Citation :
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Une chose à la fois.
C'est plus important de décharger un innocent que de rechercher le vrai coupable.
Je pense qu'au moins 3 pièces au dossier contredisent formellement tes 2 assertions suivantes :
- "Les "aveux" de ranucci ne coïncident ni avec les conditions de recherche ni avec les conditions de découvertes du couteau. C'est un fait".
- "Aucun élément vérifiable ne permet d'affirmer que Ranucci a fourni les détails pour retrouver le couteau. C'est fait".
1/ PV de gendarmerie (Compagnie d'Aubagne / Brigade de recherche) n° 610/5 (intitulé "Procédure d'enquête préliminaire / PV de saisie"), cote D46, signature et rédaction terminée par l'Adjudant Monnin le
6 juin 1974 à 20h00.
Lignes 12 à 19 : "A dix-sept heures trente, nous nous transportons sur un terre-plein précédant l'accès à la champignonnière et à l'aide d'un appareil de détection électro-magnétique, nous effectuons des recherches aux fins de découvrir un couteau ayant servi à RANUCCI pour commettre son crime. Après plusieurs recherches, nous découvrons ce couteau enfoui dans du fumier et sous vingt centimètres d'épaisseur, dans la partie NORD-EST du tas de fumier".
2/ PV de 2ème comparution de CR devant Melle Di Marino, le 7 juin 1974.
Lignes 3 à 10 : "Ce couteau m'appartient, je le reconnais, c'est le couteau dont je me suis servi pour frapper la fillette. Comme je vous l'ai déjà déclaré, je m'étais débarrassé de ce couteau après les faits en le jetant dans la tourbe près de la galerie où je m'étais rendu après les faits. Comme je vous l'ai déjà déclaré, j'avais enfoui ce couteau dans la tourbe en lui donnant un coup de pied".
3/ Interrogatoire récapitulatif par Melle Di Marino le 27/12/1974 (avocats absents).
Page 11, après s'être rétracté par rapport à ses aveux de l'enlèvement et du meurtre (il reconnaît quand-même qu'il s'est bien rendu à l'endroit qu'il a désigné sur le croquis), CR déclare, lignes 13 à 21 :
"Je reconnais par contre que c'est bien moi qui ai indiqué aux enquêteurs à quel endroit était le couteau m'appartenant et que vous m'avez montré lorsqu'il a été retrouvé. Mais par contre, je ne sais pas ce que j'ai pu faire avec ce couteau. Je ne me souviens pas avoir enlevé quiconque; je ne me souviens pas avoir frappé quiconque".
On peut noter au passage que CR fournit un détail que lui seul pouvait connaître : il s'est débarrassé du couteau en tapant dedans d'un coup de pied.
Et dans le récapitulatif, CR se rétracte sur tout, sauf sur ce point, après avoir déclaré à un moment "je ne suis d'accord avec rien".
Au point où on en est, prenons acte de ce que nous ne sommes pas d'accord sur ce point. Pour moi, c'est un fait quaisment acquis : CR a bien indiqué aux policiers, l'endroit où il s'est débarrassé du couteau.
Et ce n'est pas parce que ces derniers pas fait leur boulot totalement "dans les règles de l'art" sur ce point, qu'ils lui ont forcément fait avouer un mensonge.
A côté de ça (et ça me paraît bien plus intéressant que de contester ce fait), je dis que cet un "indice grave et concordant", mais pas une preuve absolue selon laquelle CR aurait tué la gamine avec ce couteau.
Toujours dans une hypothèse compliciste (avec bien sûr, un "scénario" à construire), CR s'est peut-être retrouvé avec son couteau tâché de sang dans sa poche, ou dans son coffre. Voyant du sang sur la lame, il prend peur, et de façon plutôt irrationnelle, il se débarrasse du couteau, à l'endroit qu'il a indiqué.
Il m'est même arrivé de penser que le fait qu'il s'en débarrasse à cet endroit, et l'indique aux policiers, pouvait être une preuve paradoxale de son innocence. Car je pense qu'un vrai assassin ne s'en serait pas débarrassé à cet endroit, et n'aurait jamais rien indiqué aux policiers, même après les 1ères conclusions du Dr Vuillet (c'est aussi la différence que je ferais entre un assassin, et un meurtrier, ayant éventuellement tué suite à un affolement).