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Bienvenue sur le forum, Roro.
Citation : J'ai beaucoup parcouru le forum, qui m'a renseigné sur l'affaire et tous ses détails car je n'avais lu que "le pull-over rouge" et vu le film de Drach en son temps.. qui m'avaient bouleversés...
Le film de Drach est une fiction policière que l’on peut trouver passionnante et qui ne peut bien sûr laisser personne indifférent sur le plan émotionnel.
Il a le mérite de révéler cette affaire à ceux qui n’en ont jamais entendu parler, qui n’ont pas lu le livre de Gilles Perrault ou qui ne lisent pas.
Mais il a le tort de se présenter comme une relation fidèle de l’affaire Ranucci, qu’il n’est pas.
D’une manière générale, il ne faut jamais perdre de vue que toutes les fictions réalisées sur une affaire criminelle, quelle qu’elle soit, restent des fictions. Et qu’une fiction, pour être cinématographiquement parlant « efficace » (captivante, émouvante, en un mot « vendeuse ») doit obligatoirement prendre des libertés avec la réalité.
Citation : Je me mets à la place de Ranucci... >> Pourquoi le délit de fuite...? quand tous les papiers sont en règle...
Même dans l’optique de l’innocence (en partant du principe qu’il était seul dans la voiture), il risquait son permis, donc son boulot.
Que le délit de fuite ait été la pire des solutions est évident. Le plus raisonnable aurait consisté à s’arrêter, à s’excuser, à faire un constat et à en payer les conséquences, financières et autres.
Mais ça, c’est facile à dire dans une discussion posée entre personnes non impliquées.
A chaud, dans le feu de l’action, il en va souvent tout autrement. D’autant que CR avait 20 ans, était primo-conducteur, n’avait pas l’expérience de ce genre de situation, n’avait pas encore la maîtrise de soi d’un adulte.
Je pense que, lors du tête-à-queue, plusieurs choses ont dû se bousculer dans sa tête en quelques millièmes de seconde : son permis qu’on allait lui enlever, son travail qu’il allait perdre, sa mère qui avait fait des sacrifices pour lui offrir cette voiture et qu’il trouvait le moyen de bousiller dès sa première ballade.
Non, je ne trouve pas que le délit de fuite ne puisse s’expliquer que par la présence d’un enfant dans la voiture.
Citation : Qu’on ne me dise pas qu'il avait peur pour son assurance ou de le dire à sa mère etc...
C’est pourtant bien ce que je vais vous répéter car je le pense. Contrairement à vous, je trouve cette hypothèse très vraisemblable.
A 20 ans, un jeune a souvent encore les réflexes de l’enfance. Chez un enfant de famille monoparentale, plus étroitement attaché à son seul parent, c’est plus accentué encore.
Je ne sais si CR était ou non coupable. Je dis seulement que, quand vous dites que le délit de fuite ne peut s’expliquer que parce que la petite MD se trouvait dans la voiture, je dis non. D’autres explications sont possibles.
Citation : >> Pourquoi tous ses oublis, son manque d'explication rationnelle sur ce qu'il a fait pendant 2 jours, ce pourquoi il s'est retrouvé dans la champignonnière et qu'a t-il fait pendant ce laps de temps ?
Je suis aussi perplexe que vous. Je le suis d’autant plus que je ne bois pratiquement pas d’alcool et ignore tout de ses effets.
Mais j’ai interrogé un très grand nombre de gens qui ont déjà eu des cuites carabinées et tous m’ont donné des témoignages qui vont tout à fait dans le sens de ce que CR avance pour sa défense : trou noir de plusieurs heures, incapacité par la suite de se souvenir de ce qu’on a bien pu faire pendant ce passage à vide, impossibilité de comprendre comment on peut se retrouver là où on se réveille ; par la suite, souvenirs morcelés, qui remontent par bribes à la surface et dont on ne sait s’ils correspondent à des faits réels ou non. Chronologie brouillée.
Tous m’ont également dit la chose suivante : l’incrédulité devant ce qu’ils ont été capables de faire avant de sombrer dans l’inconscience, et dont ils n’ont plus aucun souvenir. Il semblerait que certaines personnes puissent, même en état d’ivresse avancée, parvenir à conduire, à faire des manœuvres compliquées, à trouver leur chemin, à se repérer dans une ville inconnue, et bien d’autres choses encore, avant de s’effondrer d’un seul coup et de tomber dans un coma éthylique plus ou moins profond.
Citation : >> Pourquoi ment t-il s'il n'a rien fait ?.
La plupart des innocents avérés accusés à tort ont menti à un moment ou à un autre et cela a toujours beaucoup compliqué leur défense.
Il mentent souvent involontairement, par confusion, parce qu’ils sont tellement chamboulés par la garde à vue qu’ils ne savent plus eux-mêmes ce qu’ils disent.
La garde à vue est toujours une épreuve terrible, à laquelle personne n’est préparé et à laquelle seuls les criminels chevronnés et les caïds de la pègre savent résister.
Les gens innocents mis en garde à vue mentent le plus souvent par épuisement physique et psychologique, parce qu’on veut absolument leur faire dire quelque chose et qu’ils finissent par être prêts à dire n’importe quoi pour qu’on les laisse enfin tranquilles.
Ils mentent souvent aussi parce qu’ils ne veulent pas qu’on sache quelque chose qui n’a absolument rien à voir avec l’affaire mais qu’ils ne veulent pas qu’on sache (comme Patrick Dills, qui ne voulait pas dire qu’il fouillait les poubelles pour trouver des timbres-poste pour sa collection).
Citation : .qu'il se batte pour se souvenir, c'est tellement simple... tellement simple de se rappeler...
Vous trouvez ? Vous êtes sûr que c’est toujours aussi simple que ça ?
Citation : >> Qu'on ne me dise pas qu'une sacrée cuite peut tout faire oublier alors qu'il se rappelle de l'accident et de la fuite... Non, non...
Sur ce point, oui, je vous rejoins. Vous avez mis le doigt sur l’un des éléments contre lesquels je bute et qui m’empêchent d’être convaincue de l’innocence.
J’ai moi aussi du mal à comprendre qu’il puisse se souvenir de tous les détails de l’accident (le stop, le choc, la fuite, les sentiments qui l’animaient à ce moment), mais ne pas se souvenir si à ce moment-là, une enfant se trouvait ou ne se trouvait pas dans la voiture.
Certes, il dira au début des interrogatoires qu’il était seul.
Mais j’ai souvent dit que ce que je ne parvenais pas à comprendre, c’est qu’il ait mis tellement de temps pour se rétracter s’il savait qu’il était seul dans la voiture à ce moment-là.
Je comprends bien qu’au terme d’une garde à vue épuisante assortie d’un petit passage à tabac musclé, il ait pu avouer sans être coupable, car je peux très bien concevoir qu’on ait pu lui démontrer sa culpabilité (en lui faisant croire, comme il le dira, qu’il existait 7 témoins et des empreintes de la petite plein la voiture) et que fameux « trou noir » (que je crois possible) ait pu le persuader qu’il avait pu tuer cette enfant même s’il ne s’en souvenait pas.
Mais ce que je ne comprends pas c’est qu’ensuite, dans les heures ou les jours qui ont suivi, il ne se soit pas fait le raisonnement très simple suivant : »Le trou noir n’a commencé qu’après l’accident. Et puisque je me souviens que j’étais seul dans la voiture juste avant l’accident, je ne peux être le coupable. Je me rétracte ».
Sans compter que c’était également le rôle de ses avocats de lui faire prendre conscience de cette évidence. Et que, là comme ailleurs, Lombard a brillé par son absence.
Citation : >> Et s'il était simplement revenu sur ses pas après le délit de fuite ?...
Que voulez-vous dire exactement par cette phrase ?
Qu’il aurait tué la petite avant l’accident, que le tête-à-queue l’aurait contraint de revenir sur ses pas et qu’il se serait arrêté à l’aplomb du Lieu du crime ?
Citation : Danou le dit dans un post, à un moment donné... Ce jeune homme nageait dans un délire indescriptible et ses revirements de situations dans sa tête, collent aux revirements et déménagements qu'il a subit...
Lorsque j’ai écrit cela, je me référais très précisément à l’état d’esprit qui était le sien avant le procès, et qui lui a fait adopter dans le prétoire cette attitude odieuse, qui a définitivement signé son arrêt de mort. Je disais cela dans un post consacré à la responsabilité de Lombard dans le fiasco du procès.
Je suis bien certaine de ne jamais avoir attribué l’agressivité dont il a fait preuve au procès aux innombrables déménagements de son enfance.
Ce que j’ai dit à plusieurs reprises, c’est que, d’une manière générale, son enfance sans image paternelle et les déménagements incessants ne lui ont certainement pas permis de se créer des racines, d’apprendre la relation à l’autre, la confiance, les échanges, de se faire des amis, de se construire.
Citation : Christian Ranucci avait son jardin secret, ses fantasmes mais il me semble qu'on tombe des nues... qu'on essaie de nier certaines évidences... de l'homme...
Franchement, je ne sais pas s’il est possible, sur la seule base des témoignages dont nous disposons, de savoir de manière certaine qui était CR.
Le plus probable est qu’il devait être un gars comme il y en a tant, avec des qualités et des défauts, des côtés sympathiques et d’autres qui l’étaient moins ou pas du tout.
La seule chose qui me paraît certaine est que, comme tous les jeunes de 20 ans, il n’était pas encore tout à fait «fini ». Il émergeait de l’adolescence et il lui restait encore des restes d’enfance.
Mais s’appuyer sur les quelques témoignages que nous connaissons, certains positifs d’autres négatifs, pour en faire un saint ou un monstre ne rime à rien.
Certains de ses copains de régiment en ont gardé un excellent souvenir, d’autres pas.
Je crois que, si l’on prenait une personne au hasard dans une foule et qu’on interrogeait une dizaine de gens qui la connaissent, nous aurions à peu près le même résultat.
Citation : Cette affaire est un énorme gâchis.. Une petite qui aurait à peu près 42 ans et un jeune homme guillotiné... Quel gâchis..
C’est une des rares choses sur laquelle je pense que tout le monde tombe d’accord.
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