Décidément, les décès se multiplient...vous me direz que ce n'est pas fini, vu que cette affaire remonte à plus de 30 ans et que les différents protagonistes avaient tous plus de la trentaine dans les années 70...
Bref.
Un nouveau décès qui m'attriste parce qu'il montre à quel point le temps passe vite. Ce décès illustre plus que jamais le fait que nous avons une grande responsabilité à travers cette affaire aujourd'hui. Il semble evident que cette affaire présentera de plus en plus un caractère historique et que nous en sommes tous ici les mémoires dont nous devrons nous montrer dignes et fidèles, pour qu'elle ne sombre pas dans l'oubli et pour que, peut être, il soit encore possible d'avancer sur les zones restées dans l'ombre.
Voilà pourquoi, je ne crois pas nécessaire de nous diviser, de nous quereller sur le passé de cette femme dont finalement nous ne connaissions ni la vie, ni les états d'âme ni les motivations et tracas. Nous ne connaissons pas à la vérité les raisons qui ont justifié cette décoration.
Ne pensez vous pas qu'il soit possible, justement, à défaut d'en savoir plus, de lui accorder sur ce point le bénéfice d'un doute qui a été justement refusé à Ranucci? Sans cela, je redoute que cela soit la preuve que nous n'aurions rien appris de ces années écoulées et de certaines injustices constatées et que nous soyions également prêts à renouveler l'injustice y compris sous une autre forme.
Très honnêtement, si cette affaire souffre la critique, je crois que cela dépasse largement le cadre d'une personne.
C'est un système qui peut être remis en cause, revu, corrigé. Un mode de pensée même.
Il est tout aussi possible de critiquer, en ce cas et dans un autre cadre, les personnes qui étaient favorables à la peine de mort dans les années 70. Sauf que leur chemin de pensée était certainement largement conditionné, voire dirigé notamment par quelque bonne politique sécuritaire. Au final, les accabler ne conduit à rien, ne démontre rien et n'apporte rien.
Pour ce qui est d'Ilda Di Marino, réduire la personne qu'elle était à ce que nous avons lu d'elle à travers des actes de procédure nécessairement judiciaires et froids me gêne. Sommes nous sûrs pour commencer qu'elle a bien tout maîtrisé? Que savons nous d'autre part de ses réflexions des années plus tard sur son métier, sur cette affaire en particulier?
Je ne cautionne pas son travail effectué dans le cadre de cette affaire, soyons clairs. J'ai la faiblesse d'espérer que j'aurais fait mieux sur certains plans, mais peut être aussi aurais je fait pire sur d'autres, dans une affaire où je le pense, elle ne maîtrisait sûrement pas tout.
Je présente mes condoléances à la famille de cette dernière et souhaite avant tout qu'elle puisse reposer en paix.
Pour ce qui est des décorations (mais je précise que je ne parle pas d'Ilda Di Marino pour laquelle je ne fais pas pas l'amalgame puisque je ne la connaissais pas), je vous confirme largement ( c'est un secret de polichinelle d'ailleurs) qu'un certain nombre ne sont pas accordées au mérite, du moins au sens où nous l'entendons souvent. N'oublions pas qu'il y a le mérite au sens de service à la Nation, notamment pour des actes de bravoure ou d'honneur tels qu'on les imagine communément, et d'un autre côté les actes de loyauté, les remerciements pour services rendus à l'Etat.
Personnellement, là où le procédé me gêne c'est lorsque ce type de décoration est accordé non plus aux fins de remerciement pour services rendus à l'Etat mais plutôt pour services rendus envers ceux qui le dirigent, telle une caresse ou une friandise destinée à effacer les sacrifices ou les derniers états d'âme de celui qui choisit de faire allégeance, souvent même de mon point de vue, au détriment de l'intérêt collectif ou de l'avenir de la Nation. C'est logique puisque dans le cadre, l'objectif n'est plus de servir l'Etat mais certains de ses gouvernants pour les intérets politiques ou personnels de ces derniers. Et dans ce dernier cas, cela me déplaît. J'y vois un dénaturement, une corruption, bref un manque de crédibilité. La décoration, par procédé d'adoubement, me rappelle aussi une forme des anoblissements d'antan. Oui. Sauf qu'il faut en être digne et vraiment digne et ne pas oublier qui on sert et pour quoi on sert. Enfin, de mon point de vue.
Bref, je suis personnellement gênée par la contradiction que je relève trop souvent entre d'un côté le fait de critiquer un régime de royauté, dans lequel certaines pratiques de ce type existent nécessairement, et de l'autre défendre la république, ses valeurs, sans toutefois y adhérer à travers ce type d'actes en pareilles circonstances.
C'est en définitive tout un système qu'il faudrait revoir et corriger si nous en sommes choqués. _________________ "ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort."
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