Citation :
Il aura fallu 23 ans pour enfin avoir (de manière embryonesque malheureusement) une contre-partie médiatisée à la thèse monolitique et omnidévorante d'esprits, qu'un seul homme a su insufler à cette histoire depuis le début...
Enfin, on voit des témoins de l'histoire raconter in-situ ce qu'ils ont vécu... Et pas des gens se substituer à eux pour raconter à leur place...
Alors, en 52 mn, on ne peut pas tout dire, tout examiner, il faudrait y passer des heures et des heures. Mais au moins, on a un petit échantillon très intructif.
Un exemple parmi d'autres: Lors de la reconstitution, le témoignage de Pierre Grivel et du fils Rahou qui se recoupent complètement et montrent que Ranucci a bien désigné de son propre chef là où le couteau avait été enterré. Ceci est de plus en total accord avec tout ce qu'à pu déclarer Ranucci depuis le début jusqu'au moment de la cloture du dossier (où il reconnait encore que c'est bien lui qui a désigné l'endroit où se trouvait le couteau)...
Alors ? Pourquoi tant de polémiques là desssus ? Pourquoi JF Le Forsonney (personne plus mesurée que Gilles Perrault dans cette affaire certes) soutient-il que l'on aurait désigné à Ranucci l'emplacement exact du couteau, en lui demandant d'acquiescer ou non ? Sous-entendu: jamais Ranucci n'aurait désigné l'endroit, mais n'aurait eu à répondre que par oui ou non à question ?
On voit bien que là dessous il y a une conviction d'innoncence, initiale ou acquise au fur du temps, mais évidente à leur yeux, et qui aveugle les protagonistes de la défense de Ranucci, et leur font au fur et à mesure dévier vers un espèce d'intégrisme dont ils ne démorderont plus... Envers et contre tous... Même lorsque des élements aussi évidents et recoupés montrent le contraire....
Vous suggérez que Le Forsonney ment, d'une certaine façon. Mais je vous dirai, cela ne m'étonne pas. Purquoi pas après tout, ou bien qu'il ne se souvient pas, mais dans ce cas, on peut en dire autant des deux autres et on ne voit pas pourquoi l'un se souviendrait mieux que l'autre.
Nous sommes en présence de quoi ? De trois témoignages et d'une affaire qui n'a pas été instruite, qui n'a donné lieu qu'à des aveux et à partir du moment où on possédait les aveux, basta, on ne vérifie plus rien.
Ben oui le résultat il est là et il n'est vraiment pas glorieux.
Donc trois témoignages :
Un de parti pris pour l'accusation, Pierre Grivel : Ranucci m'a tiré et il m'a emmené de lui-même.
Un de parti pris pour la défense, Maître Le Forsonney : Non, on a montré l'endroit à Ranucci et on lui a demandé si c'était là ou pas, point barre.
Et un autre qu'on pourrait considérer comme peut-être neutre : Le fils Rahou, qui semble confirmer les propos de Grivel.
Et fort de ces trois témoignages trente ans après, vous nous dites, voyez c'est deux contre un, donc tout est ok, ne vous posez plus de question il a bien indiqué l'endroit, le neutre fait la différence, donc il est coupable, au revoir, circulez.
Ben je suis désolé, on s'en pose des questions.
On s'en pose pour quelle raison : parce que la reconstitution c'est tout simplement de la merde. Rien n'est reconstitué, rien n'est disséqué.
On n'a pas les éléments qui permettent de suivre l'enchaînement des faits. Donc c'est fini, vous ne pouvez plus être affirmatif, ni dans un sens ni dans l'autre, sauf pour dire que cette enquête c'est tout ce qu'il ne faut pas faire. Le contre exemple absolu qu'il faut enseigner aux magistrats pour leur montrer ce qu'est la nullité en matière d'instruction.
La bâclage total, l'incompétence érigée en système, l'imbécilité fière d'elle-même, la nullité absolue en matière d'enquête. Zéro multipliée par zéro. Nul de chez nul.
Exemple : dans les aveux, Ranucci dit qu'il se débarasse du couteau AVANT d'entrer dans la champignonnière. Donc cela signifie qu'il est descendu de voiture, pour jeter le couteau. Qu'est-ce qui lui prend de descendre de voiture là à cet endroit ? Est-ce qu'après il descend à pied dans la champignonnière pour repérer ? Il se change où ? Comment ? Pourquoi ?
Alors trente ans après on vient nous dire : ah ben oui il cherchait de la fraicheur !!! Le mec est censé avoir tué une gamine de 15 coups de couteau et il cherche de la fraîcheur !!!! Non mais attendez, on se fout de notre gueule.
Littéralement, on se moque de nous.
Or la logique la plus élémentaire voudrait qu'il ne soit pas descendu de voiture, qu'il soit descendu directement en marche arrière dans la champignonnière et qu'il se débarasse du couteau en ressortant, quand la voiture est embourbée. Pourquoi faire le contraire ? Ca n'a pas de sens. Mais non, du moment qu'il a dit où qu'c'était, tout est bon dans le cochon, ne vous posez plus de question. L'accusation est incohérente, les aveux sont plus que sommaires, ne permettent pas de reconstituer un enchaînement, mais on s'en fout, il a avoué, il a indiqué où, alors au revoir.
Et tout les questions sur l'ordre de tous ces actes qui ne sont pourtant pas anodins, vous ne saurez pas, ça n'interesse pas le juge, ça n'intéresse personne, de toute façon on a décidé qu'il était coupable et qu'il n'y avait pas besoin de reconstituer tout cela. La reconstitution chiquée suffira.
Ah bon il a été guillotiné ? Ah ben c'est triste, on n'y peut rien comme dirait l'inspecteur Grivel.
Ben si, on peut faire son boulot correctement.
Car désolé, non, la justice ce n'est pas ça, une enquête ce n'est pas ça. Voilà. Là on est en présence d'une parodie. Quand il y a un mort au bout, cela fait un peu marner.