Il n’y a pas bien longtemps que je viens sur ce forum, alors pour le moment, je passe plus de temps à lire qu’à écrire, et croyez moi, je lis beaucoup. Par rapport aux témoignages des Aubert, voilà ce que je retiens :
Le 3 juin après l’accident, les Aubert poursuivent leur route vers Toulon. Nous apprenons trente ans après les faits, qu’ils se seraient arrêtés à la gendarmerie de Roquevaire pour signaler l’accident et le délit de fuite puisqu’à ce moment (il est autour de 13h), ils ne peuvent pas savoir qu’il y a eu enlèvement d’enfant. Le gendarme qu’ils ont vu, leur a demandé de s’adresser à la brigade d’Auriol, celle de Roquevaire n’étant pas de garde. Ce serait de nos jours, cela ne me surprendrait pas, mais 1974, je doute. Mais admettons….
Je l’admets d’autant plus, que le lendemain après avoir pris connaissance de l’enlèvement, M. Aubert appelle la gendarmerie de Roquevaire. Pourquoi Roquevaire, alors qu’il habite à Toulon et que l’accident a eu lieu à Greasque. Peut être tout simplement, parce que la veille, il s’y est arrêté.
Là, il déclarera que "la veille, vers 12h30, il avait poursuivi l'auteur en fuite d'un accident de la circulation " et que ce dernier, abandonnant son véhicule Peugeot gris métallisé, immatriculé 1369 SG 06, en bordure de la RN 8bis, "s'était enfui dans les bois en transportant un paquet assez volumineux".On a du lui signaler que la brigade de Greasque était territorialement compétente, puisque le lendemain, c’est cette gendarmerie qu’il appellera. Là, il racontera à nouveau ce qu’il adit aux gendarmes de Roquevaire, mais il arrivera à convaincre ceux de Gréasque, que son histoire a peut être un rapport avec l’enlèvement. C’est donc vraisemblablement les gendarmes de Greasque qui vont donner à M. Aubert le numéro de téléphone du commissaire Alessandra.
Dans l’heure qui suit, M. Aubert appelle le commissaire.
Dans le journal Le Provencal du lendemain 6 juin, on pouvait lire : C'est au début de l'après-midi que le coup de théâtre devait se produire. A 13h30, un habitant de Toulon téléphonait au commissaire Alessandra.
On ne sait pas quel a été le contenu de la discution entre M. Aubert et le commissaire, toujours est-il que presque aussitôt, les opérations de recherches ont commencées dans le bois de Peypin. Par contre on ne s’intéresse pas d’avantage à Ranucci. Ce n’est qu’après la découverte du corps que, par radio, les autorités de Nice seront prévenues de l’intercepter au plus tôt.
A ce moment là (on est le 5 juin en tout début d’après midi), personne ne connaît le couple Aubert
Le lendemain 6 juin, la découverte du corps est à la une de tous les quotidiens. Et que lit-on dans ces journaux, à propos de M. Aubert:
Dans le Méridional, il est écrit "précisément" ce qui suit:
"J'ai vu, devait-il dire plus tard aux gendarmes d'Aubagne, l'homme sortir de sa 304 grise. Il tenait dans ses bras une forme blanche. J'ai cru qu'il s'agissait d'un paquet dont il voulait se débarrasser en cachette" ... Ce qui n'est pas pour surprendre en ce lieu où les dépôts d'ordures sauvages sont fréquents... "Mais jamais je ne me serais douté qu'il s'agissait d'un enfant ! D'ailleurs, j'interpellais l'homme plusieurs fois..."
Dans le Provencal on pouvait lire :
"M Aubert, qui l'a poursuivi, est en effet affirmatif: quand il est sorti de son coupé Peugeot, il a emmené avec lui en la tenant par la main une fillette vêtue d'un short blanc"
Dans Nice Matin:
"C'est l'appel téléphonique, hier, vers 13 h 30, du témoin d'une collision sans gravité survenue lundi dernier entre 12 heures et 14 heures, sur la R.N. 8 bis, à 24 kilomètres environ à l'est de Marseille, qui devait orienter de manière définitive les recherches policières. Cet homme avait été intrigué par le comportement du conducteur d'un des deux véhicules accidentés ce jour-là sur le territoire de la commune de Peypin (Bouches-du-Rhône). Il avait vu l'inconnu démarrer brusquement, puis s'arrêter quelques kilomètres plus loin et sortir en toute hâte de sa « 304 S » grise en tenant par le bras une fillette vêtue d'une chemisette et d'un short blancs. L'homme et l'enfant avaient immédiatement gagné le bois voisin. Le témoin avait essayé de les rattraper mais avait bien vite dû renoncer. Il avait pris soin cependant de relever le numéro minéralogique."
Et enfin dans La Marseillaise :
"Mais un témoin du choc, M. Aubert, demeurant 17, rue des Gourriers, à Toulon, bien que parvenu sur les lieux avec un certain retard tentait de prendre en chasse l’automobiliste en fuite.
Ce dernier s’était-il aperçu de la poursuite ? C’est un point qui reste à élucider car il est important pour comprendre alors ce qui va se passer. Parvenu non loin du lieu où fut découvert le cadavre de la petite fille, M. Aubert verra alors le véhicule portant l’immatriculation des Alpes-Maritimes arrêté sur le bas côté de la route en direction de Marseille. Le conducteur, un homme jeune d’apparence, s’enfonçait dans les taillis, semblant tirer ou traîner de son véhicule « une sorte de colis », précisera M. Aubert. Il disparut très vite de la vue de ce dernier qui, étant assez loin, n’avait pu en voir davantage.
Parvenu face à l’endroit où avant disparu l’étrange automobiliste, M. Aubert l’interpellera sans le voir, lui criant : « Revenez, Monsieur, ce n’est pas grave, vous n’avez occasionné que des dégâts matériels sans gravité. »
A ces appels, l’homme qui venait de disparaître dans le fourré ne répondait pas.
Les éléments qui vont s’accumuler par la suite ne laissent guère de doute. L’automobiliste inconnu qui venait de prendre la fuite après un banal accrochage n’était autre que le ravisseur de la petite Marie-Dolorès. Cet étrange « colis » qu’il traînait avec lui dans les taillis qui bordent la route nationale était certainement la malheureuse enfant elle-même.
Cela veut dire que le 6 juin au matin, alors que les Aubert n’ont encore pas mis les pieds à l’Evêché, deux journaux (Le Provençal et Nice Matin) annoncent déjà, que les Aubert ont vu la fillette. La Marseillaise parle d’un colis qui « était vraisemblablement la malheureuse enfant » et pour Le Méridional, « M. Aubert ne pouvait pas se douter que…… ».
Certains journalistes de l’époque n’étaient pas meilleurs que ceux qui ont couvert l’affaire d’Outreau.
Qu’elle a pu être la discussion entre les Aubert et les policiers avant qu’on ne leur présente Ranucci ? Et quand ils ont été entendus, chacun de leur côté, par les policiers, vous les voyez dire : « non, non, c’était un paquet volumineux, nous n’avons jamais dit que c’était une enfant ».
Pour moi, il devient clair, que le « paquet volumineux » qui est devenu une enfant, a été suggéré par la Presse et pas vraiment par les policiers.
Dernier point, il ne semble pas exister de document qui relate les conversations téléphoniques de M. Aubert avec les gendarmes de Roquevaire ou ceux de Greasque. Il y aurait un PV du capitaine Gras daté du 7 juin qui ferait état de ces communications. Il y est mentionné en clair que les Aubert ont bien parlé de « paquet volumineux ».
Les Aubert n’ont été entendus par les policiers que le 6 juin dans l’après midi. Il doit donc être aisé de démontrer que leurs déclarations sont postérieures à la sortie des journaux.
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