Merci Gihel d'essayer de m'expliquer votre raisonnement.
C'est un assez bon scenario.
Mais...
GIhel a écrit:
Citation :
Je réexplique : le 5 les gendarmes trouvent un couteau qu'ils transmettent aux policiers, le soir du 5 avec le pull, les pierres et le reste.
Si les gendarmes le trouvent le 5 au soir, ce n'est pas dans le tas de fumier. Les gendarmes peuvent chercher dans 2 endroits: près du corps, et près de la galerie où le suspect a été vu. Mais le 5 au soir, ils ignorent si l'arme est dans les parages. Ils peuvent conduire une inspection de surface, mais en aucun cas ils ne vont commencer à fouiller avec un détecteur de métaux, la surface à explorer est beaucoup trop grande, surtout sans aucune certitude que l'arme soit dans les parages.
Citation :
Vous êtes la sûreté : vous présentez le pull et Ranucci vous dit : il n'est pas à moi, et en plus c'est vérifiable, il est trop grand.
Vous êtes la police, vous sortez le couteau à cran d'arrêt ?
S'il n'avoue pas le crime, il y en effet peu de chances que le couteau entraîne ses aveux. Une toute petite cependant: il peut se dire "merde! je l'avais pourtant bien caché! zut, je suis fait". Mais s'il nie avooir possédé ce couteau, rien n'est perdu, il reste pièce à conviction. Si plus tard il avoue, il s'expliquera quant au couteau.
Le seul intérêt de le garder en réserve, c'est si l'on veut qu'il désigne lui même l'endroit où il a été trouvé.
Mais alors, peu importe: on aura le PV de saisie par les gendarmes, qui atteste du lieu où le couteau a été trouvé. Aucune importance que le couteau ait été trouvé avant. Bien sûr, 32 ans plus tard, des gens sur un forum pourront tjs dire que les aveux ont été suggérés, mais en 1974 Internet n'existe pas et franchement la 1ère préoccupation des policiers ne devait pas être de se prémunir contre les interprétations de leur travail.
Mais revenons à nos moutons: si Ranucci est innocent, il n'a rien à voir avec ce couteau. Donc il est bien incapable de dire où il est. Donc ce sont les policiers qui suggèrent la position du couteau. Là, le bas blesse franchement, puisqu'ils désignent un endroit où il est impossible que les gendarmes aient trouvé le couteau le 5. Que le parquet demande aux gendarmes de chercher le 6 un couteau qu'ils ont trouvé le 5, c'est déjà une supposition étonnante; qu'en plus, ils soient obligés d'extraire ce couteau d'un tas de fumier alors qu'ils l'ont trouvé à moitié caché sous les argeras non loin du corps, non, vraiment, désolé, je n'achète pas.
Là, votre scénario ne tient pas: si les policiers pensent Ranucci coupable, et veulent qu'il désigne l'endroit où était le couteau, il faut que cet endroit corresponde à la réalité. Manque de pot, enfoui dans le fumier, il faut savoir qu'il y est pour le trouver!
Citation :
Ben non parce qu'il va dire qu'il n'est pas à lui non plus. Donc vous le gardez et vous le cuisinez sur d'autres bases : il vous reste deux petites choses, pas plus. Le pantalon que vous n'avez pas parce qu'il traîne dans le garage les témoins de l'enlèvement et les témoins Aubert. C'est tout.
Le pantalon, c'est une hypothèse, Gihel, mais elle n'est pas crédible. Certes il y a un PV curieux. Mais s'ils n'ont pas le pantalon, expliquez moi pourquoi Ranucci en parle, et comment les policiers savent qu'il y a des taches de sang sur un pantalon qu'ils n'ont même pas vu, trainant dans un coin du garage collectif? devins, les policiers, pour savoir qu'il y a du sang sur le pantalon de Ranucci?
C Ranucci, PV d'audition en GAV signé le 6 juin 1974 à 02:30:
Citation :
Le pantalon de couleur bleue qui se trouvait dans ma voiture est bien celui que je portais au moment de l'accident. Les taches (que vous me dites être des taches de sang) qui se trouvent sur la poche sont inexplicables en ce qui me concerne. Je pense que ce sont des taches de terre.
Citation :
Vous appelez les Aubert, et ils vous disent qu'ils ont vu un type qui montait dans la colline. Donc c'est Ranucci puisque la voiture était dans les environs.
Arrive le matin, vous essayez tous les témoins : Martel : reconnaît pas Ranucci, Mme Mattéi : ne reconnaît pas Ranucci, les filles C : lelles ne reconnaissent pas Ranucci, le petit Baracco ? Ne reconnaît pas Ranucci. Vous avez essayé Jean Rambla : ne reconnaît pas Ranucci, et Eugène Spinelli : ne reconnaît pas Ranucci.
Le petit Barocco, le 6 juin 1974? C'est nouveau!
Citation :
Et le couteau à cran d'arrêt, vous en faites quoi ? Vous le montrez à Ranucci au risque qu'il vous dise : il n'est pas à moi ?
Ce n'est pas un risque majeur. Mais j'ai dj répondu.
Citation :
Première salve, la dernière, les Aubert. utain, ils ne reconnaissent pas Ranucci. Alors c'est là qu'on décide qu'on va fraire tenir le dossier et donc on dit à Mme Aubert mais si c'est lui, pas de doute, ce ne peut être que lui, vous dites que vous l'avez vu tirer une gamine par la portière et vous M. Aubert vous lui avez parlé. De toute façon, il va avouer, il est sur le point de craquer.
Donc vous le reconnaissez. Et si vous ne le reconnaissez pas, ben vous serez impliqué pour non assistance à personne en danger.
Possible. Pas certain.
Citation :
Et Mme Aubert reconnaît Ranucci et Ranucci craque parce qu'il croit que les policiers ont des éléments.
Et qu'est-ce qu'on fait du couteau ?
Eh ben on va le faire rentrer dans la procédure. On fait avouer tout ce qu'on veut à Ranucci, même que la gamine monte à l'arrière, même qu'il s'arrête fumer une cigarette, c'est-à-dire des éléments invraisemblables.
Le vraisemblable, c'est une affaire de point de vue. P; ex. vous, vous trouvez vraisemblable que les gendarmes cherchent dans le fumier le couteau qu'ils ont trouvé la veille ailleurs, moi non. Ou alors vous trouvez vraisemblable qu'ils aient trouvé le couteau dès le 5 dans le fumier, moi non, parce que les gendarmes, ils sont pragmatiques, ils n'ont pas de raison de fouiller le fumier plus qu'autre chose dans les environs, et aucune certitude que le couteau soit dans les environs, donc ils regardent tr-ès atentivement, mais leurs petits yeux ne leur permettent pas de voir à travers 20 cm de fumier.
Donc, rien d'invraisemblable à ce que la gamine monte à l'arrière, d'abord c'est plus prudent, même en 1974 on savait çà, ensuite si Ranucci a une motivation plus noire que je ne le crois, il a tout intérêt à la faire monter à l'arrière, impossible pour elle de descendre au 1er feu rouge.
La pause cigarette? Et alors, Ranucci sait parler aux enfants, il est gentil, il ne la menace pas, il lui dit peut-être on va s'arrêter le temps que je fume une cigarette et puis je te ramène car ta maman va s'inquiéter, si tu veux j'irais avec toi pour que tu ne sois pas grondée, et s'il est gentil la petite peut le croire, çà n'a rien d'invraisemblable.
Citation :
Ben il avoue qu'il a jeté le couteau dans la tourbe.
Le problème c'est que le couteau, il est à l'évêché depuis la veille, mais qu'on n'en a pas parlé. Alors on mobilise le procureur et on lui dit qu'il faut que les gendarmes trouvent le couteau, que c'est à eux de le faire. Quel couteau ? Le couteau.
Et on envoie le couteau depuis l'évêché sur place et on le replace en terre.
Bis repetita placent: si les gendarmes avaient trouvé le couteau la veille, leur PV faisait foi. Pas la peine de faire une manip compliquée. En + vous supposez que le parquet couvre une manipulation de preuves, c'est une hypothèse bien hasardeuse. Et comme les gendarmes n'ont pas pu trouvé le couteau dans le fumier, il y a un lézard: où Ranucci invente n'importe quoi, où les policiers manquent de logique en lui dictant ses aveux.
Citation :
Et les gendarmes le redécouvrent. Pendant ce temps là dans le bureau de la juge, Ranucci croit qu'il s'agit de l'opinel.
Mais le lendemain, on lui montre le couteau. Et lui: "ah non, je n'ai jamais eu ce couteau, moi c'est un Opinel!"???. Eh non. Il le reconnait. Il dit que c'est le sien. Le 27 décembre il dit toujours que c'est le sien. Peu avant le procès il dit à Jean-François LeForsonney que c'est bien son couteau.
Citation :
Moi je le vois l'intérêt. Je le vois même très bien.
C'est un bon scénario de fim policier, Gihel. Enfin, de téléfim français. Si l'on n'est pas trop regardant sur les détails, on peut acheter.
Le PV d'interrogatoire du 6 juin à 02:30 prouve que les policiers ont déjà saisi le pantalon. Au pire, c'est bête, ils ont oublié de le mettre dans leur liste, alors ils le rajoutent en espérant que personne ne s'en rendra compte. Au pire. Mais ils l'ont.
Les gendarmes n'ont pas pu trouver le couteau dans le fumier s'ils ne savaient pas où chercher. Personne n'avait intérêt à faire trouver une 2ème fois ce couteau à un endroit différent de celui où il avait été trouvé la 1ère fois. Donc le couteau a bien été trouvé la 1ère fois le 6 juin, et sur les indications de Ranucci.