Citation :
[...]
Mais qui vous parle de cour de cassation? Pas moi en tout cas. Et si les avocats n'étaient pas là pour contester les éléments que l'instruction (à la française, peut-être) a accumulées contre leur client, à quoi serviraient-ils? Restez sérieux.
C'est moi qui vous parle de la cour de cassation, parce que tout passe par elle, y compris le contenu des plaidoiries des avocats. Ils n'ont pas intérêt à déborder.
Vous vous contredisez. Vous nous dites que Lombard n'a pas été bon, donc n'a pas effectivement contesté selon vous les éléments que l'instruction par paresse avait passé sous silence et les éléments de violation de droit qu'elle avait effectivement accumulés.
Et vous me demandez à quoi ils servent ? Mais je vous réponds moi :
à rien.
Strictement à rien ou si peu.
D'ailleurs c'est bien ce que vous nous signifiez, peut-être à juste titre d'ailleurs.
C'est comme les députés sous la cinquième, vous ne pensez tout de même pas qu'on va laisser les avocats contester l'administration judiciaire ! Et les députés décider de la façon dont on doit voter les lois ! Non mais, et quoi encore ?
Des journalistes voudraient la vraie démocratie maintenant ? Mais ou va-ton ? Contentez vous de la fausse et de la "participative".
Tout ira mieux.
Lors du procès Yann Piat, ils ont servi à quoi les avocats ? A rien. Et je pourrais vous en citer tellement d'autres de la même eau.
Et il y en a qui voudraient que les avocats fassent la loi maintenant, non mais !
Citation :
Lombard est sans doute un grand avocat. D'aucuns, parmi mes amis, le pensent. Dans l'affaire Ranucci, il a été nul, point barre. Il n'a pas soulevé les "mystères" de l'instruction ou de l'enquête! A part les Aubert, il n'a pas frappé fort. Vous y étiez? Moi oui.
À trente ans de distance, vous avez oublié que M. Martel était venu à la barre. Donc, je n'y étais pas certes, mais je peux très bien imaginer :
La femme de Maître le Forsonney :
"Je garde le vague souvenir d'un monsieur qui est venu dire qu'il avait vu un homme en chandail rouge errant dans une cité. Un homme sans lunettes : il insistait là-dessus. Je n'ai pas vu l'intérêt de ce qu'il disait. Ça paraissait complètement à côté de l'affaire."
D'où le fait qu'on ne lui montre pas le pull...
Quand Perrault reprend la plaidoirie de Paul Lombard, il a dû avoir les notes prises par un de vos confrères et cela donne cela (qui prouve d'ailleurs que pas grand monde n'avait envie tellement d'écouter ce qu'il disait) :
"L'avocat est passé à l'examen des faits et charge sur tous les fronts. Il attaque les experts psychiatres dont le rapport "partial" travestit la personnalité de son client, "un garçon calme, correct et doux, affectueux envers les enfants que gardait sa mère, et dont on ne nous explique pas comment il aurait pu se transformer en gibier d'échafaud."
...
Il s'étonne qu'on ait mis deux heures à retrouver un couteau dont l'accusé avait, selon la police, indiqué l'emplacement précis, et demande pourquoi le commissaire Alessandra n'a pas conduit Ranucci sur place afin qu'il livre lui-même le fameux couteau, comme eut fait n'importe quel policier dans une situation semblable.
IL CONSTATE AU PASSAGE CERTAINE INCOHERENCE CHRONOLOGIQUE dans les procès verbaux de mise sous scellé.
Il rappelle que le pantalon bleu n'est pas une preuve contre Ranucci puisque le sang dont il est souillé peut provenir de la plaie chronique à la jambe mentionnée dans son certificat médical par le docteur Vuillet.
(comme l'instruction n'a pas enquêté pour connaître l'accident de mobylette et qu'un avocat en France n'a pas le droit d'enquêter, ben il fait avec ce qu'il a...)
... C'était beau et désespéré.
Un hussard chargeant dans les barbelés.
... "Lombard, il a très bien plaidé, mais c'était pas possible." (Monique)
... Mais certains, parmi les plus chargés d'expérience, s'éprouvèrent traversés par une onde de doute fugace et inattendue. Frédéric Pottecher et Raymond Thévenin, vétéran des prétoires échangèrent un regard perplexe.
Paul Lombard parlait de l'homme au pull over rouge. L'homme dont trois témoins étaient venus attester l'existence, décrire le vêtement, révéler qu'il conduisait une simca 1100, répéter, pour l'un d'entre eux, qu'il avait abordé des enfants en usant du prétexte du chien noir égaré, trois témoins qui affirmaient avoir été confrontés avec Ranucci à l'Évêché et ne pas l'avoir reconnu... Une simca 1100 : la marque nommée par les seuls spectateurs de l'enlèvement de Marie-Dolorès, son frère Jean et le garagiste Eugène Spinelli - un garagiste ! - qui eux non plus, n'avaient pas reconnu Ranucci.
...
Un pull-over rouge exactement semblable à celui qui était là, sous les yeux des jurés, posé sur la table des pièces à conviction, qu'on avait retrouvé dans la champignonnière et dont nul n'était capable d'expliquer la présence...
... "allez-vous condamner sur un dossier pareil ?"
Et que se passe-t-il à ce moment là, Viala se lève et sort un des PV qu'on a caché à la défense.
Visiblement de tout cela, vous ne vous en souvenez pas. Vous avez oublié. C'est normal après trente ans. Et finalement je préfère ne pas y avoir été, parce que j'aurais peur d'être resté sur une impression fausse.
La question qui se pose à vous, journaliste, c'est : Mais pourquoi n'ai-je pas entendu ce que disait Paul Lombard ? Comment se fait-il que je n'ai pas vu ce pull ROUGE ! sur la table des pièces à conviction. Comment se fait-il que je n'ai pas tiqué lorsque des témoins sont venus parler d'un type en pull rouge alors qu'il était là devant vous.
Et comme vous dites : vous, vousy étiez. Le pull vous l'avez vu, de vos yeux. ]
Citation :
Ce n'est pas un mythe. J'aurais préféré qu'il soit excellent. Mais on ne pouvait, de toute façon gagner sur l'innocence. Dans ce cas, Ranucci était mort avant d'entrer dans le box.
Quoique vous en pensiez, André Fraticelli n'avait pas une défense "pire". Il avait la seule possible. Dans le cas de Ranucci, les circonstances atténuantes pouvaient largement se plaider. N'oubliez pas que dans le camp de celle que vous nommez "la petite" se trouvait Maître Gilbert Collard qui, lui, n'a pas demandé la tête de Ranucci. Collard-Fraticelli: on pouvait y croire.
Vous voulez défendre quelqu'un avec l'avocat de la partie civile ? C'est une drôle de façon de procéder. Vous m'expliquerez à l'occasion.
L'avocat de la partie civile, il peut plaider en son âme et conscience mais par derrière, il s'est arrangé avec l'avocat général (parce que le coup des PV est arrangé avant le procès au cas où Lombard irait trop loin) pour casser définitivement la défense et pour emporter le morceau, et dans ce cas là, c'est sa tête. Il ne faut pas non plus nous prendre pour des idiots.
Jérôme Carrein a eu une attitude humble et soumise, on pouvait là aussi plaider le coup de folie (il était à moitié débile) : il a été exécuté. Je ne vois pas du tout la différence avec Ranucci. Vous supposez une chose qui contredit totalement l'atmosphère dont vous nous parlez et qui n'est pas à la clémence, quelle que soit l'attitude de l'accusé.
Ce qui est en cause dans ce procès, et que vous ne voulez pas mettre en cause (c'est la faiblesse des journalistes français d'aimer les ors du pouvoir et de se satisfaire de l'ordre des choses), mais c'est tout simplement la façon dont il est mis en musique par le Président. Tout est fait pour le condamner à mort, et les Fraticelli peuvent toujours faire ce qu'ils veulent, comme ils veulent.
Un avocat célèbre disait : de toute façon, la cour a déjà décidé avant que je n'entre, je peuxc infléchir un petit bout de chose par ci par là, mais mon rôle là-dedans, c'est très peu.
Ce ne sont pas les avocats qui ont fait basculer Outreau, c'est que le président n'arrivait plus à maîtriser ce procès, tout prenait l'eau de toute part. Dans d'autres cas, il maîtrise, et l'erreur judiciaire, il n'en a rien à battre. ce n'est pas son problème : il ira expliquer par exemple aux jurés qu'un procès, ça coûte très cher, alors il faut condamner sinon cela n'aura servi à rien (si si... il faudrait entendre tout ce qui se dit durant les délibérés, on serait surpris).
Donc oui, je maintiens, tout cela est bel et bien un mythe pour oublier que tout dans cette affaire relève du mauvais rafistolage, direction du procès par le président compris.
Et que du coup, comme tous vos confrères, vous n'avez pas entendu ce qu'il y avait à entendre. C'est dommage.
Oh que si, je me souviens très bien des efforts de plaidoierie de Le Forsonney, seul, tout seul, Lombard absent; puis de Lombard enfin présent. Vu du banc où j'étais, avec un Ranucci devenu enragé, je nageais en plein surréalisme. Tout était faussé, et l'ambiance ne laissait abslument pas de place aux déchirements de l'inocence. J'ai peut-être oublié bien des choses, mais pas ce jeune homme qui fonçait droit dans le mur.
Comme ils en avaient longuement discuté, les journalistes "accrédités" de l'erreur fatale du choix de défense de Lombard. Aujourd'hui, je sais qu'il sait très bien (ne me demandez pas comment je le sais, mais c'est un fait) qu'il a été très mauvais. Il dit souvent qu'il n'oubliera jamais Ranucci, mais cela ne l'empêche pas de dormir.
Un ami grand avocat qui fut pour beaucoup dans les suites de l'affaire --c'est à dire après le procès-- me dit souvent à propos de Ranucci: "Lombard, Où?"
Cela étant, je crois que nous ne nous comprendrons jamais, surtout que j'ai du mal à suivre vos phrases, vos mélanges de genres entre Ranucci, Yann Piat (crime d'état. Là, sûr, on ne saura jamais) et Outreau. Je vous laisse continuer de croire que les avocats ne peuvent jamais tout faire basculer dans le bon sens (donc, oubliez Patrick Henry, pire à défendre que Ranucci). Restons-en là. Moi j'ai été suffisamment traumatisée par ces jours-là pour me battre sur Internet avec quelqu'un qui s'emmêle les idées entre procès, procès en révision, cassation, cour de cassation, procès délocalisés et autres avatars juridiques auxquels vous me semblez très étrangers.
Carrein, je n'y étais pas. Nul n'a remis en doute sa culpabilité, et puisqu'on savait Giscard capable d'envoyer à l'échafaud n'importe qui, quel étonnement en tirer..
Défendre Ranucci avec la partie civile. Vous faites un raccourci époustouflant, mais effectivement. Collard avait réussi à faire accepter de la famille Rambla le fait qu'il ne demanderait pas la peine de mort. Fraticelli pouvait jouer les circonstances atténuantes, tout à fait plaidables.
Bon, fin d'entretien. Comme je l'ai dit plus haut, inutile de parler dans le vide.