Citation :
On oublie encore que ni Spinelli, ni Jean Rambla ne reconnaissent Christian Ranucci comme le ravisseur.
On oublie que d'après les Martinez, Christian Ranucci était seul à bord.
Non, je n'oublie pas. Je vois ça différemment, c'est tout.
Pour moi, Spinelli n'a pas vu le ravisseur. S'il reconnaissait Ranucci, ça serait surprenant. En effet, si Ranucci est le ravisseur, Spinelli ne l'a pas vu ; et si Ranucci n'est pas le ravisseur, qu'est-ce qu'il faisait là ?
Vous avez le droit d'accorder beaucoup d'importance à Spinelli. J'ai aussi le droit de ne lui accorder AUCUNE importance.
En ce qui concerne le petit Jean, citez-moi un seul cas où un enfant a identifié quelqu'un lors d'un tapissage, et je trouverai ça intéressant. En attendant, je considère aussi le fait que Jean n'ait pas reconnu Ranucci comme un détail sans importance.
Tiens, j'ai un cas où un adulte reconnaît quelqu'un, alors qu'un enfant ne le reconnaît pas : le père et le fils Pappalardo. Il y a bien un des deux qui se trompe, non ? Pourquoi ça serait OBLIGATOIREMENT l'adulte ? Moi, j'ai tendance à penser que c'est l'enfant qui s'est planté dans cette affaire. Je me dis qu'un adulte a les yeux un peu plus en face des trous, une meilleure mémoire des visages et un sens de la gravité de l'accusation qui fait pencher la balance de son côté. Et qu'on ne me dise pas qu'il fait ça pour enfoncer Ranucci, parce que pour lui, Ranucci est déjà au fond du trou. Il ne peut pas deviner qu'on en parlera encore 30 ans après. L'affaire apparaît comme limpide à l'époque.
Quant à Martinez, il y a bien "le conducteur paraissait seul à bord" dans sa première déposition, mais il parlera plus tard d'une forme basculante, non ? Il n'est pas sûr que c'était une personne, mais il y a au moins quelque chose qui a basculé, et dans le doute, il a dit que pour lui, le conducteur paraissait seul à bord. J'aurais fait la même chose. De toute façon, il s'est pris la voiture (côté conducteur) en pleine poire, puis cette voiture s'est enfuie en passant derrière la sienne, ce qui ne facilitait pas l'observation d'un éventuel passager.
J'ai d'ailleurs suggéré une fois que Ranucci avait pu demander à la petite de se baisser en arrivant au stop, de peur qu'il y ait des gendarmes et qu'on le voie avec une enfant à l'avant (il se serait fait arrêter, et aurait eu bien du mal à expliquer ce qu'elle faisait avec lui). Je dis ça parce que je me souviens de choses de ce genre à l'époque. Les gens portaient rarement leur ceinture, et faisaient monter des enfants devant à l'occasion. Pour éviter les problèmes, on faisait semblant d'avoir la ceinture bouclée en passant devant les gendarmes (quelle idiotie), et on faisait aussi baisser les enfants s'ils étaient devant, ou s'il y en avait trop (quatre ou cinq derrière, par exemple). On baignait dans une inconscience totale du danger ; il n'y avait que la peur du gendarme.