Citation :
On est bien d’accord, si le couteau a été découvert le 5 juin, il a du suivre le même chemin que les autres scellés. Donc, quand dans la première audition de la nuit, on montre le pull à Ranucci, le cran d’arrêt est aussi dans les mains des policiers à Marseille.
A cet instant, les gendarmes ne contrôle rien au niveau de l’enquête. C’est les policiers qui ont la main. Cela ne peut être qu’eux (les policiers) qui vont prendre la décision de replanter le couteau. Cette décision n’a pu être prise qu’à partir du moment où il a été constaté que le témoignage des Aubert même s’il avait été efficace, était pour le moins fragile (évolution du témoignage, non reconnaissance lors du tapissage, portière bloquée).
La question pourrait être posée aussi comme cela : pourquoi ne lui parlent-ils du couteau que lors des aveux ? Je pense que ce qui fait basculer, c'est lorsque les policiers se rendent compte que le pull n'est pas à lui, ce qui signifie que quelqu'un d'autre est en cause.
Quand ils découvrent que le pull ne lui appartient pas, d'un coup, six témoignages tombent : Martel, Mattéi, Barraco, C..., tous ces gens on peut prévoir qu'ils ne vont pas reconnaître Christian Ranucci lors des tapissages.
Dans ce cas là, que reste-t-il ? Les aubert , mais ils n'ont pratiquement rien vu si on suit ce que les gendarmes rapportent. Le couteau et le pantalon, et le fait que Christian Ranucci était garé à 12h15 tout près du corps.
Donc ils se disent : le couteau on le garde et on va voir comment on le lui présente. Et finalement ils ont dû se dire : on lui fait avouer l'endroit où il l'a caché, qui correspondra à la fiche de scellé -et pour cause- et c'est ensuite, en début d'après-midi qu'on s'est résolu à le trouver une seconde fois. Et là qu'est-ce qu'on fait ? On appelle la juge ou le parquet.
Citation :
Là, les policiers sont quand même un peu gênés puisqu’ils sont dans l’obligation d’avoir l’accord des gendarmes. C’est quand même eux qui vont à nouveau rechercher le couteau.
Il y a donc eu nécessairement discussion entre policiers et gendarmes.
Je ne vois pas la chose tout à fait comme cela. Je pense que les choses se sont passées de cette manière : allo M. le Procureur général, il y a un problème, nous avons besoin de la gendarmerie, ils ont trouvé des pièces à conviction, ils nous ont parlé verbalement d'un couteau, il faudrait leur transmettre qu'il faut qu'il cherchent le couteau ce soir, parce qu'on en a besoin, Ranucci vient d'avouer où il avait jeté le couteau. Si jamais ils vous parlent du couteau qu'ils on déterré hier avec la poële à frire, vous leur transmettez que nous n'en savons rien et que si on le sait c'est une énorme bourde qu'ils ont faite, il fallait d'abord interroger Ranucci. M. le Procureur général, vous leur passez un savon et vous leur dites de chercher le couteau ce soir, ce sera sur les indications de Ranucci. Ils ont failli nous enlever une preuve complètement fondamentale. Ils n'avaient pas à chercher ça, la juge ne leur a rien demandé. etc...
Citation :
Là, il n’est pas nécessaire d’avoir de grandes capacités pour décider que le couteau doit être replanté au même endroit. Si malgré tout vous persistez à en croire les policiers incapables, admettez que les gendarmes puissent l’être (capables) puisque vous pensez que le couteau a été replanté exactement au même endroit.
Pas tout à fait, je pense que les policiers ne pouvaient pas inventer la cachette du couteau dans la tourbe, que cela provient de la fiche de scellé qui elle, doit être exacte.
Mais le gag, c'est qu'effectivement on demande à Gras de chercher ailleurs le temps qu'on replante le couteau, et comme c'est quelqu'un qui vient de l'évêché qui est chargé de le replanter, cet homme là ne sait pas exactement où il faut le cacher.
D'où le fait que Gras doit s'escrimer pour trouver le couteau, qui n'est plus enfoui exactement au même endroit, ce n'est pas parce qu'il y aurait des boîtes de conserve. On l'a replanté comme on pouvait, sur les indications des aveux qui sont tout de même très vagues. Et donc il faut remuer la tourbe longtemps avant de trouver le couteau.
Citation :
Donc OK, policiers et gendarmes sont d’accord. Le couteau va être replanté au même endroit.
Pour moi, le parquet de Marseille ou la juge les chapeaute par commissions rogatoires, donc d'accord ou pas, ils s'exécutent.
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Mais cet endroit, les gendarmes le connaissent très précisément. Il suffit donc qu’ils donnent leurs informations aux policiers qui s’empresseront d’aider Ranucci à les intégrer dans les aveux.
En fait ils ont l'information par le biais de la fiche de scellé, il suffit de la lire. Mais le plus drôle c'est qu'ils ne savent pas la lire, sinon ils auraient fait dire à Ranucci : "je l'ai enfoncé" dans la tourbe et non "j'ai jeté le couteau et j'ai donné un coup de pied dedans.", ce qui ne correspond pas à sa position dans la tourbe.
Citation :
Ils peuvent même lui faire faire un plan, puisque sur les indications des gendarmes, les policiers savent exactement où le couteau a été retrouvé le veille.
Avec tout ça, il n’est pas nécessaire que les gendarmes commencent les recherches à 17h30.
Oui mais le gendarme, lui il a des ordres, à 17h30, on lui dit de fouiller près du lieu où on a retrouvé le corps de l'enfant. Et puis ensuite il s'approche de la champignonnière... Le temps qu'on rapporte le couteau de l'évêché, si l'on en croit le PV de Porte, le couteau est à l'évêché à 17h30. Il faut le temps de le ramener.
Citation :
Dés que policiers et gendarmes sont d’accord pour procéder au replantage, il suffit de ramener le couteau aux gendarmes qui deviennent seuls maîtres de la suite des opérations. Un gendarme replante le couteau.
Je pense que c'est plus du rafistolage et en fait c'est quelqu'un de l'évêché qui ramène le couteau, qui le replante là où il pense que cela correspond et seulement ensuite les gendarmes viennent au tas de tourbe.
Citation :
Quand cela est fait, les recherches commencent et en quelques minutes le couteau est retrouvé à l’endroit précis donné dans les aveux.
C’est sans bavures.
Mais ce n’est pas comme cela que ça c’est passé.
Ben oui parce que le pauvre bougre qui rapporte le couteau et le replante en douce, il n'a rien pu transmettre aux gendarmes qui fouilent ailleurs, histoire de ne pas le croiser, tout est passé soit par le parquet, soit par l'intermédiaire de la juge qui a lancé une commission rogatoire, et c'est pour cela qu'ils sont en liaison avec l'évêché et que Gras demande sans cesse à l'évêché : il est où ce couteau. Sous entendu mais c'est bien gentil, je veux bien le découvrir même une seconde fois, mais dites moi où vous l'avez replanté.
C'est vraiment une mise en scène à la petite semaine, c'est du rafistolage, rien n'avait été tellement préparé. C'est comme cela que je le vois.
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Maintenant pour les autres points que vous soulevez :
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Si elle ne lui pose aucune de ces questions c'est qu'elle sait que le couteau n'est pas à lui.
Votre logique est très personnelle.
D’abord, au moment où elle fait écrire Opinel par sa greffière, c’est que, soit elle ne sait pas faire la différence entre un opinel et un cran d’arrêt, soit elle ne sait pas qu il y a un deuxième couteau dans cette histoire. Je pense pour cette deuxième explication qui montre qu’Alessandra ne lui a pas demandé de prolongation de garde à vue.
Je crois que l'explication est assez simple. On fait avouer à Christian Ranucci qui ne dort pas depuis trente heures et donc qui est déjà dans le coltard qu'il a sorti un couteau automatique de sa poche. Ranucci ne doit rien percuter.
Une fois dans le bureau du juge, la pauvre juge qui ne fait que de la paraphrase d'aveux, a dû pour une fois poser la question à un Christian Ranucci encore plus dans le coltard : c'est quoi ce couteau ? Ben c'est mon opinel. Donc elle écrt opinel et elle se dit : c'est chouette, pour une fois que j'écris quelque chose qu'il me dit et qui n'est pas dans les aveux de la police.
Et puis, un enquêteur a dû rentrer en disant à la juge, bon ils sont sur place, ils cherchent. Et la juge a dû dire : ah oui l'opinel.
Mais non, mais non, ce n'est pas l'opinel madame la juge, c'est le couteau automatique.
Ah oui, le couteau automatique, très bien très bien, Mme la greffière veuillez corriger, vous barrez opinel et vous remplacez par automatique. Et le Ranucci dans le coltard n'a rien compris du tout.
Voilà l'explication que je donne. Et je dois dire que je vous dis le parquet, et sans doute je me plante complètement et qu'en fait toute cette affaire, c'est elle qui la chapeaute et les enquêteurs de l'évêché ont dû lui faire comprendre que l'accusation ne tiendrait que si on découvrait le couteau après les aveux et pas avant, d'où un petit savon à Gras : vous avez fait une énorme bétise, je ne vous demandais pas de fouiller la tourbe avec une poële à frire, vous n'aviez pas à prendre ce genre d'initiative sans me le dirre. Pour le coup vous vous déplacezs sur les lieux et je vous dirai quand il faudra chercher. Voilà mon explication.
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Ensuite, pourquoi ne serait-elle pas convaincue que ce couteau est à Ranucci, puisque lui-même ne le nie pas ? Alors il est vrai que par sa fonction, elle devrait faire des recherches pour confirmer cette propriété. Mais le fait qu’elle ne les fassent n’indique en rien qu’elle a la certitude que le couteau ne lui appartient pas.
Le fait qu'elle a écrit par erreur "opinel". Elle a dû lui demander ce que c'était que ce couteau. Et c'est normal parce que quand on lit les aveux, la façon dont il apparaît est très choquante puisqu'on ne lui pose aucune question dessus. il apparaît presque comme un cheveu sur la soupe.
Et lui répond "l'opinel", elle fait marquer "opinel" par sa greffière. On vient la démentir. Ben là elle doit se dire : il dit oui à tout, s'il ne me parle pas de lui-même du couteau automatique, si les enquêteurs ne posent aucune question, c'est qu'il y a une embrouille. Et en plus je sais qu'on l'a retrouvé le 5. Donc j'en déduis qu'il ne doit pas être à lui. Bon alors si déjà il accepte sans broncher qu'on remplace le mot "opinel" par le mot "automatique", ce sera déjà bien beau.
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Donc cela signifierait qu'on trouve le couteau dans la 304, qu'on demande aux gendarmes de rédiger une fausse fiche de scellés et qu'ensuite on va planter le couteau. Non je n'y crois pas.
Non, oubliez le couteau découvert le 5. Le couteau est découvert dans la 304 et les gendarmes ne vont le trouver qu’une seule fois le 6 et ne feront qu’une seule fiche de scellé. Celle que nous connaissons.
Oui mais je vous pose ce problème : s'il la font le 6, elle ne sera rédigée qu'à 20h00. Pas possible puisqu'à 17h30 Porte est en train de la recopier. Donc c'est bien qu'elle existe déjà à 17h30 et donc elle ne peut pas être du 6. Elle est du 5 et c'est donc que le couteau a été découvert le 5. La fiche selon moi est bonne et elle date du 5, preuve en est qu'elle ressemble comme deux soeurs à celle des autres scellés du 5.
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Donc je ne crois pas que le couteau a été retrouvé dans la 304, et quand on regarde, il n'y a rien qui permette de le penser.
Le couteau a été planté dans le tas de tourbe, dans l’après-midi du 6 juin, peu de temps avant qu’il ne soit découvert. Sur ce point nous sommes d’accord.
Le manque de précision dans les aveux de Ranucci quant à l’endroit où il s’est débarrassé du couteau montre qu’il n’y a pas eu entente (d’autres diront complot) entre les policiers et les gendarmes.
Il n'y a pas eu entente, je suis bien d'accord, il y a eu un ordre qui est venu du dessus d'eux, donc soit du parquet, soit de la juge d'instruction et après : demerdez-vous pour que ça colle et effectivement, il n'y a aucune coordination et c'estce qui explique que Gras doit s'obstiner à demander par radiotéléphone : il est où ce couteau ? Sous entendu, mais vous l'avez replanté où ?
Une chose est sûre, Gras était parfaitement au courant de ce qu'on lui faisait faire et devant Perrault il joue au con. Mais selon moi, il sait. La seule chose, on a dû lui dire : tu as fait une connerie monstrueuse, sans commission rogatoire tu as fouillé le tas de tourbe, tu devais attendre les aveux de Ranucci, alors tu la fermes. Voilà comment selon moi les choses se sont passées.
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Le fait que les recherches commencent loin du tas de tourbe montre que délibérément on a écarté les gendarmes pour pouvoir cacher le couteau à leur insu.
Comme dirait l'autre, à l'insu de leur plein gré. Non je pense qu'on a demandé à gras de chercher ailleurs (ce qui n'a pas de sens, ce qu'il raconte à perrault est inoui : ah ben je cherchais près du cadavre, alors que les aveux disent : tourbe, bon, il se moque de nous, ou alors les policiers se mquent de lui mais je ne le crois pas). Non il cherche ailleurs le temps que quelqu'un le ramène de l'évêché et le replante.
On fait cela par décence et parce qu'il y a Guazzone dans le coin. Il regarde ailleurs, on le replante, une fois replanté, on lui fait passer le message qu'il peut y aller et hop sur le tas de tourbe, et là encore on y passe une demi-heure parce que justement c'est un rafistolage et qu'il n'y a eu aucune coordination. D'où ce dialogue ubuesque : il est où ce couteau ?
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Partant de là, comment les policiers ont ils pu prendre possession de ce couteau ?
Je ne vois que la 304. Et comme par hasard, c’est ce qu’a écrit Fratacci. Même Gérard Bouladou n’a pas recensé ce point comme une erreur dans ses deux ouvrages.
Ouimais je ne suis pas convaincu. Je vais vous dire pourquoi : si jamais on avait trouvé le couteau dans la 304, je peux vous assurer d'une chose, on le sortait tout de suite et on le présentait à Ranucci et on lui disait : il fait quoi ce couteau dans votre voiture monsieur ? Et trois baffes et on lui fait avouer que c'est l'arme du crime et c'est fini.
Pas besoin d'aller le replanter ou autre. Ranucci était mal et plus que mal si les choses s'étaient passée de cette façon. C'est pourquoi je ne crois pas à cette version.
Vous oubliez une chose, les gendarmes et les policiers c'est comme chien et chat, s'ils se parlent comme on déjeune avec le diable, avec la longue cuillère du radiotéléphone, c'est parce qu'une autorité au-dessus d'eux est intervenue pour le leur commander. Et les gendarmes sont des militaires, un ordre, ils font.
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Si ce couteau a été retrouvé dans la 304, il est peu probable que ce soit l’arme du crime.
Au contraire, s’il a été trouvé le 5 prés de la champignonnière, il est très probable que ce le soit. A votre avis, pourquoi le couteau ne ferait-il plus parti des pièces à conviction ?
Le pantalon effectivement on comprend. Le couteau ? Je comprends moins, mais je pense qu'ils ont décidé de se débarasser des pièces derrière lesquelles il y avait eu du rafistolage, sans penser plus loin. En se disant : ça, il ne faut plus qu'on en parle. Alors qu'il fasse des requêtes, mais le couteau, le pantalon, non.
Et on comprend bien pourquoi.