Comme il n'est jamais trop tard pour bien faire, j'ai commencé la lecture des differents livres publiés sur l'affaire. Après les écrits de C. Ranucci et de sa mére, le livre de Me Le Forsonnay, me voilà avec celui de M. Fratacci sous les yeux.
Bien que convaincu que le procés aurait du être cassé, je n'en suis pour l'instant qu'au stade de m'interroger si l'enquête a été régulière. Et voilà ce que je lis dans le livre en question:
Citation :
Lorsque j'ai appris, par le chef de la Sûreté, que le commissaire Le Bruchec voulait entendre le fonctionnaire qui avait cherché le témoin introuvable, je me suis présenté à lui spontanément. J'ai été entendu par les enquêteurs venus de Paris. Je leur ai déclaré catégoriquement que c'était un mensonge. Mon audition s'est très mal passée. Je n'étais pas d'accord avec les termes employés. J'ai donc, une première fois, refusé de signer ma déposition. Il a fallu en faire une autre, plus conforme à ma façon de m'exprimer. Celle-là, j'ai accepté de la signer.
Le témoin introuvable c'est M. Moussy, témoin de l'accident du chien. Il est curieux de constater que, là aussi, le déclarant n'est pas d'accord avec ce qu'on veut lui faire signer. Serait-ce habituel ou ce n'est qu'un défault d'enquêteur parisien? Mais on n'apprend pas à un vieux singe à faire la grimace, M. Fratacci, lui avait des ressources.
Puis ensuite:
Citation :
On m'a alors signifié qu'on allait me confronter avec le témoin. Cette confrontation a été faite dans des conditions contraires aux usages et qui n'auraient pas dû se produire. On m'a amené en voiture au commissariat du XIème arrondissement. On m'a fait entrer dans un bureau. Au bout de quelques instants, j'ai vu entrer à son tour un homme d'environ vingt-deux ans, brun, pas très grand. Il s'est assis sur une chaise, à côté de moi.
On lui a posé la question : « Reconnaissez-vous ce monsieur comme étant le policier qui vous a vu sur votre lieu de travail ? »
L'homme a gardé un moment le silence. Il m'a observé. Puis sa réponse est tombée :
« Ce n'est pas ce monsieur, mais il lui ressemble ». Cela se passe de commentaire.
On m'avait pratiquement désigné à lui puisque j'étais seul dans le bureau. Jamais une confrontation ne se déroule de cette façon. D'habitude, on noie l'auteur présumé du délit parmi plusieurs personnes de morphologies et d'âges différents placées côte à côte, en présence du témoin auquel on demande de désigner celle qu'il reconnaît. Ce jour-là, on a tout fait pour faciliter la tâche du témoin qui, malgré cela, n'a pu être affirmatif. Ce témoin-miracle arrivait comme un cheveu sur la soupe, alors que Ranucci était déjà mort. Un peu tard, en tout cas, pour infléchir le cours du destin.
Là encore il semblerait que les confrontations hors usages (la formule prête à sourire, car il y a eu quand même beaucoup de non-lieu prononcés suite à ce genre de confrontation, même à l'époque) sont monnaie courante.
J'aimerai connaitre l'opinion, directe et claire de M. Bouladou sur la confrontation entre C. Ranucci et les époux Aubert, et dans le cas où il conviennent qu'elle fut irrégulière, si penser qu'elle fut motivée par l'absence de preuves claires contre C. Ranucci, est une hypotèse débile due à ma faible aptitude à la compréhension.