Citation :
Et des éléments inconnus de la juridiction au jour du procès qui jettent un doute sur la culpabilité du condamné, il y a eu un certain nombre depuis le procès
Malgré toute l’amitié mâtinée de respect que je vous porte, mon très cher Gihel, force est de constater que tout ça ne pèse pas bien lourd. En effet, la plupart des éléments que vous citez étaient déjà connus de l’un ou l’autre intervenant au débat à l’époque. En particulier, le procès-verbal de saisie du pantalon avait bel et bien été versée au dossier et était accessible à la défense. Si cette pièce lui posait problème, rien ne l’empêchait de soulever ce moyen à l’audience. Elle ne l’a pas fait.
A mon humble avis, les hérauts de la révision seraient mieux inspirés de prendre exemple sur la jurisprudence, certes extrêmement limitée, en matière de requêtes en révision couronnées de succès. Dans l’affaire Patrick Dils, par exemple, il aura suffi à Maître Jean-Marc Florand, en mars 1998, d’évoquer le fait que le tueur en série Francis Heaulme demeurait à proximité des lieux du crime à l'époque où il a eu lieu pour obtenir la révision du procès de son client. Peu importe si Francis Heaulme était coupable ou non (il a d’ailleurs toujours nié être l’auteur des faits et sa responsabilité n’est pas établie dans ce dossier). Le fait même de la possibilité de l’implication de Francis Heaulme dans les faits reprochés à Patrick Dils, a été suffisant pour obtenir la révision.
Par analogie, et pour revenir à l’affaire qui nous occupe, il me semble que vous seriez en meilleure posture s’il pouvait être établi :
- que Ranucci n’a pas agi seul dans l’enlèvement et le meurtre de Marie-Dolorès Rambla
- qu’on ne peut reprocher à Ranucci (certes ayant participé peu ou prou au crime mais peu au fait des déroulements du meurtre lui-même pour la simple raison qu’il n’y a pas assisté directement) de ne pas avoir accompli le travail de la justice à qui il incombait de rechercher le principal auteur des faits
- que si des recherches récentes, menées dans l’entourage de Ranucci, venaient à suggérer des indications sur l’identité de ou des personne(s) susceptibles d’avoir également participé à l’enlèvement et le meurtre de Marie-Dolorès Rambla
- que si ces faits nouveaux, s’ils avaient été connus de la cour, n’auraient pas manqué d’accorder à Ranucci le bénéfice de circonstances atténuantes
Malheureusement, l’introduction d’une telle demande en révision se heurterait presque certainement aux difficultés que ne manqueraient pas de renconter ses avocats lorsqu'il s'agira de convaincre Madame Mathon d'introduire une requête sur cette base, dans la mesure où cette demande impliquerait une responsabilité, même partielle, de son fils dans les faits pour lesquels il a été condamné.