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Maintenant, je reviens au point principal soulevé par Syd : pourquoi notre homme au pull-over rouge, qui n'hésite pas à procéder à des attouchements en pleine rue sur deux fillettes alors qu'il a été repéré dans le quartier avec son pull voyant, pourquoi cet homme téméraire ne viole-t-il pas Marie-Dolorès ? Même si elle a lui a échappé au chemin de la Doria, il peut la rattraper et la contraindre. De toute façon, cela ne pouvait se passer que dans la violence, alors pourquoi pas dans les fourrés au moment où il la rattrape ? Et d'ailleurs, c'est une question que je me pose à chaque fois, pourquoi ne la laisse-t-il pas s'enfoncer un peu plus dans les fourrés avant de la rattraper et de la tuer ? Pourquoi si près de la route s'il maîtrise son affaire ? Ranucci ne surviendra que dans une demi-heure, alors il n'est probablement pas dérangé à ce moment-là.
Parce que le meurtrier est un psychopathe, du type de Heaulme en plus intelligent, du type d'Alègre ou d'autres comme cela.
Si vous trahissez sa confiance, c'est fini, vous êtes hors-jeu pour lui et il vous supprime. Sans même avoir essayer quelque abus sexuel, parce qu'on est bien au-delà, cette trahison remet en cause son identité même.
Donc vous êtes out et il vous supprime sans même abuser de vous.
Tiens, Hitchcock décrit cela très bien dans Psycho : il regarde la fille, il lui donne le cahier de l'hôtel et comme piège il lui dit : mettez n'importe quel nom. Et il lui demande d'où elle vient alors qu'il est en train de choisir la clé de la chambre. Il s'aperçoit qu'elle lui ment sur la ville d'où elle vient (elle a lu le nom sur le journal et lui aussi - un psychopathe comprend très bien la psychologie des autres) et donc il choisit la chambre 1, celle où il tue.
Pas d'état d'âme. La gamine s'enfuit sans crier gare alors qu'au départ elle était prête à chercher un chien qui n'existe pas avec lui ? Elle le trahit, elle le renvoie à sa propre souffrance insupportable, il la supprime.
Et dans ces cas là, c'est très violent, très très violent.
Il n'y a pas de limite. Je vous renvoie aux carnages d'Alègre, aux carnages de Heaulme : Joris Viville : 80 coups de tournevis dans le crane.
Là on se contente de deux gros coups pierre pour estourbir et de 15 coups de couteau. Excusez du peu.
C'est d'ailleurs aussi l'un des problèmes de l'accusation, c'est visiblement un meurtre typique de psychopathe et on nous présente le contraire du psychopathe. Quand vous me dites que je fais par postulat le pari de l'innocence, je ne sais pas. Tout ce que je sais, c'est que la violence de ce meurtre pose problème.
À ce propos d'ailleurs on peut faire une comparaison utile avec Dils. Deux gosses dont les têtes sont littéralement écrasées et s'enfoncent de 10 centimètres dans le ballast, ce qui signifie, qu'on y est allé fort, et qu'on y est allé à plusieurs. Et que parmi les auteurs, il y avait un psychopathe.
On arrête un jeune de 15 ans qui est tout sauf psychopathe. (On finit par reconnaître un psychopathe parce que à un moment donné, son discours est délirant. Si vous écoutez attentivement Norman Bates, il est dans un paradoxe total et sa violence apparaît dès qu'on se met à parler de sa mère (quand on lui parle de la séparer de lui).)
Tout le contraire de Ranucci en somme.