Citation :
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Et tu penses qu'il aurait alors suivi la voie préconisée par Maitre Fraticelli : plaider coupables avec circonstances atténuantes ?
Je n'en sais rien. Mais, s'il n'avait jamais entendu parler de cet HPR, il aurait soit continué à supposer qu'il avait probablement tué puisqu'il y avait soi-disant des témoins, mais qu'il l'avait fait sans s'en souvenir, dans un état second, par panique peut-être. Et il aurait donné l'image d'un meurtrier d'occasion qui regrette son geste.
Ou alors, il aurait peut-être malgré tout - au vu, notamment, des contradictions du témoignage Aubert - peu à peu commencé à penser qu'il était peut-être innocent, qu'il se savait incapable d'un tel geste, et aurait plaidé innocent, mais en donnant de lui une image complètement différente .
Qu'il ait plaidé coupable ou innocent, il est probable que, s'il n'y avait pas eu cette histoire d'HPR qui l'a - à tort ou à raison - convaincu d'être la victime d'une abominable machination et l'a mis dans un état de rage folle, il aurait dans les deux cas, donné de lui l'image d'un jeune paumé pitoyable, peut-être innocent, peut-être meurtrier accidentel, ne sachant plus lui-même exactement ce qu'il avait fait ou pas fait.
Cette image non agressive ajoutée à son extrême jeunesse, à son absence de casier et à l'absence évidente de préméditation et de motifs crapuleux, avait de grandes chances, malgré l'ambiance de haine qui régnait à Aix, de faire fléchir suffisamment l'opinion publique pour au moins lui éviter le pire.
Alors que, convaincu de son innocence par l'histoire de l'HPR, il a abordé le procès dans l'état d'esprit d'un justicier qui allait enfin faire éclater la vérité et a montré de lui l'image la plus odieuse qu'il pouvait montrer.
Voilà pourquoi je dis qu'il aurait été mille fois préférable que la rencontre Mathon/Mattéi n'ait pas eu lieu. Ou du moins, qu'elle n'ait pas eu lieu
avant le procès .