On ne peut que s'associer à cette pensée pour la petite Marie-Dolorès.
Petite... parce qu'elle le restera à jamais.
Peut-être faut-il éviter de mettre en parallèle les destins de MD et CR: Elle: elle est la victime certaine d'un crime sans nom.
Lui: qu'il y ait des zones d'ombre, des questions sans réponse, des détails troublants, oui. Que celà l'innocente formellement: non.
Qu'il ait été jugé dans de mauvaises conditions est évident. Qu'il est évident également que, même pour ceux qui le croient coupables, une peine de détention eut mieux tenu compte de l'absence de motif évident, de l'évidence d'un meurtre commis dans un espèce de raptus, de perte de contrôle de soi; et aussi de ces questions sans réponse qui continuent à soulever un doute (plus ou moins grand selon la vision de chacun...).
Quant à imaginer qu'on ait cherché à le faire taire définitivement pour l'empécher de parler: non, résolument non, nul complot là dessous. Juste un meurtre horrible, un suspect qui avoue puis se rétracte sans être vraiment convaincant, une enquête ordinaire qui va à l'essentiel sans trop se préoccuper de détails, avec son lots d'erreurs administratives plus probablement que de malversations; une instruction bien imparfaite; une défense bien absente par moments; un climat de haine; un accusé complètement décalé de la réalité pendant son procès; un peuple (le nôtre) qui n'avait pas encore su abolir la peine capitale.
Que ce ne soit pas la justice idéale est évident.
Celà n'en fait pas obligatoirement une erreur judiciaire.
Il y a une phrase de Gilles Perrault que j'aime bien, dans le POR, quand il parle des photos de la petite fille, et qu'il dit qu'à chaque fois il a senti monter, d'un fond abject de son âme, l'envie d'exterminer le coupable d'une telle horreur (je cite de mémoire). Celà met une perspective intéressante à son livre, qui était un brûlot contre la peine de mort et non un plaidoyer pour l'innocence de Ranucci. C'est une réaction humaine, tout simplement. Comme est supérieurement (?) humaine la position philisophique qui aboutit au refus (et à l'à l'abolition) de la peine de mort. Au passage relisez le très beau discours devant l'Assemblée de R. Badinter en 1981: je crois qu'il n'y a pas un mot que je puisse faire mien.
Mais je n'irai pas pour autant pleurer sur le sort des coupables, ou méler leur souvenir à ceux de leurs victimes.
Quant à Christian Ranucci, je ne pourrais le ranger au rang des victimes que si, un jour, son innocence était prouvée...
Pour Marie-Dolorès donc, en souvenir de son innocence absolue...
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