Citation :
Doornroosje:
Qui a écrit "L'histoire du SAC" ? Votre nom y apparaît chaque fois, mais je crois plutôt que c'est une autre personne.
Je voulais fractionner l'extrait, pour que le lecteur forumeur puisse se ménager des pauses et visionner mieux le déroulement de cette nuit bleue. J'ai donc ajouté des titre à chaque partie de l'extrait et mis dans un crochet mon pseudo pour que l'on voit que les titres étaient une initiative tout ce qu'il y a de personnel.
Citation :
Doornroosje:
Pardon, j'ai mal lu. Le meurtre n'a pas été prévu selon votre hypothèse.
Bien sûr que non, MD Rambla devait-être relâcher très vite.
Citation :
Doornroosje:
Je ne vois non plus pourquoi l'homme au POR ne pourrait pas être un pédophile,ou un pervers qui est membre du SAC.
Une des preuves selon moi qu'il n'est pas pédophile, c'est qu'il n'éprouve aucun plaisir à jouer le satyre. Les petites Albertini sont catégoriques: l'homme n'avait pas d'érection.
Citation :
[Extrait de l’ouvrage ‘’Histoire du SAC , la part d’ombre du Gaullisme’’ pages 174 à 177 ''La nuit bleue marseillaise du 20-21 mars 1974'' :[/b]
…C’est dans ce contexte troublé qu'eut lieu la nuit bleue. S'agissait-il du baroud d'honneur d'un Gérard Kappé disposant encore du soutien des gros bras marseillais, d'un règlement de comptes entre extrême gauche et extrême droite locales ou, comme le pensait Libération d'une tentative organisée pour susciter un réflexe de peur dans la majorité silencieuse en plein contexte électoral ?
C'est Gérard. Kappé qui en 1974 dirige le SAC pour la zone Provence-Côte d'Azur. Le siège est à Marseille. Lorsque Pasqua (co-fondateur du SAC) est monté à Paris pour intégrer le commandement du SAC dans les années 60, c'est G. Kappé son lieutenant qui l'a succédé à Marseille.
G. Kappé, tout comme C. Pasqua est un gaulliste pur et dur. Mais il est connu aussi pour être un individu qui ''flirte souvent avec la folie''.
Ecoutons Gilbert Lecavelier qui a fait partie du commandement du SAC à Paris, et qui était plus précisément responsable d'une cellule du SAC en liaison permanente avec le commandement des RG situé lui aussi à Paris.
Citation :
Extrait de ‘’Aux ordres du SAC de G. Lecavelier :
GÉRARD KAPPE : Environ 50 ans. 1m80 mètre... Solidement charpenté.,. Anticommuniste convaincu. Dirige durement le S.AC de Marseille…
G. Lecavelier nous livre ci-dessous une anecdote qui met à jour la grande mégalomanie du personnage et également les rapports de supériorité et d'impunités qu'il a su créer vis à vis de la police marseillaise.
Citation :
Extrait de ‘’Aux ordres du SAC’’ de G. Lecavelier :
Une anecdote illustre assez bien les manières du personnage, sa puissance et sa respectabilité dans la ville de Marseille. Deux mois après ses facéties guerrières, je l'invite à dîner avec trois de ses amis dans un restaurant très coté de la Roche Rouge Capelette, sur le bord de mer. Au cours du repas, un petit groupe de personnes pénètre dans l'établissement et s'installe à l'autre bout de la salle... Soudain, Kappé sort son revolver de dessous sa veste, en ôte une balle et appelle un serveur. Il glisse la balle dans la main de celui-ci (qui ne s'émeut pas outre mesure, sachant de toute évidence à qui il a affaire) en disant :
« Va donner ça au monsieur, là-bas ! »
Une minute plus tard arrive le destinataire de l'objet, complètement affolé. Je suis tellement sidéré que la conversation me restera gravée dans la mémoire.
« Mais enfin, monsieur Kappé, qu'est-ce que je vous ai fait ? Je ne comprends pas ! »
« C'est rien, monsieur le commissaire, c'était une farce ! Je voulais vous saluer et vous présenter un ami parisien » ! (Moi, en l'occurrence).
L'homme — son soulagement est à présent manifeste — n'est en effet autre que le commissaire adjoint de l'Évêché, à la direction de la police judiciaire... Il nous offre une tournée puis repart tout content vers ses amis, sans que je puisse m'empêcher d'imaginer qu'à Paris, la même scène nous vaudrait une mise en garde à vue immédiate.
Fin mai début juin est une période difficile pour le SAC en général. En effet, Giscard vient de gagner les élections et les Gaullistes ont donc perdu le pouvoir. Le SAC se sent sur la brèche. Quel va être l'attitude de Giscard par rapport à cette officinne où l'on trouve de tout: des anciens de l'OAS, des barbouzes, des gens de l'extrême droite, des anciens repris de justices, des gens du milieu, des policiers, des militaires (gendarmes compris, ...
Localement, le SAC de Marseille, depuis le début de l'année 74, traverse une crise qui le frappe en plein coeur, puisque son chef, G. Kappé, est accusé d'être l'instigateur de ''l'opération des stades''.
Citation :
Interview de F. Audigier qui a écrit ‘’Histoire du SAC , la part d’ombre du Gaullisme’’ :
Le 25 février 1974, Libération publia un document censé émaner du SAC marseillais et daté du 25 mai 68 (1). Selon ce texte, Gérard Kappé, chef du SAC local, avait envisagé avec la collaboration de la DST de regrouper préventivement les militants de gauche de la région dans des stades ! Le 14 mars, le même quotidien gauchiste présenta un autre document concernant la ville de Grenoble et impliquant toujours le SAC et la DST. On apprenait que le service d’ordre, en liaison avec le contre-espionnage, avait prévu de rafler dans 41 villes de France près de 50 000 personnes connues pour leurs prises de position politique ou syndicale.
L’affaire connut un écho immédiat à gauche. Fin février 1974, le Canard Enchaîné reproduisit une partie de la liste en laissant entendre que l’opération n’avait pu être décidée sans l’accord de Jacques Foccart et sans l’approbation du ministre de l’Intérieur de l’époque, Christian Fouchet (3).
Le 4 mars, François Mitterrand affirma publiquement que ces révélations ne le surprenaient pas. Selon lui, « un régime fondé sur des complots, sur la conjuration, sur les services secrets et le développement des polices parallèles » ne pouvait se débarrasser de ses mauvaises habitudes lorsqu’il se trouvait menacé. Ce scandale validait sa thèse du « coup d’Etat permanent ».
Le 7 mars, Gaston Defferre, député-maire socialiste de Marseille et qui avait en tant que directeur du Provençal donné localement à l’affaire une grande publicité, exprima à son tour son indignation dans Libération. En face, les réactions semblaient embarrassées. La rue de Solférino ne porta pas plainte pour diffamation tandis que Christian Fouchet, interrogé le 5 mars, se contenta d’affirmer qu’il « ne se souvenait pas » avoir demandé à ses services de fournir au SAC des listes de personnalités à enfermer. Exaspéré par le mutisme du pouvoir devant un apparent scandale d’Etat, le député de la Drôme et porte-parole du parti socialiste, Georges Fillioud déposa les 5 et 11 mars au Parlement deux questions écrites au Premier Ministre. Il s’interrogeait sur les conditions dans lesquelles la direction de la DST avait pu fournir des renseignements à une organisation politique, évoquant en matière de collaboration DST-SAC un précédent remontant au putsch des généraux en avril 1961.
A cette époque, Kappé n’a eu de cesse de clamer haut et fort qu’il n’avait jamais fromenter une telle chose. il se savait ‘’foutu’’. En haut lieu, on n’allait certainement le lâcher. Peut-être même a-t-il pensé, à tord ou raison que c’était la ‘’maison mère’’ du SAC elle-même qui avait décidé de se débarrasser de lui.
Il faut dire qu’il n’était peut-être plus en odeur de sainteté par les parisiens et certains membre du SAC marseillais tellement il fut l’instigateur de nombreux coups tordus, affaires et magouilles. A la fin il devait déranger beaucoup de monde. D’ailleurs, je crois que Debizet, le numéro 2, (le numéro 1 étant Foccard), le poussera à démissionner, il me semble, quelques temps plus tard.
Mais qui avait pu fabriquer un tel faux document compromettant ?
Citation :
Interview de F. Audigier qui a écrit ‘’Histoire du SAC , la part d’ombre du Gaullisme’’ :
Dominique Calzi, un ancien du SAC en rupture de ban avec son organisation depuis la fin 1971, se trouvait à l’origine du « scoop ».
Sous le pseudonyme de Patrice Chairoff, il revint sur cette affaire en 1975 dans un brûlot présentant les dessous crapuleux et barbouzards du service d’ordre (2).
A le croire, le SAC disposait depuis quelque temps de listes de militants d’extrême gauche et de syndicalistes fournies par la DST. Cette dernière avait demandé au SAC d’actualiser les adresses des « suspects », d’où sur le document les mentions « origine liste : DST » et « vérifications : effectuées - à faire (mention inutile à rayer) ». Les documents semblaient authentiques avec leur timbre « diffusion restreinte »et leur numéro d’ordre de mission. Dans le cas de Marseille, les opposants devaient être « regroupés au stade Vélodrome en cas de clash ou sur ordre de Paris », sans « brutalités inutiles » et en présentant « l’internement comme une mesure passagère ». En 1968, l’opération s’inspirait du putsch des colonels grecs d’avril 1967 quand le stade Olympique d’Athènes avait été transformé par les militaires en « centre de tri et de clarification ».
Mais la supercherie fut mise à jour quelques années plus tard.
Citation :
Interview de F. Audigier qui a écrit ‘’Histoire du SAC , la part d’ombre du Gaullisme’’ :
Avec ses tampons « DST », « confidentiel », « secret » et ses consignes sur les « sujets à tranquilliser », le document se révéla un faux monté par un Dominique Calzi condamné à quatre ans de prison en 1975 pour escroquerie et déjà inquiété dans le passé pour falsification de documents. L’allusion à « la carte bleue du SAC » révélait le montage puisque ces badges plastifiés de couleur créés en 1970 (époque où Dominique Calzi appartenait à l’organisation) n’existaient pas encore en 1968. Si des quotidiens comme Le Monde restèrent réservés sur l’affaire, ce n’était d’ailleurs pas comme l’affirmait Rouge parce que la grande presse s’ingéniait « à cacher à la masse des travailleurs le visage réel du pouvoir », mais plutôt par réflexe professionnel de prudence devant un scoop trop parfait. Même la presse communiste fit preuve de discrétion. L’Humanité se contenta de citer Libération tandis que La Marseillaise suivit le mutisme de la fédération PCF des Bouches-du-Rhône. Après s’être emballé, le Canard enchaîné évita par la suite de polémiquer sur le sujet et Le Nouvel Observateur qui avait d’abord alerté ses lecteurs fit ensuite silence.
Arriver à la fin de ce post, mettons nous à la place de ce fou de Kappé, en plein dans la tourmente, au cœur d’un scandale dont il est injustement accusé, lâché de toute part. Pour lui, il ne fait aucun doute, c’est l’œuvre du commandement parisien qui veut se débarrasser de lui.
Comme il a décidé de se venger de tous avant que son éviction ne devienne officielle et qu’il est fou, que fait-il ? Pour moi, il a dû rassembler tous ses fidèles, et leur donner des directives, décidé de ‘’foutre le bordel’’, pour saborder la maison SAC. Pour cela, il fallait procéder à des actions ''hors normes''.