http://fr.news.yahoo.com/03102006/290/f ... ition.html
mardi 3 octobre 2006, 13h28
Fabrice Burgaud nie toute faute et fait reporter son audition
PARIS (Reuters) - Fabrice Burgaud, convoqué mardi dans le cadre de poursuites disciplinaires devant le Conseil supérieur de la magistrature (CSM), continue à nier toute faute dans l'affaire de pédophilie d'Outreau et a fait reporter son audition pour des raisons techniques.
Les deux magistrats du CSM chargés de l'audition n'ont fixé aucune nouvelle date d'audition.
Assisté des avocats Patrick Maisonneuve et Jean-Yves Dupeux, et du magistrat Jean-Yves Montfort, président du tribunal de Versailles, Fabrice Burgaud a expliqué qu'il n'avait pas eu le temps de prendre connaissance des toutes les auditions de la commission d'enquête parlementaire.
Les avocats ont déclaré avoir réceptionné lundi environ 1.652 pièces écrites. Certaines auditions non publiques de policiers ou d'autres personnes n'étaient pas connues, mais l'essentiel a été publié au fur et à mesure sur internet et dans un rapport en mai.
"Le fait d'avoir reçu si tard ces pièces posait une véritable difficulté pour s'expliquer sur le fond", a déclaré Me Maisonneuve aux journalistes.
Sur le fond, le magistrat s'estime exempt de toute responsabilité. "Il réfute point par point les accusations, M. Burgaud n'a pas changé de position", a dit Me Maisonneuve.
Jean-Yves Montfort a assuré qu'il ne s'agissait pas d'une manoeuvre dilatoire, car le juge Burgaud veut parler. "Il souffre d'un déficit d'écoute", a expliqué le magistrat, qui a utilisé une possibilité de la procédure pour assister son collège.
POURSUITES DU MINISTRE
Le CSM est chargé de statuer sur une éventuelle sanction, qui peut aller du blâme à la révocation. Fabrice Burgaud est poursuivi avec Gérald Lesigne, procureur de Boulogne-sur-Mer. L'affaire sera examinée en audience publique en fin de procédure.
L'instruction menée à Boulogne-sur-Mer par Fabrice Burgaud entre 2000 et 2002 sur un supposé réseau de pédophilie a été marquée par le décès en prison d'un suspect et 13 acquittements sur 17 accusés lors de deux procès en 2004 et 2005.
Lors de leurs auditions, les anciens suspects ont décrit un juge en monstre froid, l'accusant d'avoir instruit de manière malhonnête et à sens unique.
Douze de ces treize acquittés ont été incarcérés durant des périodes allant jusqu'à 39 mois. L'affaire a conduit à la création d'une commission d'enquête parlementaire, qui a formulé au printemps 80 propositions de réforme de la justice.
Les poursuites disciplinaires devant le CSM ont été engagées par le ministre de la Justice, Pascal Clément, en dépit du rapport d'une mission d'enquête administrative qui a estimé le 9 juin qu'aucune faute professionnelle n'avait été commise.
Dans sa saisine du CSM, le ministre reproche à Fabrice Burgaud les mauvaises conditions d'audition d'enfants supposés victimes du dossier, l'absence de confrontation entre eux et les suspects qu'ils accusaient, la mauvaise prise en compte d'éléments à décharge et un respect insuffisant des droits de la défense.
Le juge Burgaud a donné crédit à des enfants et à la principale protagoniste, Myriam Badaoui, qui ont mis en cause plus de 70 personnes, évoqué un réseau international de pédophiles et dénoncé des viols de bambins par des ânes, des moutons et des cochons.
Fabrice Burgaud est actuellement en poste au service de l'exécution des peines du parquet de Paris. Il a dit qu'il entendait rester dans la magistrature. L'ensemble de la magistrature, syndicats et hauts magistrats, le soutiennent en estimant qu'il n'a fait que son travail.