Citation :
Tout à fait d'accord avec Webrider
Jean Rambla n'a jamais renié son témoignage de 74
Après tout, il aurait très bien pu dire, qu'il était petit et qu'il s'était surement trompé car il n'avait pas vraiment bien regardé en face le monsieur qui était parti avec sa soeur.
Non il ne l'a jamais dit.
Quand je l'écoute dans ce reportage, je suis même persuadé qu'il est certain de ne pas s'être trompé même 30 ans après.
Et pourtant, j'imagine que son père a du essayer de le convaincre qu'il s'était trompé mais il n'a jamais voulu en démordre.
C'est tout à son honneur.
Cet honneur qu'on ne lui a jamais rendu, puisque cela supposerait que l'affaire soit révisée...
Je remets pour mémoirel'article de l'express début 2005 qui parle de ce reportage et dans laquelle l'expression de Jean Rambla est déformée ...
On parle dans cete aricle de Jean Rambla à propos de l'affaire dans laquelle il est mis en examen, je le remets en totalité... en soulignant le passage dans lequel ses propos sur TF1 sont modifiés...
Citation :
L'Express du 07/03/2005
Fait divers
La malédiction des Rambla
par Henri Haget
Comment, trente ans après l'assassinat de sa sœur, pour lequel Christian Ranucci a été guillotiné, Jean-Baptiste Rambla est devenu un meurtrier
Au départ, il s'agissait d'un meurtre presque ordinaire. Une femme a disparu, à Marseille, en juillet 2004. Corinne Beidl, 42 ans, dirigeait une société de restauration livrant les plateaux-repas aux équipes de cinéma qui tournaient dans la région. Elle avait de l'énergie à revendre et le cœur sur la main. Tout le monde l'aimait. Désormais, tout le monde la pleure. Le 12 février dernier, on a retrouvé son cadavre, recroquevillé dans un sac de sport, au fond d'un jardinet. Le propriétaire du pavillon, un Marseillais de 37 ans, a reconnu l'avoir étranglée, sept mois plus tôt, à la suite d'un différend professionnel. Il était son employé depuis cinq ans. Il voulait être déclaré mais elle ne le voulait pas. Il ne sait pas ce qui lui a pris. C'est ce qu'il a dit. C'est ce qu'on dit toujours, dans ces cas-là. Un meurtre presque ordinaire. Seulement, voilà: notre homme n'est pas n'importe qui. Il s'appelle Jean-Baptiste Rambla. Il avait 6 ans lorsque Marie-Dolorès, sa sœur aînée, a été enlevée sous ses yeux, à Marseille, sur le parking d'une cité HLM. Christian Ranucci sera condamné à mort et guillotiné, le 28 juillet 1976, pour l'assassinat de la fillette. Trente ans plus tard, certains doutent encore de sa culpabilité. Au cours de sa garde à vue, Jean-Baptiste a murmuré: «Finalement, il aurait mieux fait de nous emmener tous les deux.» Puis il s'est mis à sangloter. Comme quand il n'était qu'un garçonnet et que les policiers l'asticotaient pour lui tirer de maigres indices sur l'enlèvement de sa sœur aînée.
«C'est l'histoire d'un retour de manivelle.
D'une existence bousillé avant d'avoir pu commencer»
C'est l'histoire d'un retour de manivelle. D'une existence bousillée avant d'avoir pu commencer. Ça n'est déjà pas facile de plonger en enfer à l'âge du bac à sable. Ça l'est encore moins lorsque vous comprenez qu'il vous faudra à vie pleurer votre sœur et voir son assassin défendu par ceux qui le croient innocent mais aussi par les abolitionnistes, qui en ont fait leur icône. En classe de cinquième, un jour, Jean-Baptiste Rambla est tombé sur une photo de sa sœur dans son livre de français. A côté, il y avait un texte à apprendre par cœur. Un extrait du best-seller de Gilles Perrault Le Pull-Over rouge, une contre-enquête concluant de manière radicale à l'innocence de Christian Ranucci.
Il n'avait rien pu faire pour la sauver
Pour les Rambla, la thèse de l'erreur judiciaire a toujours résonné comme la deuxième mort de Marie-Dolorès. «Si Ranucci n'était pas coupable, cela signifiait que l'assassin de leur fille était encore en liberté», souligne Me Henri Juramy, avocat de Jean-Baptiste. Une injustice supplémentaire pour cette famille d'immigrés espagnols arrimée à ses principes comme à son chagrin. Aujourd'hui encore, Pierre Rambla, le patriarche, 80 ans, ancien ouvrier boulanger, porte la médaille de sa fillette assassinée en pendentif. Aujourd'hui encore, la lente glissade de son fils nous ramène aux blessures du passé et à l'ambiance de corrida qui présidait en ce temps-là.
Il y eut donc le procès de Christian Ranucci et son exécution, l'une des dernières avant l'abolition de la peine de mort. Il y eut donc le livre de Gilles Perrault, qui, deux ans plus tard, jeta le trouble dans l'opinion publique. A l'époque, pour la famille Rambla, les adversaires de la guillotine et les zélateurs de l'écrivain sont à mettre dans le même sac. Un martyr, Ranucci? Une plaisanterie. Et eux, dans ce tumulte, comment pouvaient-ils faire le deuil de leur fille chérie? Et qui se préoccupait de l'étrange sentiment de culpabilité de Jean-Baptiste, qui avait vu l'assassin mais n'avait rien pu faire pour sauver sa sœur? «On l'a coupé, Ranucci, et qu'est-ce que ça nous donne?» grommela un jour le père Rambla. Gilles Perrault se souvient des premiers temps de l'affaire, quand la famille de Marie-Dolorès «était soutenue par l'émotion de toute une ville et les visites des journalistes». Puis ce fut au tour de l'association Légitime Défense, favorable à la peine de mort, de s'emparer du dossier. On invita Pierre Rambla à se montrer dans le public à l'occasion de différents procès. «Il était devenu la figure symbolique du père dont l'enfant a été assassiné», note Gilles Perrault. Puis l'affaire Ranucci est devenue le vestige d'une époque révolue. Et le silence est retombé sur la famille Rambla. Mais le malheur était toujours là.
Pour l'avocat de Jean-Baptiste Rambla, tout était écrit. Quand il avait 10 ans, on faisait dormir le frère de Marie- Dolorès à coups de tranquillisants. Puis il se mit à soigner sa détresse à l'herbe et au shit. «Ces derniers temps, il avait basculé dans la coke», ajoute Me Juramy. Etudes bancales, petits boulots, peu d'intérêt pour la vie, à part le PMU. Une étincelle l'animait, de temps à autre, quand il ressassait la thèse de la culpabilité de Ranucci devant les caméras de télévision.
En novembre 2004, l'émission Sept à huit, sur TF 1, a traité de l'affaire pour une énième fois. Pierre Rambla et son fils ont accordé un entretien à la réalisatrice Maha Kharra. «C'est surtout le père qui parlait, raconte-t-elle. Il était très véhément. Mais, au bout d'une heure, j'ai eu le sentiment qu'on avait tourné en rond.» A l'écran, il ne reste que quelques minutes de l'interview. On y entend le fils Rambla clore le chapitre Ranucci à sa façon:
«C'est fini. Basta! De toute façon, on ne va pas le sortir de terre...»
(J'ouvre une parenthèse. Comparons avec le texte exact de la bande son :
J.Rambla : - Ranucci il est mort, ma sœur elle est morte, basta, voila . Qu’est ce qu’il y a à faire ? Trente ans après qu’est ce que vous voulez faire maintenant ? Qu’est ce que vous voulez faire ? On va…, on va soulever la terre, qu’est ce que ca rapporte ? on va faire de la poussière ? Ca ne sert à rien.
En changeant les mots on les rend moins explicites... Je ferme la parenthèse )
Le reste du temps, il semble un peu ailleurs. Il y a de quoi. A l'époque, cela faisait déjà quatre mois que Corinne Beidl n'avait plus donné signe de vie. Comme il se doit dans ce méchant feuilleton, l'arrestation du frère de Marie-Dolorès n'a pas tardé à ressusciter les ardeurs du camp d'en face. Depuis quelques jours, des courriers anonymes remplissent la boîte aux lettres des Rambla. «Vous êtes punis de votre obstination passée qui a fait tant de mal, a écrit une main vengeresse. N'est-ce pas l'heure de reconnaître et de demander pardon à Christian?» Pour entretenir l'atmosphère, un livre est annoncé prochainement aux éditions Bénévent. L'auteur, Gérard Bouladou, un ancien commandant de police, y a travaillé pendant cinq ans. Le titre est venu tout seul: L'Affaire du pull-over rouge: Ranucci coupable!
Christian Chalençon, 55 ans, compagnon et associé de Corinne Beidl, en a déjà plus qu'assez de ce charivari. Il ne faut pas pousser: le meurtre de sa concubine est l'œuvre d'un pauvre type, non d'une malédiction. En 1999, c'est elle, Corinne, qui avait accepté d'engager Jean-Baptiste, à la demande du père Rambla. Les deux familles se connaissent depuis toujours. Elles habitaient la cité Sainte-Agnès, au début des années 1970. Le frère de Corinne avait porté le cercueil lors des obsèques de Marie-Dolorès. Christian Chalençon ne comprend rien aux mobiles de l'assassin. «C'est lui qui tenait à son statut d'intermittent du spectacle: on ne pouvait pas le déclarer.» Il ne comprend rien à la compassion qui s'annonce à l'égard d'un type qu'il n'a jamais vraiment senti. «C'était un bon à rien. Il prêtait le matériel à n'importe qui. Il garait les camions comme un sauvage. Il se foutait de tout, sauf de réclamer régulièrement une augmentation.»
Une énigme à lui tout seul
Ces jours-ci, des psychiatres se relaient au chevet de Jean-Baptiste Rambla, dans sa cellule de la prison des Baumettes. Me Juramy se dit persuadé que son client bénéficiera de l'article 122.1 du Code pénal, qui atténue la responsabilité des criminels dont le jugement était altéré au moment des faits. «Ce matin-là, martèle-t-il, Jean-Baptiste Rambla était sous l'emprise de la cocaïne.» Peut-être était-il aussi sous l'emprise d'un vieux cauchemar dont il n'a jamais réussi à se dépêtrer. A-t-on idée de tuer quelqu'un pour terrasser sa propre histoire? Son avocat veut y croire. Mais tout serait plus simple si, devant les policiers ou face au juge Patrick André, qui l'a auditionné une première fois le 28 février dernier, le frère de Marie-Dolorès s'était délivré des fantômes du passé. Or Jean-Baptiste Rambla ne parle qu'à demi-mot. Dans les bons jours. Et les bons jours sont loin.
Il n'y a pas si longtemps, Christian Chalençon s'amusait encore de ces bribes de conversation qu'il tenait avec son employé. «Et les amours, ça va?» lui demandait-il, chaque matin, pour entendre le son de sa voix. Un bougonnement lui répondait. Parfois, c'était tout jusqu'au soir. Un vrai muet. «On en rigolait souvent avec Corinne, confie-t-il. Franchement, on se posait la question: “Mais qu'est-ce qu'il peut bien raconter à une gonzesse? ”» On ne le saura jamais. Le frère de Marie-Dolorès Rambla est une énigme à lui tout seul. En 2003, à Marseille, alors qu'il travaillait sur le tournage d'un film avec Karin Viard et Bernard Giraudeau, il lui est arrivé une mésaventure qui ne lui a fait ni chaud ni froid. «Un soir, il a retrouvé sa voiture les quatre pneus crevés, la carrosserie entièrement rayée», se souvient Christian Chalençon, qui lui a filé un coup de main pour le dépannage. Avec le recul, il en a la conviction: «Cela ressemblait à une vengeance de femme.» Le film sur lequel ils travaillaient à cette époque-là n'a pas tenu l'affiche. Une histoire de type au bout du rouleau qui, pour changer sa vie, finit par trucider la femme d'un ami. Aujourd'hui plus qu'hier, le titre fait froid dans le dos: Je suis un assassin. Jean-Baptiste Rambla, lui, n'a pas seulement changé de vie. Victime devenue meurtrier, il a changé de crime comme on change de peau.