Citation :
Imaginons que CR soit coupable, est-il a votre avis un assassin organisé ou désorganisé, selon les critères de profilage ?
Désorganisé jusqu'à l'incohérence. Il se contredit, se tait lorsqu'il devrait parler, ergote sur des points de détails sans importance, cache son couteau mais conserve son pantalon. On n'en finirait pas d'énumérer ses maladresses.
Or, l'enquête de personnalité le décrit comme un garçon hyper organisé. Et les lettres à sa mère donnent effectivement de lui l'image d'un garçon doté d'esprit pratique et de sens de l'organisation.
Que pourrait signifier cette contradiction ?
Est-elle la réaction normale d'un innocent dépassé à juste titre par une situation hors normes, qui lui tombe dessus à 20 ans sans crier gare, et qu'on n'apprend à gérer ni à l'école ni à la maison ?
Son système de défense décousu et aberrant, tant pendant sa garde à vue, que tout au long de l'instruction et pendant le procès s'explique-t-il
- comme je tendrais de plus en plus à le croire - par un état second (alcool ou/et drogue) au moment des faits. Un état brumeux, dont il n'aurait émergé qu'avec des souvenirs partiels, fugitifs, morcelés, formant un magma informe dans lequel il aurait été incapable de différencier le vrai du faux ?
Notons au passage que cette amnésie partielle et cette confusion totale, si elles ont réellement existé, ne permettent ni d'accabler ni d'innocenter CR, puisqu'elles peuvent en principe recouvrir aussi bien l'innocence que la culpabilité.
Elles expliqueraient par contre très bien à la fois les aveux et la rétractation.
Ne pouvant se fier à ses bribes de souvenirs, il aurait été (comme il le dit lui-même) "forcé par la logique" (et probablement aidé par un petit passage à tabac plus ou moins musclé) et aurait fini par se persuader que, "bien qu'il ne soit pas un salaud", c'était "obligatoirement lui".
Plus tard, redevenu lui-même, confronté aux faits crus (reconstitution) et surtout aux témoignages Mattéi et Martel, il aurait peu à peu acquis la conviction qu'il était innocent.
Cela recoupe ce que dit Jean-François Le Forsonney : "CR était persuadé qu'il était innocent"