Citation :
Dans toutes les hypothêses où CR serait coupable, il faudrait bien entendu supposer une manipulation par le vrai coupable. Comment ? C'est là dessus que je butte car, je l'ai souvent dit et le répête, j'ai du mal à avaler le coup de l'homme au pull over-rouge faisant basculer CR sur la banquette arriêre, etc.
Vous vouliez dire "dans toutes les hypothêses où CR serait
innocent", j'imagine.
Oui, il pourrait y avoir manipulation de la part de l'assassin, mais il ne faut pas non plus négliger la légendaire malchance de Ranucci (celle dont Perrault nous rebat les oreilles tout au long de son livre). Certains, d'ailleurs, nous affirment :
Le couteau taché de sang qu'il indique ? C'est la preuve qu'il est innocent. Un coupable ne cache pas son arme sur les lieux.
Le pantalon taché de sang dans son coffre ? C'est la preuve qu'il est innocent. Un coupable ne garde pas une piêce si compromettante.
Bon, tout d'abord, ça n'est pas vrai du tout. Il y a pire que ça, et je crois que c'est PIF qui parlait des assassins qui oubliaient leur carte d'identité sur les lieux. On en a vu d'incroyables, quand même.
Patrick Henry, il fait tout pour attirer l'attention, alors qu'on vient de le relâcher. Il jouit du plaisir de manipuler la presse. Il est três fort, três intelligent. Et il a le cadavre de sa victime sous son lit.
Donc, non, on ne peut pas transformer des éléments à charge en preuves de l'innocence comme ça. D'autant que...
Le couteau, il le cache dans un tas de fumier à un endroit dont il compte bien se tirer sans être vu. Même si on trouve le corps de la victime rapidement (mais il a tout fait pour que ça n'arrive pas), il n'y a aucune raison de venir avec un détecteur de métaux à cet endroit sans y être guidé. On se contentera des environs immédiats du lieu du crime, dans le bois. Ensuite, quand il est obligé de demander de l'aide, il se dit qu'il s'en tire à bon compte : les gens n'ont pas appelé les gendarmes, et il est resté pour le thé afin de donner le change un maximum (de toute façon, il ne pouvait refuser). Il est préférable de ne pas risquer d'être vu en train de retourner le tas de fumier pour en sortir un couteau à cran d'arrêt. Il vaut mieux qu'il déguerpisse, en espérant qu'on ne retrouvera pas le cadavre avant des semaines. Il ne sera même plus possible de déterminer le jour du décês, et des zigotos ayant violé les lieux, il y en aura eu bien d'autres.
Le pantalon, c'est vraiment pas de chance, parce que c'est celui qu'il portait au moment de l'accident (il le dira jusqu'au bout), et il est taché de sang. Bizarre de partir en week-end avec un pantalon taché de sang. Bizarre de prétendre, également, l'avoir taché avec une blessure au genou imaginaire, ne correspondant d'ailleurs pas aux taches, s'il était déjà taché depuis longtemps.
Je ne pense donc pas que le pantalon et le couteau puissent être interprétés en priorité comme des éléments à décharge.
Pour en revenir au sujet, car je me suis beaucoup éloigné, le basculement sur la banquette arriêre, la manipulation par l'assassin n'est pas nécessaire, en fait, ou bien elle se limite au couteau. Voici un petit scénario innocentiste :
L'homme sort du bois, voit Ranucci endormi au volant, jette son couteau à l'arriêre de la 304 et disparaît. Ranucci se réveille un peu, se souvient de l'accident, redémarre mais vraiment, il n'a pas la force de conduire sur la nationale, parce qu'il roule en zigzags et a les yeux qui se ferment. Alors, aprês une hésitation devant l'entrée de la Champignonniêre du Vallon, il s'arrête au niveau du chemin suivant, et pénêtre dans la propriété. Par chance, il trouve une galerie où il décide de piquer un somme, afin de retrouver des forces pour réparer et rentrer à Nice. Il bascule le siêge passager et s'endort sur la banquette arriêre. En se réveillant, il trouve le couteau et, tremblant, décide de s'en débarrasser. Il commence à se poser des questions sur ce qui a pu se passer aprês l'accident, car vraiment, ce couteau est três étrange, mais bon, passons, il faut d'abord se désembourber. Il essaie pendant 20 minutes, mais il est três fainéant et pas doué, alors il décide d'aller chercher de l'aide, malgré la honte de s'être retrouvé là .
Il manque le pull, dans ce scénario, mais on peut se dire qu'il n'a rien à voir avec l'affaire. Je n'ai pas dit que l'assassin, dans cette version, était le satyre des cités ; il peut três bien rouler en Ford Capri, et n'avoir jamais porté de pull rouge. Le lien serait donc artificiellement recréé par des faux témoignages au procês. Des mensonges "pour la bonne cause".