Citation :
Disons que vous evoquez le probleme des familles monoparentales...
dès le moment où le parent devient unique , il y a de, par la force des choses, déséquilibre. Le parent restant essaie de combler le vide, car il faut parler de vide, de siège vide...et parfois protège à l'excès son enfant.
Dans le cas de Ranucci, si sa mere redoutait en plus la violence de son ex mari, la fuite et les déménagements en série s'expliquent d'autant mieux....
Sans chercher à devenir abusives, ces mères prennent tout l'espace.
Mais bon, précisons que ce contexte ne conduit pas en général au crime. Au contraire, je dirais même qu'il est fréquent, excepté si les relations avec le parent restant sont devenues très mauvaises, que l'enfant , si le parent protecteur est sa mère, devienne naturellement proche des femmes.
C'est un cliché, mais combien de garçons "très proches de leur maman" omniprésente, y compris dans leur vie sentimentale, couvés, choyés, au centre de la vie de leur mère, sont très proches des femmes, oui, mais ne peuvent développer une vie sexuelle avec elles (ce qui serait vécu comme sacrilège et incestueux) ?
Pour cumuler les clichés, il est dit en revanche, en effet, qu'un homme élevé par sa mère seule, l'adorant mais ayant une vie (en particulier sentimentale) propre et ne prenant pas son fils pour l'homme de la famille ou son chevalier servant, deviendra tel que vous le décrivez.
Bon, ce sont des clichés et des tendances, mais ils doivent bien recouvrir une certaine réalité. En tout cas, il est clair pour moi que Mme Mathon serait à ranger dans la première catégorie.
34 déménagements, disait Danou ! Le simple bon sens nous dit que c'est de la folie pure que de déménager à un tel rythme, et en plus, d'imposer tous ces bouleversements à un enfant.
D'autant que ses craintes relevaient clairement du phantasme, puique Jean Ranucci n'a jamais cherché à les retrouver. Au bout de 10 ans (et même avant), n'avait-elle pas d'autre moyen de se rassurer ? je ne sais pas, moi, faire appel à un détective (elle en avait les moyens) pour essayer de savoir ce que devenait son ex-mari et s'il nourrissait de noirs desseins à son encontre (elle aurait alors su qu'il avait une nouvelle compagne et ne songeait nullement à eux).
Le résultat - inconsciemment recherché ? - était en effet d'isoler CR et elle-même dans une bulle, les méchants au dehors, eux deux à l'intérieur. Et le sens des réalités en berne.
Cela se retrouve dans différentes réactions de CR : à l'armée, il se plaint à un moment de gradés et dit à sa mère que si ça continue, il fera un scandale qui fera du bruit (je ne me rappelle qu'approximativement)
Idem dans ses réactions une fois qu'il a rétracté ses aveux. Cela me paraît être à nouveau "nous deux contre le reste du monde qui nous en veut".
Je trouve d'ailleurs l'histoire poignante. Ne serait-ce que parce que, au delà des attirances troubles qu'elle a probablement suscité chez CR, cette relation étouffante l'a empêché d'atteindre sa vérité et que l'on n'est pas un être humain digne de ce nom si on se ment à ce point à soi-même.
Le déni dont il a fait preuve est d'une tristesse insigne, et au vu de sa relation avec sa mère, il ne pouvait guère y échapper (7 mois quand même pour retrouver l'air ô combien doux de "nous 2 dans notre bulle")