- pour la période de la matinée du 3, les souvenirs sont apparemment présents; d'après le récapitulatif : petit bar sur le vieux port, (éventuelle visite au père à Allauch qu'il cache), rentrer à Nice par de petites routes, accident.
- il sait donc très bien qu'il était seul dans la 304 pour le trajet et lors de l'accident.
Si je comprends qu'il puisse avouer n'importe quoi le 6 après-midi, comme il le justifie ci-après, pourquoi le dimanche 24 octobre 1974 (et non pas "à la fin de l'instruction") écrit-il :
Je sais que les sujets d'inquiétude ne manquent pas, il suffit de voir la manière dont l'enquête a été menée, le seul fait aussi d'avoir employé le passé est un sujet d'inquiétude nouveau. S'ils ont cessé l'enquête, comment se fera la vérité ?
Dans le cas probable de ma culpabilité, cette recherche sera tout de même utile, mais dans le cas également probable de mon innocence cette recherche est capitale. C'est ce problème majeur qui m'inquiète le plus. Et puis, ce choc passé, j'ai eu le temps de réfléchir et de mâcher et remâcher ma bêtise et mes erreurs, mais dans le fond, ces erreurs ne sont pas de ma faute : j'y croyais.
L'erreur capitale que j'ai commise, et elle est la base de tout, c'est ma naïveté et ma confiance envers les policiers quand ils m'ont dit : « Monsieur, c'est vous, nous avons des preuves et des témoins, c'est vous ! » Il s'est avéré que ces preuves n'en étaient pas, et qu'en plus il y avait, non pas de preuves malheureusement, mais des indices de mon innocence.
Au début, je me suis dit que c'est impossible.
Dans ce trou de plusieurs heures, il pouvait bien y avoir la place pour ce drame et puis ça collait et ils me semblaient sûrs d'eux et de « leurs » preuves qu'ils me montraient ou démontraient. Et puis, j'ai fini par me dire probable, puis possible, puis ensuite c'est moi !
On me montre des photos que je ne reconnais pas, mais qu'importent les photos ; il y a des preuves, des témoins, etc., qu'ils disent. Donc, ce ne peut être que moi. C'est moi. J'y croyais. Premier stade. Une fois la culpabilité établie, deuxième stade : « Qu'avez-vous fait pendant le week-end ? » etc.
Et là, seconde erreur de ma part, mais là ce n'était pas de ma faute, je croyais vraiment que c'était moi.
Il me faut inventer et donner quelques détails de weekend et aussi au « scénario » que la police me fournit (je regrette d'employer ce mot pour un drame si grave, mais il est étymologiquement exact, c'est celui qu'il me faut employer). Je les aide donc.
Je ne pouvais bien sûr pas décrire mon emploi du temps exact, ne le connaissant pas. Où j'ai mangé - dans la voiture, où j'ai dormi - dans la voiture, etc. Il fallait que ça colle avec le reste. A la fin, j'ai cru ce que je disais.
Cette deuxième erreur était aussi nocive que la première car l'enquête a été arrêtée, et elle aurait pu continuer et établir à l'heure actuelle à de vraies preuves de mon innocence ou de ma culpabilité.
Et cela, d'autant plus que nous avons établi que je n'avais pu dormir dans la voiture, par exemple, et que ces affirmations vont contre moi, vu que leur absence aurait permis (incité) à la police de chercher dans ce sens, et de trouver, peut-être, des éléments intéressants pour établir les faits réels,
Citation :
et portant mon innocence probable
. Ce raisonnement est valable également pour les conséquences de ma première erreur.
Je te passe beaucoup de choses qu'il s'est passé et de mes pensées actuelles, ce serait trop long, je te dirai petit à petit ou au parloir. J'ai l'impression d'être tombé dans un piège. Et la manière dont l'instruction a été faite,. et ça j'y pense beaucoup également, a été le ressort qui a fermé le piège.
C'est un peu une loterie, j'ai tiré le gros lot du malheur, sans même avoir acheté le billet.
Mais nous devons garder espoir. Après le choc du début, j'ai pu réfléchir et analyser aussi logiquement que possible, il y a aussi ce que tu sais,
qui tend à prouver mon innocence. Et puis, il faudra bien que Vérité se fasse, dame justice n'est pas aussi aveugle que dame Fortune.
5 mois après les faits, il ne devrait plus parler que de son innocence ...