Citation :
Cette phrase serait logique dans les 2 cas suivants :
1. il est complètement innocent, se souvient de l'accident et de la fuite, puis est tombé dans l'inconscience et n'a repris ses esprits que dans la galerie (autrement dit, la version des faits qu'il donne serait vraie). Puis, pressé par les policiers qui lui assurent que tout le monde l'a vu, que c'était son couteau, que son pantalon est taché de sang, etc., il finit par admettre que, même s'il n'en a aucun souvenir, ça ne peut être que lui, c'est "o-bli-ga-toi-re-ment lui" !
D'accord.
Citation :
2. Il est coupable, il a bien tué la petite (probablement dans un moment d'affolement suite à l'accident) mais ne s'en souvient sincèrement pas. Ensuite, même scénario (les policiers le pressent, le matraquent de certitudes, etc.) et il admet son crime.
Est-il vraiment possible d'oublier un tel acte ? Sincèrement, j'ai du mal à me l'imaginer. N'ayant jamais été ivre de ma vie, j'ignore si l'alcool peut rendre inconscient et amnésique à ce point. J'ai entendu dire que oui. Je ne sais pas.
J'ai été ivre deux fois au point d'avoir un trou de mémoire. La fois où ça a duré le moins longtemps (une demi-heure, peut-être, ou quelques minutes, ou une heure, je ne sais pas), c'était en boîte de nuit, et on m'a raconté que j'avais attrappé une amie d'enfance par le col et l'avait insultée. Je précise que je n'avais jamais eu de dispute avec elle auparavant. J'ajoute que je n'ai absolument aucun souvenir de ce moment. On me l'a raconté, on m'a vu. C'est obligatoirement moi. Ça n'est pas un meurtre, mais si on m'avait dit que j'avais donné un coup de couteau à cette personne, j'aurais bien été obligé de le croire, surtout si on m'avait présenté témoins et preuves. Par contre, j'aurais parlé de cette cuite depuis le premier instant pour tenter de me défendre. Je ne me serais pas contenté de dire : je ne me souviens de rien. C'est pourquoi, s'il est coupable, je penche plutôt pour votre autre hypothèse, celle à laquelle vous ne croyez pas du tout :
Citation :
S'il est coupable et le sait parfaitement, par contre, je trouve cette phrase hautement improbable. J'ai du mal à croire qu'un coupable qui se sait coupable puisse avoir cette réaction.
Bien sûr, on peut aussi considérer que cette phrase est d'une suprême habileté : il aurait précisément choisi d'avoir une réaction invraisemblable chez un coupable pour qu'on puisse penser qu'il est innocent. Mais je n'y crois pas, c'est trop subtil, cela demanderait un sang froid de tueur à gage chevronné, surtout après avoir été harcelé des heures par la police. C'est un scénario de polar, et cela ne cadre absolument pas avec la maladresse dont il a fait preuve par ailleurs tout au long de l'affaire.
En fait, il est très fort, et en même temps il ne l'est pas. Ça arrive. Vous parlez du sang froid du tueur à gages : lui, il garde son sang froid même quand il tue ; pas Ranucci.
Si Ranucci a tué dans un moment de panique, il a dissimulé le corps rapidement, s'est nettoyé, a caché l'arme, a peut-être caché son pull rouge. Quant à son pantalon, il n'a fait que le frotter avec une serviette, et s'est endormi (ou est resté prostré) avec. Après l'avoir sali de terre en tentant de se désembourber, il l'a mis dans son coffre. A partir de ce moment précis, il est entré dans le déni total. Il a effacé le meurtre de sa mémoire (de toute façon, le moment exact du meurtre était déjà flou). Il n'a rien fait pour rendre le contenu de sa voiture moins louche. Il ne retenait que l'accident... qu'il a cependant parfaitement caché à sa mère. Mais les policiers l'ont amené à se souvenir de qu'il ne voulait plus s'avouer à lui-même. Cela a duré trois semaines, puis il est retombé dans le déni. C'est la reconstitution qui l'y a amené. Mimer le meurtre lui était insupportable. Tout le reste, à la rigueur (enlèvement, fuite après l'accident, couteau caché), il voulait bien l'avouer, mais le meurtre, impossible. Il s'est persuadé qu'il n'avait pas pu commettre ce crime odieux, qui le dégoûtait au plus haut point. Il ne pouvait qu'être innocent. Il lui restait à comprendre comment c'était possible.