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Deperrois: la Commission de révision rend sa décision le 9 février
AP | 19.12.2008 | 15:56
Source : Nouvel Observateur - http://tempsreel.nouvelobs.com/depeches ... on_le.html
La Commission de révision des condamnations pénales doit dire le 9 février prochain si elle estime nécessaire de saisir la Cour de révision de la seconde requête en révision de Jean-Marc Deperrois, condamné en 1997 à vingt ans de réclusion criminelle pour le meurtre de la petite Emilie Tanay dans l'affaire de la Josacine empoisonnée, a-t-on appris vendredi de source judiciaire.
A l'audience, qui s'est tenue jeudi à huis clos, l'avocat général a conclu au rejet de la demande de M. Deperrois, estimant qu'il ne présentait pas d'éléments nouveaux justifiant une révision de son procès, a-t-on précisé de même source. La Commission a notamment examiné le résultat d'un complément d'information ordonné en février, à savoir une comparaison d'expertises.
Lors du procès en mai 1997, l'accusation a soutenu la thèse d'un crime passionnel dont la cible était Jean-Michel Tocqueville, Jean-Marc Deperrois ayant eu une aventure avec son épouse Sylvie. M. Tocqueville gardait Emilie Tanay le 11 juin 1994 à Gruchet-le-Valasse (Seine-Maritime), et selon l'accusation, Jean-Marc Deperrois aurait versé du cyanure dans le flacon de Josacine -un antibiotique- qu'il croyait destiné au mari.
Cette seconde requête s'appuie notamment sur un rapport commandé à un laboratoire du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) selon lequel le mélange cyanure-Josacine produit en moins d'une heure une forte odeur d'ammoniaque. Selon l'accusation, le cyanure a été introduit au plus tard à 17h le 11 juin 1994 par M. Deperrois. Or, l'odeur d'ammoniaque n'a été remarquée que le 12, aux alentours de 5h du matin, ce qui, pour la défense, rend impossible que ce soit l'accusé qui ait versé le produit mortel dans le flacon d'antibiotique. Le soir du drame, lorsqu'un infirmier a vérifié le contenu du flacon d'antibiotique, il ne dégageait aucune odeur.
La Commission doit dire s'il s'agit là d'éléments nouveaux, inconnus de la juridiction de jugement au moment du procès, ce qui justifierait la saisine de la Cour de révision qui, elle, pourrait ordonner la tenue d'un nouveau procès.
Jean-Marc Deperrois a bénéficié d'une mesure de libération conditionnelle en juin 2006 après douze ans de détention. AP
Josacine empoisonnée - Jean-Marc Deperrois, le coupable qui veut être innocenté
Isabelle Horlans, le jeudi 18 décembre 2008 à 04:00 Source : France Soir
http://www.francesoir.fr/enquete/2008/1 ... cente.html
Jean-Marc Deperrois n’a pas été condamné sans preuves ainsi que l’affirme, depuis le verdict du 25 mai 1997, son comité de soutien.
La lecture approfondie du dossier, des rapports d’expertises et des conclusions de la Commission de révision des condamnations pénales, saisie d’une première requête en 2001 puis d’une seconde en 2005, pourrait suffire à apaiser les esprits s’ils se montraient réellement curieux. Depuis le procès Deperrois, de nombreux éléments ont été réexaminés, explorés, disséqués, des portes ont été rouvertes et refermées. Les résultats de ces investigations ne laissent plus de place au doute. La seule piste qui aurait pu être envisagée – celle d’une complicité – n’a pas été suivie, car Jean-Marc Deperrois, en toute logique, ne l’a pas souhaité : orienter les soupçons vers un(e) autre l’aurait obligé à admettre sa part de responsabilité. Or il a toujours nié être mêlé, de près ou de loin, à la mort d’Emilie Tanay. Les enquêteurs et les scientifiques ont cependant démontré l’existence de charges à son encontre. Et les magistrats de la Cour de cassation n’ont pas estimé devoir retenir, comme matière à révision, les éléments prétendument nouveaux qui lui ont été soumis.
« Des impuretés caractéristiques »
Parmi les charges retenues contre M. Deperrois, il y a notamment l’analyse du cyanure mêlé à la Josacine. Il présente des impuretés caractéristiques, similaires à celles relevées dans les lots que la société Prolabo vendait au printemps 1994. A l’entreprise, Jean-Marc Deperrois a acheté un kilogramme de cyanure de sodium le 6 mai 1994, par l’intermédiaire d’Alain B., relation professionnelle. Après l’avoir niée, il a reconnu l’acquisition, expliquant que le produit devait servir à effectuer des essais de traitement de métaux. Le 16 ou le 17 juin, la peur d’être impliqué dans l’affaire de la Josacine empoisonnée lui a fait jeter le tout dans la Seine, y compris la ferraille testée et sa documentation sur le cyanure. Problème : à l’une ou l’autre de ces deux dates, rien ne le relie à Emilie et la justice n’a pas encore révélé que l’enfant est morte après absorption de cyanure. Que craignait-il pour agir ainsi, sinon une mise en cause directe, suivie d’une*mot rejeté*yse de son produit et d’une comparaison avec le poison versé dans l’antibiotique ? Et pourquoi, le 19 juin, prie-t-il Alain B. « de ne pas parler de sa commande de cyanure » ? Autre charge : son passage chez les Tocqueville en leur absence l’après-midi du 29 mai. Les voisins aperçoivent M. Deperrois quitter la maison et verrouiller une porte-fenêtre. Intrigués, ils remarquent ses mains gantées. La perquisition chez les Deperrois permet la saisie de gants correspondant à la description et de clés des Tocqueville. Poursuivis pour faux témoignage jusqu’en 2001, les voisins ont gagné leur procès.
La contre-attaque
Le mobile – se débarrasser du rival – ne tient pas la route selon la défense, qui va réduire la passion amoureuse à une vulgaire incartade. Jean-Michel Tocqueville, alors prêt à tout pour garder sa femme auprès de lui, volera même au secours du suspect, qui n’a depuis cessé de se battre, aidé par l’un des plus gros comités de soutien jamais constitués. Son pourvoi en cassation est rejeté en octobre 1998. Fin 2001, la Commission de révision est saisie. M. Deperrois produit le rapport d’un docteur en sciences qu’il a sollicité. Robert Rosset conteste les résultats des trois experts judiciaires. « Si le cyanure de sodium peut provenir des lots numéros B062 et A349 de Prolabo, il est beaucoup plus certainement d’une autre origine, évidemment inconnue », écrit-il. Le Pr Jacques Storck, titulaire d’une chaire de chimie appliquée aux expertises et exerçant au Val-de-Grâce, contredit point par point les travaux de Robert Rosset. La commission écarte le deuxième élément « nouveau », des écoutes téléphoniques qui rapportent une conversation entre Denis L. et Jean-Michel Tocqueville parlant de cyanure : la transcription des écoutes figurait au dossier et n’avait jamais donné matière à débat. En clair, un pétard mouillé. Le 16 décembre 2002, la Commission de révision déclare irrecevables les deux requêtes de Jean-Marc Deperrois. Il l’a de nouveau saisie en septembre 2005.
Gruchet-le-Valasse, samedi 11 juin 1994...
C’est un beau jour, entre fin de printemps et début d’été. C’est le samedi 11 juin 1994. Dans un village de Haute-Normandie, une fillette s’impatiente, pressée de participer à la fête médiévale de Gruchet-le-Valasse. Emilie Tanay sera . Elle a 9 ans. Pour la première fois de sa vie, Emilie va dormir chez les parents d’un camarade d’école, Jérôme Tocqueville. Dans son sac, elle emporte le sirop de Josacine 500 qui soigne sa rhino-pharyngite. Elle embrasse son papa, c’est sa maman qui la dépose chez son ami. La petite fille est heureuse. En tout début de soirée, chez les Tocqueville, Emilie boit sa cuillère de Josacine. « Berk, ce n’est pas bon ! » remarque-t-elle. Le goût âpre la conduit jusqu’à l’évier de la cuisine, l’eau du robinet chasse la mauvaise odeur. Soudain, voilà l’enfant qui s’effondre, qui souffre, qui gémit, et la vie qui semble quitter ce corps fluet, la panique qui s’empare des Tocqueville. Le Samu la transporte aux urgences pédiatriques. Rupture d’anévrisme ? Virus méconnu, foudroyant ? Le scanner ne révèle rien. En soirée, à l’hôpital du Havre, l’existence de Corinne et Denis Tanay bascule dans le néant : leur Emilie, prénom choisi après lecture de l’ouvrage éponyme d’Elisabeth Badinter, enfant chérie née le mardi 19 février 1985 à 1 h 40, la petite fille qui voulait être danseuse meurt sans avoir repris connaissance. Lundi 13, des examens sanguins et un prélèvement gastrique sont effectués. Mardi 14, une deuxième autopsie révèle un empoisonnement au cyanure. La justice garde cette information secrète. Jeudi 16, Emilie est inhumée. En soirée, le laboratoire qui commer*mot rejeté*e la Josacine la retire du marché. Il évoque un décès suspect, sans révéler l’identité de la victime. Vendredi 17, les parents d’Emilie sont placés en garde à vue.
4,9 grammes de cyanure
Tandis que le couple Tanay est retenu à la gendarmerie, pressé de questions plus ignobles les unes que les autres qui auront pour seul mérite de les disculper, des reporters s’introduisent chez eux et volent des photos. Sans le mesurer, ils vivent là le début de l’enfer. Un enquêteur leur assène la vérité : dans la Josacine de la petite, il y avait 4,9 grammes de cyanure. Jean-Michel et Sylvie Tocqueville, qui hébergeaient Emilie, sont aussi entendus. Ils prononcent pour la première fois le nom de Jean-Marc Deperrois. PDG d’une société d’imagerie industrielle, élu au conseil municipal de Gruchet, il a 43 ans. L’enquête établit qu’il entretient une liaison extraconjugale avec Sylvie Tocqueville. Cette relation n’intéresse pas les gendarmes. Mais une écoute téléphonique du 22 juin va les intriguer. Un certain Alain s’inquiète pour Deperrois : n’a-t-il pas été ennuyé à cause du « produit » acheté à son laboratoire ? Identifié, Alain explique lui avoir vendu, le 6 mai, un kilo de cyanure. Le 26 juillet 1994, Deperrois est arrêté. Dans un premier temps, il nie l’achat, finalement l’admet : c’était pour son travail mais, pris de panique à l’idée d’être relié au crime, il a jeté le cyanure dans la Seine. Il est mis en examen et écroué le 27 juillet 1994. Il se dit innocent.
Le poison destiné au rival
L’instruction établira que Jean-Marc Deperrois, très épris de sa maîtresse, avait l’intention de refaire sa vie avec elle. Il fallait éliminer l’époux souffreteux qui se cramponnait à son foyer. Samedi 11 juin, dans la matinée, Sylvie Tocqueville lui apprend que son mari Jean-Michel a eu un malaise : le médecin a prescrit un antibiotique et un anxiolytique. Bien après les faits, le praticien indiquera que le patient présentait les symptômes d’un empoisonnement au cyanure mais qu’il lui était alors impossible d’y songer. Le 29 mai, Deperrois s’était introduit chez les Tocqueville, en leur absence : avait-il déjà tenté de se débarrasser du rival ? Ce 11 juin donc, les Tocqueville partis à la fête, il entre chez eux et empoisonne la Josacine 500 que prend Jean-Michel. Ignorant la présence d’Emilie qui a apporté son propre remède, le même, il se trompe de flacon. L’horreur absolue. Tandis que la défense du suspect s’organise, Sylvie Tocqueville distille un autre poison : et si c’était la maman, coupable d’un stupide accident domestique ? Le visage désolé de Mme Tocqueville fait les choux gras des médias, à qui elle a cédé des photos d’Emilie, empruntées ici et là, ainsi qu’en témoignera une voisine. Une partie de l’opinion se met à soupçonner Corinne Tanay. Quatorze ans après la tragédie, il en est encore qui soutiennent cette thèse, comme dans l’affaire Villemin. Le 25 mai 1997, la cour d’assises de Seine-Maritime condamne Jean-Marc Deperrois à vingt ans de réclusion criminelle, à l’issue d’un procès qui a duré dix-sept jours. Le verdict scandalise les âmes charitables du pays de Caux. De victimes, les Tanay accèdent au statut de responsables d’une erreur judiciaire. Ils fuient leur maison et la haine pour se reconstruire avec leur fils nouveau-né. A ce jour, ils n’ont pas recouvré la paix qu’ils méritent.
Isabelle Horlans, une journaliste qui ne prend ses sources que d'un seul côté...
Jean-Marc Deperrois n’a pas été condamné sans preuves ainsi que l’affirme, depuis le verdict du 25 mai 1997, son comité de soutien.
C'est pourtant ce que l'avocat général Gaubert a dit et reconnu lors de son réquisitoire : il n'y avait ni preuves, ni aveux, ni témoins, mais un "faisceau de présomptions convergentes et finalement accablantes". M. Gaubert pouvant être malheureusement victime de diplopie quand à la divergence ou la convergence puisqu'il ne sait jamais quelle peine requérir et qu'il en change suivant son humeur.
Mais Mme Horlans est plus forte que l'avocat général Gaubert, elle voit des preuves là où lui-même ne les a pas vues.
La lecture approfondie du dossier, des rapports d’expertises et des conclusions de la Commission de révision des condamnations pénales, saisie d’une première requête en 2001 puis d’une seconde en 2005, pourrait suffire à apaiser les esprits s’ils se montraient réellement curieux.
On se demande alors si Mme Horlans les a réellement lus, où si elle se contente des affirmations du procureur général près la Cour de cassation ou bien de celles de l'avocat des parties civiles dont la venue sur le plateau de M. Amar restera un grand moment d'émotion contrite.
A-t-elle vérifié ses sources... ? Nous allons voir cela.
Depuis le procès Deperrois, de nombreux éléments ont été réexaminés, explorés, disséqués, des portes ont été rouvertes et refermées. Les résultats de ces investigations ne laissent plus de place au doute. La seule piste qui aurait pu être envisagée – celle d’une complicité – n’a pas été suivie, car Jean-Marc Deperrois, en toute logique, ne l’a pas souhaité : orienter les soupçons vers un(e) autre l’aurait obligé à admettre sa part de responsabilité.
Mme Horlans prétend balayer d'une phrase une*mot rejeté*yse réalisée par un professeur, expert auprès de la cour de cassation et la cour d'appel de Paris, qui affirme effectivement que les premières expertises sont non probantes scientifiquement et que toutes les conclusions sont erronées. Elle prétend balayer la découverte d'écoutes téléphoniques que l'enquête a rangé sous le tapis pour ne pas déranger la quiétude du juge et des laboratoires pharmaceutiques par lesquelles on apprend que certains protagonistes se sont peut-être entendus pour ne pas tout dire.
Pécadilles que tout cela. Nous avons affaire à une experte !
Et voilà aussitôt un double coup de pied de l'âne : il n'y a qu'une autre solution, c'est que la maîtresse d'un soir de M. Deperrois soit complice, mais comme on est totalement hypocrite et qu'on cherche à échapper au procès en diffamation, on fait comme si on n'avait pas nommé la personne que tout le monde aura reconnu.
Il y a la presse de caniveau, et encore en dessous, il y a France-Soir !
Mais en fait, cette accusation qui ne dit pas son nom, vient souligner la faiblesse insigne de l'accusation, ce dont Mme Horlans ne s'est pas rendu compte, parce qu'en plus Mme Horlans ne réfléchit pas à ce qu'elle écrit : effectivement on ne comprend pas comment M. Deperrois a pu mettre du poison dans un médicament qu'il aurait cru destiné à son mari, sans en avertir la femme pour laquelle il était censé commettre ce crime par passion dévorante (je cite l'arrêt de renvoi et je conseille vivement à MMe Horlans de le lire).
Et Mme Horlans prétend nous faire croire que l'enquête du malheureux juge d'instruction Balayn était en fait dirigée par M. Deperrois lui-même qui ne "souhaitait pas mettre en cause cette personne". Nous serions cruels de trouver cela risible et grotesque, ce n'est que du Horlans. M. Deperrois n'a pas voulu dire que sa maîtresse d'un soir était complice, or donc on n'a pas enquêté pour le savoir et donc ce serait bien une piste envisageable mais on n'a pas creusé. Autrement dit, si l'on suit les affirmation de Mme Horlans, le juge d'instruction Balayn n'a pas fait son boulot correctement.
Mais la vérité, c'est que l'accusation était grotesque elle-même : l'empoisonneur qui se trompe, la maîtresse pas au courant. Et prétendre ensuite accuser cette personne de complicité finissait de la tuer par ridicule. Car effectivement elle ne pouvait pas être complice, c'est ce qui se déduit non pas par on ne sait quelle bonté d'âme mais par impossibilités logique et matérielle qu'elle fût coupable. Étant présente et informée de l'empoisonnement, elle n'aurait sûrement pas laissé la gamine prendre le médicament à la place du véritable destinataire selon l'accusation, soit son mari.
Pour une fois effectivement, le ridicule aurait tué. C'est à se demander si MMe Horlans est encore en vie.
Or il a toujours nié être mêlé, de près ou de loin, à la mort d’Emilie Tanay. Les enquêteurs et les scientifiques ont cependant démontré l’existence de charges à son encontre. Et les magistrats de la Cour de cassation n’ont pas estimé devoir retenir, comme matière à révision, les éléments prétendument nouveaux qui lui ont été soumis.
Escamotant le fait qu'il s'agit de la première requête, Mme Horlans a déjà jugé la seconde, y compris avant les juges. Il faudra qu'elle nous indique si elle a vu les attendus de l'arrêt d'irrecevabilité prérempli comme il est arrivé qu'on le découvre autrefois dans des instances subalternes... Ce serait intéressant.
« Des impuretés caractéristiques »
Parmi les charges retenues contre M. Deperrois, il y a notamment l’analyse du cyanure mêlé à la Josacine. Il présente des impuretés caractéristiques, similaires à celles relevées dans les lots que la société Prolabo vendait au printemps 1994.
En réalité, il présente trois impuretés - pas plus caractéristiques que d'autres, en quoi le strontium serait-il plus caractéristique que le cuivre ? - en proportion similaire (à 20% près pour l'une d'elle et à 14% près une seconde), mais il présente des dissemblances totales pour 4 autres. Et comme on n'a*mot rejeté*ysé que le cyanure du type de celui qu'il avait acheté, ces trois similitudes ne sont qu'une hypothèse. D'autres cyanures présentaient sans doute des similitudes plus grandes mais comme on ne les a pas*mot rejeté*ysés...
De plus si c'est le même cyanure, il faudrait que toutes les impuretés soient en proportion semblable. La conclusion des expertises est donc rigoureusement inverse : si on examine 4 impuretés, ce n'est pas le même.
A l’entreprise, Jean-Marc Deperrois a acheté un kilogramme de cyanure de sodium le 6 mai 1994, par l’intermédiaire d’Alain B., relation professionnelle. Après l’avoir niée, il a reconnu l’acquisition, expliquant que le produit devait servir à effectuer des essais de traitement de métaux. Le 16 ou le 17 juin, la peur d’être impliqué dans l’affaire de la Josacine empoisonnée lui a fait jeter le tout dans la Seine, y compris la ferraille testée et sa documentation sur le cyanure. Problème : à l’une ou l’autre de ces deux dates, rien ne le relie à Emilie et la justice n’a pas encore révélé que l’enfant est morte après absorption de cyanure. Que craignait-il pour agir ainsi, sinon une mise en cause directe, suivie d’une*mot rejeté*yse de son produit et d’une comparaison avec le poison versé dans l’antibiotique ?
Et ces essais, il les a réellement effectués, l'enquête l'a prouvé, ils se sont révélés négatifs mais ils avaient un objet - neutraliser la réflexion parasite de l'infra-rouge qui faussait les mesures de chaleur - et M. Deperrois en avait parlé à plusieurs personnes de son entourage ce qu'elle ne rappelle pas laissant au lecteur le soin de s'induire tout seul en erreur.
Ensuite Mme Horlans s'emmêle les pinceaux et on ne sait plus trop à quoi correspond dans son esprit la peur d'être impliqué le 17 (car c'est effectivement le 17 qu'il a jeté le cyanure et non pas le 16, ce que cette "journaliste" saurait si elle connaissait le dossier) dans une affaire dont elle dit dans la même phrase qu'elle n'avait pas encore d'existence médiatique.
En réalité, si M. Deperrois était coupable, il aurait tout jeté dès le 12 à tout le moins, pourquoi garder l'arme du crime si longtemps ? Il n'y procède que le 17, car c'est le matin du 17 que Mme Tocqueville lui donne un coup de téléphone et lui apprend que l'enfant est morte d'un empoisonnement au cyanure, ce que les gendarmes viennent de lui révéler lui annonce-t-elle.
Et pourquoi, le 19 juin, prie-t-il Alain B. « de ne pas parler de sa commande de cyanure » ?
Il suffirait à Mme Horlans d'une petite minute de réflexion pour comprendre, et ce qu'elle va dire plus loin, un comble. Quand il apprend que l'enfant est morte du cyanure tandis qu'il possède lui-même un flacon d'un kilogramme sur le meuble du bureau de son entreprise, il panique et il le jette parce que la coïncidence le terrasse. Il ne sait pas que Mme Tocqueville a sans doute aperçu ledit flacon en venant faire des photocopies ou passer un fax et qu'elle va vendre la mèche aux gendarmes durant sa garde-à-vue. (ils ne l'écriront pas mais mettrons M. Deperrois sur écoutes.).
Autre charge : son passage chez les Tocqueville en leur absence l’après-midi du 29 mai. Les voisins aperçoivent M. Deperrois quitter la maison et verrouiller une porte-fenêtre.
Intrigués, ils remarquent ses mains gantées. La perquisition chez les Deperrois permet la saisie de gants correspondant à la description et de clés des Tocqueville. Poursuivis pour faux témoignage jusqu’en 2001, les voisins ont gagné leur procès.
Sauf qu'il s'agit d'un faux témoignage - M. Deperrois vendait des tickets à une kermesse à 2 kilomètres de là et des dizaines de témoins ont attesté qu'il était sur les lieux. - qui plus est des témoins vraisemblablement subornés (pour dire qu'il portait des gants, il affirment qu'il transportait une plante pour la fête des mères, or M. Deperrois avait apporté une plante à sa mère effectivement ce jour là, ce que seuls les enquêteurs pouvaient savoir puisque cela figure sur un PV antérieur).
Et qu'ils n'ont gagné qu'à cette occasion qu'on a violé de façon répétée la convention européenne des droits de l'homme : on s'est bien gardés de les convoquer aux différents procès (violation caractérisée de l'article 6-3) à ce point qu'un esprit malintentionné pourrait croire que l'institution judiciaire avait peur de ce qu'ils allaient dire, tellement ils étaient nigauds.
La contre-attaque
Le mobile – se débarrasser du rival – ne tient pas la route selon la défense, qui va réduire la passion amoureuse à une vulgaire incartade. Jean-Michel Tocqueville, alors prêt à tout pour garder sa femme auprès de lui, volera même au secours du suspect, qui n’a depuis cessé de se battre, aidé par l’un des plus gros comités de soutien jamais constitués. Son pourvoi en cassation est rejeté en octobre 1998.
Mme Horlans confond incartade avec escapade... Non seulement il faut qu'elle prenne des cours de journalisme et de déontologie, mais en plus de français.
Et de fait, la maîtresse étant témoin de Jéhovah, la nuit d'amour a précédé une intense contrition et la fin de la relation amoureuse (trois baisers, des chocolats, du parfum, voilà tout ce que le dossier réunit pour parler d'une passion amoureuse - c'est maigre commissaire.
Rappelons le motif cocasse avancé par la Cour de cassation pour rejeter le pourvoi : dès lors qu'un témoin a prêté serment de parler sans haine, il peut proclamer qu'il a la haine de l'accusé et continuer son témoignage sans problème car en fait le serment veut dire que cette proclamation, c'est pour de rire en fait, à moins que ce ne soit le serment lui-même...
Fin 2001, la Commission de révision est saisie. M. Deperrois produit le rapport d’un docteur en sciences qu’il a sollicité. Robert Rosset conteste les résultats des trois experts judiciaires. « Si le cyanure de sodium peut provenir des lots numéros B062 et A349 de Prolabo, il est beaucoup plus certainement d’une autre origine, évidemment inconnue », écrit-il. Le Pr Jacques Storck, titulaire d’une chaire de chimie appliquée aux expertises et exerçant au Val-de-Grâce, contredit point par point les travaux de Robert Rosset.
Comme c'est drôle, on cite abondamment les titres du professeur Storck, mais on oublie ceux du Professeur Rosset. Et on ne dit pas en quoi le professeur Storck contredit l'analyse du professeur Rosset qui démontre que le cyanure est un cyanure ancien du fait de la proportion importante d'impuretés et de sa dégradation. Évidemment, par escamotage, Mme Horlans peut affirmer ce qu'elle veut, et surtout n'importe quoi.
La commission écarte le deuxième élément « nouveau », des écoutes téléphoniques qui rapportent une conversation entre Denis L. et Jean-Michel Tocqueville parlant de cyanure : la transcription des écoutes figurait au dossier et n’avait jamais donné matière à débat. En clair, un pétard mouillé. Le 16 décembre 2002, la Commission de révision déclare irrecevables les deux requêtes de Jean-Marc Deperrois. Il l’a de nouveau saisie en septembre 2005.
Que la commission de révision ne veuille pas en débattre pas plus que l'enquête à charge du malheureux juge Balayn, c'est une chose, mais en taisant le contenu des écoutes, on peut prétendre minimiser ce qu'elles sous-entendent. Or elles disent qu'ils se sont posés des questions, et le problème c'est qu'ils ont eu, eux aussi, à connaître du cyanure, d'un autre cyanure d'une autre provenance sur lequel la commission n'a rien à dire. C'est pas de chance.
Gruchet-le-Valasse, samedi 11 juin 1994...
C’est un beau jour, entre fin de printemps et début d’été. C’est le samedi 11 juin 1994. Dans un village de Haute-Normandie, une fillette s’impatiente, pressée de participer à la fête médiévale de Gruchet-le-Valasse. Emilie Tanay sera . Elle a 9 ans. Pour la première fois de sa vie, Emilie va dormir chez les parents d’un camarade d’école, Jérôme Tocqueville. Dans son sac, elle emporte le sirop de Josacine 500 qui soigne sa rhino-pharyngite. Elle embrasse son papa, c’est sa maman qui la dépose chez son ami. La petite fille est heureuse. En tout début de soirée, chez les Tocqueville, Emilie boit sa cuillère de Josacine. « Berk, ce n’est pas bon ! » remarque-t-elle. Le goût âpre la conduit jusqu’à l’évier de la cuisine, l’eau du robinet chasse la mauvaise odeur. Soudain, voilà l’enfant qui s’effondre, qui souffre, qui gémit, et la vie qui semble quitter ce corps fluet, la panique qui s’empare des Tocqueville.
En réalité, l'enfant ne s'est effondré qu'un quart d'heure après, sur le sol du garage, situé à 50m de la maison. Mais à part ce détail la relation des faits est à peu près juste. Pour une fois on reconnaîtra que Mme Horlans connaît sur cet aspect à peu près son sujet.
Le Samu la transporte aux urgences pédiatriques. Rupture d’anévrisme ? Virus méconnu, foudroyant ? Le scanner ne révèle rien. En soirée, à l’hôpital du Havre, l’existence de Corinne et Denis Tanay bascule dans le néant : leur Émilie, prénom choisi après lecture de l’ouvrage éponyme d’Élisabeth Badinter, enfant chérie née le mardi 19 février 1985 à 1 h 40, la petite fille qui voulait être danseuse meurt sans avoir repris connaissance. Lundi 13, des examens sanguins et un prélèvement gastrique sont effectués. Mardi 14, une deuxième autopsie révèle un empoisonnement au cyanure. La justice garde cette information secrète. Jeudi 16, Emilie est inhumée. En soirée, le laboratoire qui commer*mot rejeté*e la Josacine la retire du marché. Il évoque un décès suspect, sans révéler l’identité de la victime. Vendredi 17, les parents d'Émilie sont placés en garde à vue.
4,9 grammes de cyanure
Tandis que le couple Tanay est retenu à la gendarmerie, pressé de questions plus ignobles les unes que les autres qui auront pour seul mérite de les disculper, des reporters s’introduisent chez eux et volent des photos. Sans le mesurer, ils vivent là le début de l’enfer. Un enquêteur leur assène la vérité : dans la Josacine de la petite, il y avait 4,9 grammes de cyanure. Jean-Michel et Sylvie Tocqueville, qui hébergeaient Emilie, sont aussi entendus. Ils prononcent pour la première fois le nom de Jean-Marc Deperrois. PDG d’une société d’imagerie industrielle, élu au conseil municipal de Gruchet, il a 43 ans.
M. Deperrois n'est pas PDG, mais simplement gérant, Mme Horlans confond I.T.I. avec une multinationale, on ne peut pas lui en vouloir, en fait elle ne connaît pas bien le dossier.
L’enquête établit qu’il entretient une liaison extraconjugale avec Sylvie Tocqueville. Cette relation n’intéresse pas les gendarmes. Mais une écoute téléphonique du 22 juin va les intriguer. Un certain Alain s’inquiète pour Deperrois : n’a-t-il pas été ennuyé à cause du « produit » acheté à son laboratoire ? Identifié, Alain explique lui avoir vendu, le 6 mai, un kilo de cyanure. Le 26 juillet 1994, Deperrois est arrêté. Dans un premier temps, il nie l’achat, finalement l’admet : c’était pour son travail mais, pris de panique à l’idée d’être relié au crime, il a jeté le cyanure dans la Seine. Il est mis en examen et écroué le 27 juillet 1994. Il se dit innocent.
Encore une incohérence, comment peut-on dire qu'une relation qui va être le mobile prétendu peut ne pas intéresser les gendarmes ? Et comment auraient-ils l'idée de mettre M. Deperrois sur écoute si ce n'est parce que quelqu'un leur dit qu'il possède du cyanure ? Disons plutôt que M. Deperrois affirme énergiquement qu'il n'a rien à voir avec l'empoisonnement de l'enfant.
Le poison destiné au rival
L’instruction établira que Jean-Marc Deperrois, très épris de sa maîtresse, avait l’intention de refaire sa vie avec elle. Il fallait éliminer l’époux souffreteux qui se cramponnait à son foyer.
On ne sait pas si M. Tocqueville était souffreteux, ce n'est pas ce que laisse transparaître le dossier qu'on recommandera à Mme Horlans de bien vouloir parcourir, mais une chose est parfaitement fausse, c'est que l'enquête n'établira jamais justement que M. Deperrois avait l'intention de refaire sa vie avec Mme Tocqueville. Vu qu'il ne lui a jamais même suggéré de demander le divorce, ce que Mme Horlans saurait si elle connaissait le dossier. Les enquêteurs ont oublié qu'avant de songer à éliminer quelqu'un, le divorce est une chose permise en France.
Samedi 11 juin, dans la matinée, Sylvie Tocqueville lui apprend que son mari Jean-Michel a eu un malaise : le médecin a prescrit un antibiotique et un anxiolytique. Bien après les faits, le praticien indiquera que le patient présentait les symptômes d’un empoisonnement au cyanure mais qu’il lui était alors impossible d’y songer.
Tout ce qui est raconté par Mme Horlans relève tout d'un coup de la plus haute fantaisie. Il est vrai que M. Tocqueville avait une armée de médicament dans sa pharmacie, mais le médecin lui a prescrit de l'Atarax ce soir là, le malaise de M. Tocqueville s'apparentant à de la tachycardie et n'ayant rien à voir avec une infection soignée aux antibiotiques, ce que Mme Horlans saurait si elle connaissait le dossier. Et en aucun cas il n'était question de josacine 500, antibiotique à spectre large bien connu et destiné aux enfants.
Le 29 mai, Deperrois s’était introduit chez les Tocqueville, en leur absence : avait-il déjà tenté de se débarrasser du rival ?
A condition d'admettre qu'il a le don d'ubiquité (il était à ce moment là à la kermesse...). Et Mme Horlans oublie les élucubrations du 8 mai, lorsque les témoins ont prétendu avoir vu M. Deperrois tourner autour de sa voiture. Tentait-il d'empoisonner la voiture ?
Ce 11 juin donc, les Tocqueville partis à la fête, il entre chez eux et empoisonne la Josacine 500 que prend Jean-Michel. Ignorant la présence d’Emilie qui a apporté son propre remède, le même, il se trompe de flacon. L’horreur absolue. Tandis que la défense du suspect s’organise, Sylvie Tocqueville distille un autre poison : et si c’était la maman, coupable d’un stupide accident domestique ? Le visage désolé de Mme Tocqueville fait les choux gras des médias, à qui elle a cédé des photos d’Emilie, empruntées ici et là, ainsi qu’en témoignera une voisine.
Quel imbécile, le premier empoisonneur qui se trompe de flacon. Faut-il qu'il soit bête.
Une partie de l’opinion se met à soupçonner Corinne Tanay. Quatorze ans après la tragédie, il en est encore qui soutiennent cette thèse, comme dans l’affaire Villemin. Le 25 mai 1997, la cour d’assises de Seine-Maritime condamne Jean-Marc Deperrois à vingt ans de réclusion criminelle, à l’issue d’un procès qui a duré dix-sept jours. Le verdict scandalise les âmes charitables du pays de Caux.
Il scandalise surtout ceux qui assistent au procès et qui s'aperçoivent que ce dossier ne tient pas une minute, que les témoignages qui favorisaient la défense ont été oubliés, que d'autres mystères sont apparus que le Président fait mine d'ignorer...
De victimes, les Tanay accèdent au statut de responsables d’une erreur judiciaire. Ils fuient leur maison et la haine pour se reconstruire avec leur fils nouveau-né. A ce jour, ils n’ont pas recouvré la paix qu’ils méritent.
Cherchons les responsables de l'erreur judiciaire monumentale mais surtout ne désignons pas ceux qui servent l'institution, ce serait
moche, faisons comme si le Comité de soutien n'avait pas de reproches à faire à l'institution qui a servi des intérêts économiques qui ne sont pas ceux de la République. Faisons comme si les victimes étaient les seules cibles.
Quel courage !
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