"Je me nomme Guazzone Henri, né le 14 juillet 1924 à Aix en Provence, j'exerce la profession de champignonniste et suis domicilié à Auberge Neuve , commune de Peypin (13) , je ne suis ni parent, ni allié ni employé de la victime.
Le lundi 3 juin 74, vers 17 heures, je suis allé faire un tour au chantier champisse à Valdonne dans la champignonnière , pour voir si tout était en ordre.
A l'entrée de la RN 8 bis, j'ai trouvé le portail ouvert sur le chemin de la champignonnière . Je suis monté jusqu'à l'entrée des galeries pour voir ce qui se passait.
Arrivé à l'entrée, j'ai entendu du bruit.
Je suis descendu et j'ai aperçu les phares d'une voiture dirigés vers la sortie de la galerie.
Dans les phares allumés, j'ai aperçu un voisin du chantier, M. Rahou et aux côtés du véhicule, un homme inconnu de moi.
Sur la demande à cet inconnu, de sa présence sur mon chantier, il répondit qu'il était venu pour pique niquer dans le coin et qu'en reculant , sa voiture avait glissé dans la galerie et ne pouvait plus remonter.
J'ai regardé le véhicule embourbé et ai relevé le numéro 1369 SG 06 , 304 gris métal.
J'ai dit à cet inconnu que j'allais le tirer de là avec un tracteur.
Je suis parti et cet inconnu m'a suivi jusqu'à mon engin.
Nous avons cherché des cables et sommes revenus sur les lieux.
Quand nous étions hors des galeries, j'ai bien regardé l'individu. Ce dernier était calme.
Il était âgé de 30 ans environ, 1m75 environ, corpulence moyenne, portait souliers bas noirs, pantalon anthracite, chemise claire; je n'ai pas bien remarqué son visage mais je pense le reconnaître.
Il avait un parler sans accent et correct.
Pendant que j’accrochais le cable de remorquage, l'individu a récupéré une nourrice blanche d'environ 30 litres qu'il avait cachée dans un coin et l'a mise dans le coffre de la voiture.
Un sac de voyage moyen , petits carreaux noirs et blancs se trouvait sur le siège arrière.
J'ai sorti le véhicule de la galerie sans grande difficulté et sur la plat nous l'avons décroché.
Au jour, je me suis aperçu que le véhicule 304 était accidenté du côté gauche . La portière avant, tout le côté et jusqu'à l'aile arrière, la tôle était froissée.
Je me suis rendu compte que le véhicule n'avait pas été accidenté dans la galerie.
Je l'ai questionné sur cette tôle froissée car cela semblait récent.
L'individu me répondit qu'il n'avait pas eu d'accident dans la galerie et que celui qui avait provoqué l'accident payerait tout. Toutefois il ne m'a pas dit où il avait été accidenté.
Ensuite, cette personne a défroissé son aile qui frottait contre la roue arrière gauche.
Je précise qu'au début je lui ai posé la question s'il était seul , il me répondit "heureusement que je suis seul , d'ailleurs, cela m'arrive toujours quand je suis seul."
Ensuite, j'ai quitté mon tracteur et je me suis rendu dans les galeries voir s'il n'y avait rien de suspect.
J'ai cherché mais je n'ai rien trouvé.
L'individu est resté un moment avec Monsieur Rahou et quand j'ai eu fini de visiter les galeries, je suis allé voir Rahou mais l'individu était parti.
J'ai discuté avec Rahou mais on s'est toujours posé la question de la présence de cet individu .
Mardi 4 juin 1974 vers 13 heures, suite aux informations données à la radio, j'ai fait le rapprochement avec le signalement et la couleur de la voiture et aussitôt je vous ai téléphoné.
Je n'ai pas remarqué ce qu'il y avait exactement dans la nourrice blanche , mais cette dernière étant transparente, le liquide était clair comme de l'eau. C'est tout ce que je peux vous dire sur les faits.
Le 5 juin 1974 à 16 heures 35 minutes.
Lecture faite par moi de la déclaration ci-dessus, j'y persiste , je n'ai rien à y changer ou à y retrancher."
Merci Ludivine de nous permettre de lire l'intégralité de ce pv.
Mr Guazzone est un tantinet contradictoire dans ses déclarations, enfin il me semble. Il dit voir un inconnu en compagnie de Mr Rahou ; il part avec l'inconnu au grand jour, lui parle, cherche son tracteur et des câbles pour le tirer du bourbier dans lequel l'inconnu s'est mis, il le décrit (environ 30 ans ...) prétend l'avoir bien regardé et l'avoir trouvé calme puis n'avoir pas remarqué son visage tout en pensant pouvoir le reconnaître ...
Curieux tout de même !
Ensuite, il affirme avoir arrimé le câble à la 304 alors qu'il déclare plusieurs fois notamment à G. Bouladou (page 287 Autopsie), que par doute, il ne s'est pas baissé et a demandé à CR d'accrocher lui-même le câble.
Ils discutent un bon bout de temps concernant la voiture et sa tôle froissée (on apprend donc que CR la "défroisse" juste à ce moment là, donc qu'a-t-il fait pendant le reste du temps depuis l'accident ?)
Mr Guazzone nous livre également une remarque que CR lui aurait faite suite à une question posée : "Heureusement que je suis seul, d'ailleurs, cela m'arrive toujours quand je suis seul". Très très énigmatique cette phrase ; qu'a donc voulu dire CR par ces mots là ?