Je dispose enfin d'un lecteur de DVD chez-moi et sais enfin m'en servir. De sorte que j'ai pu ces derniers jours visionner plusieurs émissions que quelqu'un de très gentil m'avait envoyées.
J'ai noté ça et là quelques points dont aucun n'est très important mais qui ont retenu mon attention et dont je voudrais vous faire part.
Alex Panzani affirme bien que JR a parlé de Simca 1100 grise et que, voyant arriver une voiture de police de cette marque et de cette couleur, il aurait spontanément dit " Comme celle-là".
Ailleurs, Pierre Rambla jure ses grands dieux que son fils ne connaissait pas les marques de voitures et avait simplement parlé de voiture grise.
Qui dit vrai ?
Je n'accordais jusqu'à présent aucun crédit à l'interprétation que faisait Gérard Bouladou de la remarque de JR :"Il parlait comme les gens d'ici". Je trouvais que c'était vraiment beaucoup solliciter le texte que de vouloir interpréter cette phrase comme "Il parlait Français et non Espagnol".
Or, c'est exactement ainsi que s'exprime le père de JR qui déclare - je cite de mémoire : "Le petit a dit qu'il parlait comme les gens d'ici, qu'il paraît Français, quoi !".
Cela donne à penser que l'expression "parler comme les gens d'ici" pourrait éventuellement être une expression utilisée couramment et synonyme de "parler Français". D'où l'interprétation de Bouladou.
A moins que ce ne soit le contraire : Gérard Bouladou qui aurait convaincu Pierre Rambla de donner à la phrase de son fils cette interprétation.
Dans une émission belge, le contenu d'un coup de téléphone a été lu en cours d'émission : la famille belge (ex belle-famille de Mme Mathon) dont parle Gilles Perrault dans son livre et qui avait toujours maintenu des relations d'affection avec Mme Mathon et son fils, venait de téléphoner pour dire qu'elle avait reçu CR maintes fois et l'avait même gardé une fois pendant un mois et qu'il avait toujours fait preuve d'un comportement tellement gentil que cette famille ne pouvait en aucun cas croire qu'il ait été capable d'un tel acte.
En ce qui concerne Fraticelli, il y a quelque chose que je ne comprends pas. J'avais toujours pensé, parce que le livre de Gilles Perrault allait dans ce sens, que Me Fraticelli avait annoncé avant le procès son intention d'assister au procès mais de ne pas plaider pour cause de désaccord sur la statégie envisagée.
Or, dans plusieurs émissions, j'ai cru comprendre que cette décision s'était faite pendant le procès et que cela avait eu un effet désastreux sur le jury et sur tout le monde. Je me demande comment les choses se sont vraiment passées.
Autre étonnement de ma part : j'avais toujours pensé que CR était allé solliciter l'aide de M.Rahou pour se désembourber et que ce dernier avait appellé Guazzone pour le sortir de là avec son tracteur.
Or, dans une émission, HG semble dire que ce serait lui qui aurait découvert CR embourbé en passant devant la champignonnière parce qu'il aurait été attiré par les faisceaux de lumière des phares de la voiture.
Là aussi, qui croire ?
Et j'ai surtout eu l'occasion de voir et d'entendre pour la 1ère fois Mme Mathon, dont je n'avais vu jusqu'ici qu'une ou 2 photos pas très nettes et dont je ne connaissais même pas la voix.
Et je me suis une fois de plus rendue compte à quel point les gens sont multiples et combien il est dangereux de ne se fier qu'à une seule rencontre pour se faire une idée de quelqu'un.
La femme dans la force de l'âge que j'ai vue face à une autre femme blonde, mère d'un enfant assassiné, m'a profondément impressionnée par son calme, sa détermination, et par la sincérité, la dignité et la générosité qui émanaient d'elle.
Dans une autre émission, Frédéric Pottecher, que l'on ne peut pourtant soupçonner d'hostilité envers CR ou Mme Mathon, puisqu'il se range au contraire dans le camp du doute et est partisan d'une révision du procès, et dont la probité était indiscutable, raconte pourtant avoir été extrêmement choqué par Mme Mathon la seule fois où il l'avait vue : au procès. Il raconte en effet que, dans la salle des pas perdus, une femme avait attiré son attention par son bizarre accoutrement et son comportement étrange. Coiffée d'une espèce de cagoule à voiles noirs, elle ne cessait d'aller et venir en faisant tournoyer ses voiles dans tous les sens, comme si elle voulait attirer l'attention sur elle. Il a appris par la suite qu'elle était la mère de l'accusé. Ils ont alors montré sur l'écran une photo d'elle faisant la queue pour entrer dans la salle et je dois bien reconnaître que cette femme, coiffée à la Belphégor, avait effectivement quelque chose de sinistre. Pottecher utilise l'adjectif "désaxé".
Rien à voir avec la femme si sobre et si mesurée de l'autre émission.
Ce que je viens d'évoquer n'est en aucun cas une critique contre Mme Mathon, qui avait toutes les raisons du monde d'être dans un état de nerfs extrême le jour du procès de son enfant, et qui avait bien le droit de s'habiller comme elle l'entendait. Je n'évoque le témoignage de Frédéric Pottecher et ma propre impression en voyant cette photo que pour souligner ce que je disais plus haut : il faut connaître les gens en profondeur et depuis longtemps pour pouvoir se permettre d'en donner un avis pertinent.
Et j'ai eu enfin le coeur serré en visionnant une autre émission, récente, où l'on voit Héloïse Mathon il y a peu de temps (elle doit avoir dans les 85 ans), dans un minable appartement payé par la défense et qu'elle n'a plus ni le goût ni la force de ranger, décharnée, courbée, de toute évidence malade, l'élocution laborieuse, ayant totalement abandonné tout espoir de révision, indifférente à tout, l'esprit un peu dérangé, uniquement préoccupée de ses pauvres souvenirs (photos, carnets scolairs de Christian, etc.).
J'avais sous mes yeux l'image vivante de ce que le chagrin et le désespoir peuvent faire d'un être sain, sensé et combatif.
J'en ai encore le coeur glacé en y repensant.
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