juin, en début d'après midi, les gendarmes viennent "en force" pour faire une opération de ratissage. A ce moment là, les Aubert n'ont encore pas parlé d'enfant. C'est Martinez qui, ayant eu connaissance de l'enlévement de Marseille, a fait le rapprochement et a rappelé les gendarmes de Greasque pour dire que finalement dans la voiture accidentée, "il y aurait pu y avoir un enfant".
Les gendarmes ont déployé les grands moyens, parce qu'ils devaient le faire. Sur cette piste, il avait au moins la concordance de la couleur, de la "forme" de la voiture et d'un homme jeune. Mais croyaient-ils à 100% qu'ils étaient sur la bonne piste?
Je pense que non. Suite au délit de fuite, ils avaient prévenu les autorités niçoises de rechercher le conducteur du véhicule 304 immatriculé.......etc.
Mais à quel moment, vont-ils prévenir les même autorités pour leur signaler que le conducteur de la voiture est recherché pour des choses beaucoup plus graves ? Seulement quelques minutes après la découverte du corps.
A ce propos, j'ai dans l'idée que le gendarme qui a passé le message radio vers Nice (ce n'est pas le Capitaine Gras) depuis la voiture restée sur la route vers le Lieu du crime, a aussi trouvé le pull over rouge. C'est ce qui pourrait explquer la piste suivie par le chien.


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Message non luPosté :10 mars 2006, 08:50 
Arlaten :
"Ranucci s’affole. Il a peur. Il faut fuir. Il fait le tour de la voiture en passant sur l’avant. Il ouvre la portière passager et se saisit de la carabine enveloppée dans un peignoir, qui devait être à l’arrière, sur le sol ou sur la banquette, puis il se sauve dans le bois.
C’est cette scène que les Aubert ont vue.
Il prend la carabine, parce qu’il a vraiment très peur. Si jamais, quelqu’un le poursuit dans le bois, il pourra ainsi le maintenir à distance."

J'ai lu votre hypthèse mais vous ne trouvez pas que c'est un peu exagéré comme réaction ?
Pour avoir grillé un stop, il s'affolerait à tel point qu'il prendrait sa carabine et serait donc prêt à s'en servir si on l'embêtait un peu ?
Ca aggraverait sérieusement son cas. Délit de fuite, usage d'arme.
Est ce que CR a un tempérament violent ? je ne suis pas certain de cela.

Et puis, la découverte du corps de la petite ne serait donc qu'une coïncidence ? ce n'est pas impossible mais quelle malchance terrible quand même.


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Message non luPosté :10 mars 2006, 09:07 
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Bonjour,
Une ivresse éthylique aiguë peut s'accompagner d'une amnésie partielle de certains évènements, c'est vrai.
Mais effacer tout souvenir sur une période aussi longue, non.
Ranucci conduisait mal mais conduisait. Il me semble impossible qu'il n'ait aucun souvenir notamment des moments où par définition tous ses sens ont dû être en éveil pour fuir, en voiture puis à pied. S'il est assez conscient pour penser à prendre son fameux paquet, alors il est peu vraisemblable qu'il ne s'en rappelle pas.
Par ailleurs, à ma connaissance, il n'y a qu'à son avocat qu'il a dit avoir beaucoup bu (encore n'est il pas évident qu'il en ai parlé à plusieurs reprises), et il en parle aussi dans le récapitulatif.
Pas une évocation lors du procès.
Qu'il cherche à le cacher aux gendarmes de Nice: OK, il veut sauver son permis.
Mais après, entre sa tête et son permis, le choix semble facile.
S'il veut vraiment que l'on croit à son innocence, il ne peut pas cacher qu'il n'a aucun souvenir parce qu'il avait bu.
Si éventuellemnt on peut imaginer que pendant les aveux il reconstitue les choses en confrontant sa logique à ce qu'on lui raconte, après c'est invraisemblable: quand il revient sur ses aveux, il peut dire qu'il y a un trou noir complet. Or il ne le fait pas: le trou noir est précis: il commence quand il arrête sa 304 dans les bois de Peypin, et se termine, allongé sur la banquette arriuère dans la champignonnière.
En fait, je n'avais pas tiqué à ma première lecture du livre de Perrault, mais en le relisant il y a quelques semaines, c'est une des choses qui m'a frappé: la façon dont apparemment il a parlé de sa perte de connaissance sonne faux.


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Message non luPosté :10 mars 2006, 09:22 
Selon moi, la seule explication que j'ai est une défense maladroite.
Il ne veut pas se souvenir ou veut faire croire qu'il ne se souvient pas de certaines choses, parce que s'il dit la vérité, il sait qu'on ne le croira pas.
Alors il invente une explication farfelue et maladroite.
Quand la police est certaine que vous êtes coupable, elle ne veut plus rien entendre qui vous disculpe. Il ne faut dire que des choses qui confortent votre culpabilité.

Ca me rappelle l'affaire Seznec, quand Guillaume Seznec raconte en 1953 que lorsqu'il est sorti du restaurant à Houdan avec Quémeneur, ils sont repartis ensemble dans la Cadillac, qu'ils ont fait une embardée dans le fossé au bout de quelques centaines de mètres, et que là une voiture est arrivée à leur hauteur, un type plutôt athlétique a emmené Pierre Quémeneur dans ce véhicule qui aurait crié à Gullaume :"Guillaume, ne m'attends pas, rentre en Bretagne".
Quand le journaliste reçoit cette confidence, il est très étonné et lui demande pourquoi il ne l'a pas dit aux policiers. Guillaume Seznec lui répond :"Je l'ai dit mais le commissaire ne m'a pas cru".

Vous voyez le parallèle ?


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Message non luPosté :10 mars 2006, 10:54 
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Enregistré le :23 févr. 2006, 17:28
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Une défense maladroite, je suis bien d'accord.
Au passage j'ai fait une erreur: il semble bien que Ranucci ait parlé de sa possible imprégnation éthylique dès ses 1ères entreveues avec Me Le Forsonney, et qu'il en ait régulièrement reparlé.

Marc, j'ai relu le PV de son audition à la gendarmerie de Nice. Rappelons que ses interlocuteurs savent de quoi il est soupçonné, mais ne connaissent pas les détails. Donc ce qui est noté dans le PV vient bien de Ranucci, et ne lui est pas suggéré. Bien sûr il peut cacher qu'il ne se rappelle pas de grand chose, s'il craint pour son permis; mais cependant son récit ne semble pas si confus, ni reconstitué par sa logique à partir de ce qu'on lui dit... puisqu'on ne peut (probablement) pas lui dire grand chose. J'ai aussi relu ce qu'il dit à Me Le Forsonney (+ exactement, ce que celui-ci rapportera à Perrault de leur entretien). Il situe très précisément le trou noir entre l'arrêt de sa voiture et la champignonnière. Il ne dit pas n'avoir aucun souvenir de ce qui précède. Dans le cabinet du juge comme pendant la reconstitution, il revient très longuement sur l'accident, pour en contester le déroulement, ce qui suggère qu'il s'en rappelle assez précisément. Vous le voyez, je suis très géné par cette amnésie très sélective...

Chrystelle, je suis bien médecin mais non psychiatre. De plus je n'ai pas pu retrouver le détail des expertises psychiatriques. Au passage, si quelqu'un les a...
Il a son 1er entretien avec un psychiatre dès le 7 juin.
S'il est innocent mais croit sincèrement à sa possible culpabilité, il peut être logique qu'il réïtère ses aveux. Le rapport mentionne que Ranucci parle facilement, s'explique facilement, sauf quand certains points sont abordés. Celà permet au moins d'affirmer qu'il ne se contente pas de répondre par oui ou non, comme (peut-être) chez le juge d'instruction. Parle t'il d'éléments nouveaux? Je n'en sais rien. J'ai lu quelque part que c'est là qu'il dit avoir le couteau depuis un an. Est-ce certain?
Dans le POR, Perrault explique longuement pourquoi il trouve scandaleux que le rapport des psychiatres commence par un exposé des faits selon le version de la police, mais ne détaille que très, très peu ce que dit Ranucci. C'est dommage.
Perrault (je n'ai pas d'autre source pour le rapport des psychiatres, désolé!) sous-entend aussi que le dialogue rapporté fait très vécu, très language d'un jh de 20 ans, au contraire des PV de police et d'instruction; mais il sous-entend aussi que faute de magnétophone (illégal) et le psy ne maniant probablement pas la sténo, le dialogue est forcément reconstitué. En fait, je vais avoir ma minute suspisciono-complotisto-paranoïde: j'ai vraiment très envie de lire ce rapport, et notamment ce que dit Ranucci!
Le rapport des experts psychiatres résume plusieurs entretiens, je suppose. Donc difficile de faire la part entre ce qui est dit dès le 7 juin et ce qui sera évoqué plus tard. Le rapport suggère que l'amnésie est simulée car Ranucci montre de la réticence et de la méfiance à aborder certains éléments. Il est vrai qu'il peut être inquiet et qu'il n'est pas dans le confort douillet d'une cabinet de psychiatrie, comme le dit Gilles Perrault. Inversement les psychiatres experts ont l'expérience des entretiens avec les détenus, et ne sont peut-être? probablement? pas confrontés pour la 1ère fois à un détenu qui allègue une amnésie des faits.
Il leur est sans doute aussi difficile de faire abstraction de ce qu'ils considèrent Ranucci comme l'auteur du meurtre.
La psychiatrie n'est pas une science exacte. Les erreurs d'experts et les désaccords entre experts ne sont pas rares. Je crois vraiment difficile d'en tirer une conclusion objective.


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Message non luPosté :10 mars 2006, 20:12 
PIF :
"S'il est innocent mais croit sincèrement à sa possible culpabilité, il peut être logique qu'il réïtère ses aveux. Le rapport mentionne que Ranucci parle facilement, s'explique facilement, sauf quand certains points sont abordés. Celà permet au moins d'affirmer qu'il ne se contente pas de répondre par oui ou non, comme (peut-être) chez le juge d'instruction."

absolument d'accord avec cela. Je pense qu'il est tellement soulagé psychologiquement que l'interrogatoire soit terminé qu'il réitère ses aveux, car il veut sans doute qu'on lui fiche la paix. Cet interrogatoire à l'Evéché a duré 12 heures sans compter la pression qu'il doit commencer à ressentir au commissariat de Nice.


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Message non luPosté :10 mars 2006, 22:58 
Citation :
J'ai lu votre hypthèse mais vous ne trouvez pas que c'est un peu exagéré comme réaction ?
Pour avoir grillé un stop, il s'affolerait à tel point qu'il prendrait sa carabine et serait donc prêt à s'en servir si on l'embêtait un peu ?
Ca aggraverait sérieusement son cas. Délit de fuite, usage d'arme.
Est ce que CR a un tempérament violent ? je ne suis pas certain de cela.
Bien sur que pour nous cette réaction est exagérée, mais elle l'est, dès le délit de fuite.
Quand des gens ordinaires, normaux (pas des malfrats), sont dans une situation de crainte pour leur vie ou celle de leur proche, il peut leur arriver d'acheter une arme. Ce n'est pas parce qu'ils sont violents, c'est parce qu'ils ont peur et qu'ils veulent pouvoir se défendre. Le commerçant qui tire sur son agresseur, n'est pas un violent dans la plupart des cas. Il a l'arme et il s'en sert pour se défendre.
Pour Ranucci, la carabine est là, à l'arrière, dans sa voiture. En voyant le véhicule des Aubert, il a peur, c'est incontestable, puisqu'il va s'enfuir dans le bois. Il s'empare de la carabine. Peut-être ne voulait-il pas tout simplement que les Aubert puissent voir cet objet qui pouvait paraître compromettant. Je ne le crois pas trop, car la carabine était roulée, donc cachée dans le peignoir. Je crois plutôt qu’il l’emmène pour protéger sa fuite. Si quelqu’un le suit, il le menacera juste pour le tenir à distance. Et puis elle n’était peut-être pas chargée cette carabine ?
Citation :
Et puis, la découverte du corps de la petite ne serait donc qu'une coïncidence ? ce n'est pas impossible mais quelle malchance terrible quand même.
Et oui, s’il est innocent, c’est exactement cela. Il était au mauvais endroit, au mauvais moment. Encore que le mauvais moment, nous ne savons pas, car l’heure du décès de la fillette n’a pas été établi précisément.
Citation :
J'ai aussi relu ce qu'il dit à Me Le Forsonney (+ exactement, ce que celui-ci rapportera à Perrault de leur entretien). Il situe très précisément le trou noir entre l'arrêt de sa voiture et la champignonnière.
J'ai cru un moment aussi que Ranucci avait "un trou noir" que durant cette période. Pourtant, à l'évidence, il a oublié beaucoup d'autres choses, sans rapport avec l'assassinat et notamment des choses qui pouvaient éventuellement le disculper.
Le trou noir, est placé sur cette période entre l'arrêt de sa voiture et la champignonnière, parce que c'est le moment où les policiers veulent que le Ranucci coupable leur donne des détails que seul le coupable doit pouvoir connaître et qu'il ont en face d'eux, un Ranucci innocent, qui est incapable de leur donner les détails qu'ils attendent.
Il semble qu’il n’a pas de trou noir par rapport à l’enlèvement. Pourtant en dehors des aveux et du plan, il n’y a absolument rien qui puisse montrer qu’il en soit l’auteur. Là, les policiers ont le témoignage du petit Jean. Du moins, ils gardent une partie de son témoignage. Avec les aveux et le plan, cela leur suffit, ils en savent assez. Il y a des incohérences, mais peut importe
La reconstitution, qui n’a pas eu lieu à la cité Sainte Agnès, montre bien, que l’on ne souhaitait pas en savoir plus sur cette partie du dossier.
Citation :
S'il est innocent mais croit sincèrement à sa possible culpabilité, il peut être logique qu'il réïtère ses aveux. Le rapport mentionne que Ranucci parle facilement, s'explique facilement, sauf quand certains points sont abordés. Celà permet au moins d'affirmer qu'il ne se contente pas de répondre par oui ou non, comme (peut-être) chez le juge d'instruction. Parle t'il d'éléments nouveaux? Je n'en sais rien. J'ai lu quelque part que c'est là qu'il dit avoir le couteau depuis un an. Est-ce
certain?
Si comme vous l’écrivait, «Le rapport mentionne que Ranucci parle facilement, s'explique facilement, sauf quand certains points sont abordés.» cela peut vouloir dire aussi, que pour certains points, notamment ceux ayant un quelconque rapport avec l’enfant, il ai pu répondre par « oui ou par non ». C’est vrai que devant le médecin, il n’y avait pas la même pression que devant les policiers ou devant la juge et que de ce fait, la discussion devait être plus facile.
Il serait intéressant de pouvoir consulter les rapports des experts, ne serait-ce que pour vérifier comment ont été abordé les analyses. D’après Gilles Perrault, pour les médecins, la culpabilité de Ranucci était acquise et de ce fait, ils n’ont pas été dans le sens de la mission qui leur a été confiée.


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Message non luPosté :11 mars 2006, 14:28 
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Je me permets de reprendre sur ce fil une supposition que j'avais émise il ya quelques mois.

S'il faut à mon avis écarter une amnésie suite à un quelconque "coma éthylique" ( très difficilement envisageable d'un point de vue physiologique ), le trou noir de CR, très ciblé ( entre l'arrêt de la voiture après sa fuite et son réveil dans la champignonnière ), ne pourrait -il pas correspondre à une amnésie psychogène, en particulier à une amnésie d'autodéfense.

Ce type d'amnésie, bien réelle, se traduit par une sorte d'enfouissement des faits, de perte de mémoire sélective suite à un choc psychologique extrèmement violent et pénible pour le sujet (par exemple dans le cas d'un adulte qui aurait été violé enfant ). C'est une sorte d'autodéfense mécanique. On retrouve ce type d'amnésie dans le cas de certains meurtriers ayant commis leur crime sous l'emprise de pulsions. Leur refus d'admettre les faits (impossibilité de croire qu'ils aient été capable de commettre un crime ), les amène à "oublier" le crime et à le nier.


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Message non luPosté :11 mars 2006, 14:46 
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Enregistré le :17 juil. 2005, 22:20
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Votre hypothèse est tout-à-fait possible mais cela ne nous dirait pas si Ranucci aurait été auteur ou spectateur du crime. L'amnésie pouvant également se déclencher lorsqu'on voit quelque chose de trop perturbant.
Cordialement


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