Citation :
Je me suis longtemps posé la question : pourquoi les Aubert, si ils n'ont rien vu, ont-ils sans raison apparente chargé Ranucci? Je trouvais ça absurde.
Je me suis donc résolu à croire en la sincérité de leur déclaration. Mais pourquoi ces évolutions? Pourquoi un couple comme eux ne savent pas dire une bonne fois ce qu'ils ont vu?
Je vais donc retranscrire mon opinion sur la scène impliquant les Aubert.
M. et Mme Aubert double un camion lorsqu'il constate l'accrochage entre Ranucci, et M. Martinez. Le couple s'arrête à hauteur de la R16 du malheureux conducteur, alors que le coupé fautif prend la fuite direction Marseille. M. Aubert échange quelques mots avec M. Martinez pour s'assurer que tout va bien, et celui-ci lui précise qu'il n'a pas retenu l'intégralité du numéro d'immatriculation. Les Aubert décide donc de poursuivre Ranucci pour confirmer l'indice.
Les Aubert s'engage à vive allure vers Marseille, quelques secondes après la 304. Quelques centaine de mètres plus loin ils aperçoivent la 304 arrêtée sur le bas côté. Son conducteur se tient sur la gauche du véhicule. Ranucci, voyant une voiture se rapprocher dangereusement, s'enfuit sur le talus. Les Aubert distinguent que Ranucci transporte quelque chose.
Les Aubert font quelques dizaines de mètres et font demi-tour. Ils s'arrêtent à hauteur de la Peugeot, relevant ainsi le numéro. Il interpelle le conducteur enfuit, afin de régler tout cela à l'amiable. L'homme répond aux Aubert de partir devant, qu'il arrive dans peu de temps. Pas dupe, Alain Aubert retourne au carrefour, persuadé qu'il ne reverra jamais ce chauffard, et donne les indications à V. Martinez.
Les premières déclarations des Aubert aux gendarmes respectent ce tableau. Mais la 3ème à l'Evêché, est plus précise, plus grave et surtout plus importante.
Il est intéressant de ce demander ce qui a bien pu se passer avant cette troisième déclaration. J'ai mon idée sur la question.
Ranucci est en garde à vue, mais les enquêteurs ne parviennent pas à le faire craquer, eux qui sont convaincus de sa culpabilité. Le comissaire Allessandra fait venir des témoins, mais rien n'y fait, ces derniers le desservent plutôt qu'autre chose. Reste les Aubert. Allessandra sait qu'un nouvel échec serait la fin de ses espoirs. Il accueillent donc le couple, lui expliquant la situation, que le meurtrier de la fillette est là, derrière une porte. Il explique que les éléments retenus ne suffiront pas à le garder enfermé, que si rien ne bouge, il sortira le soir même. Il a tué une fillette sous les yeux des Aubert, ce sera l'argument d'Alessandra.
Les Aubert réfléchissent, culpabilisent, et acceptent finalement "d'aider' la police en transformant le paquet en fillette. Et à partir de ce moment, ils vont se persuader qu'ils ont bien vu une fillette.
J'ai lu beaucoup de choses sur l'éventuel déni de Ranucci, mais il semblerait que ce déni soit une raison plausible au comportement des Aubert. Du moins est-ce une forme de déni?
Les Aubert se sont donc persuadés d'avoir vu une fillette. Et je pense aujourd'hui qu'ils le croient encore sincèrement. A tort ou à raison.
Je rappelle que ceci est une hypothèse, je ne veut pas en faire une vérité universelle...
Citation :
Ton scénario est convaincant. C'est, dans l'ensemble, le scénario avancé par Gilles Perrault, à cela près qu'il ne conclut pas formellement, comme tu le fais, que les Aubert se sont eux-mêmes persuadés qu'ils avaient vu une fillette.
Je me souviens avoir un jour, il y a un an ou plus, exposé à peu près la même théorie que toi. Je continue à la trouver très vraisemblable. Mais sans être tout de même totalement convaincue qu'elle est la bonne.
Il y a quand même quelque chose qui n'est pas très clair pour moi dans ta théorie : selon toi, qu'auraient vu les Aubert en réalité ?
L'homme s'enfuir avec un paquet ? Avec quelque chose de totalement indéfinissable ? Avec quelque chose que l'un des Aubert avait pris pour un paquet et l'autre pour un enfant ?
S'ils n'ont vu qu'un paquet, il faudrait alors admettre qu'ils n'ont pas parlé d'enfant à Martinez et que ce dernier a menti.
S'ils ont vu (ou si l'un des deux a vu) un enfant, cela pourrait expliquer qu'ils aient aussi facilement été convaincus par Alessandra qu'ils tenaient le coupable, même s'ils n'avaient pas reconnu tout d'abord CR. Ils ont pu se dire que, puisqu'ils avaient vu un enfant et que, selon Alessandra, on avait retrouvé un enfant assassiné à l'endroit où ils avaient vu l'homme s'enfuir, c'était obligatoirement le même type.
Il leur a été d'autant plus facile de s'en convaincre que, d'après les reconstitutions du 18/19 mai, il est à peu près certain que les Aubert n'ont pu voir l'homme que très furtivement. Pour peu que celui qui ont vu ait eu dans l'ensemble une apparence globalement compatible avec celui qui avaient aperçu quelques secondes (et peut-être même de dos seulement), ils n'ont eu aucun mal à se persuader eux-mêmes qu'ils avaient bien vu celui que les policiers leur présentaient comme le meurtrier certain.
Mais j'aimerais quand même que tu me précises ce qu'ils ont vu d'après toi. Du moins ce qui te parait le plus probable
Citation :
Je pense tout bonnement qu'ils ne savent pas dire ce qu'ils ont vu. Un enfant? Un paquet? Je pense qu'ils sont simplement en mesure dire que Ranucci transportait quelque chose. De la même manière que M. Martinez déclare que Ranucci lui semblait seul à bord. Tout ça s'est passé très vite. Ils ne sont pas sûrs d'eux, ce qui est logique.
Pour la conviction d'avoir vu un enfant, je suis convaincu que le commissaire avait les arguments pour. Les Aubert a défaut d'avoir vu avec certitude un enfant, ont dû s'en convaincre pour y croire.
Ils n'ont pas su définir avec certitude les détails de cette scène. Ils ont dû la voir de loin. Je crois également que les Aubert ne s'imaginaient pas être un élément aussi lourd du dossier. Et ils n'ont pas eu un seul instant l'impression d'enfoncer un innocent. Ils ont fait confiance à la police marseillaise, qui leur a certiié la culpabilité de Ranucci. Les Aubert, je pense, ont cru bien faire.
Citation :
Oui, je suis assez d'accord avec toi sur cette manière de voir les choses.
Cette forme de déni est d'ailleurs assez fréquente.
Beaucoup plus que le contraire.
Les gens dotés d'une extrême rigueur intellectuelle, capables de maintenir une position contre vents et marées, les gens qui ne s'en laissent pas conter et qui sont incapables de se mentir à eux-mêmes (ce qui est déjà le début du déni) sont assez rares.
Finalement, je constate que vous avez fini par admettre ce que certains vous disent depuis pas mal de temps, à savoir que les Aubert n'ont finalement pas vu grand chose, pas assez en tout cas pour affirmer que Ranucci s'enfuyait avec une fillette, que la police sans aucune preuve et à contrario des témoins de l'enlèvement s'est convaincue de la culpabilité de Ranucci, que la police a du faire preuve de toute son influence pour convaincre les Aubert (et Martinez, d'ailleurs), à tel point que ceux-ci ont accepté de mentir en connaissance de cause - de bonne foi ou pas ça reste un faux témoignage - malgré qu'ils aient prêté serment.
C'est pas joli joli tout ça.
Je ne vous souhaite pas d'avoir un jour sur le dos des ripoux et des enfoirés de ce genre-là.