Citation :
Il y a une théorie qui échappe le plus souvent. J'ai lu ici et là que "l'homme au pull-over rouge est un grand pervers". On nous l'affirme, et on est prié de le croire. Pas question de mettre en doute l'implication de cet homme dans l'affaire, et pas question de voir autre chose en lui qu'un grand pervers (moi, je le trouve plutôt imbécile, s'il a fait ce qu'on dit, mais bon, je me tais).
Mais cette théorie qui échappe le plus souvent, donc, c'est celle qu'ose faire son avocat, Jean-François Le Forsonney, quitte à la rejeter tout de suite parce que cela lui semble incroyable chez un jeune de 20 ans :
Ranucci était peut-être un grand pervers.
Un grand pervers qui commet des erreurs, mais un grand pervers tout de même.
Un cynique, dit monsieur Rambla.
Et si Ranucci avait mystifié tout ceux qui le croient innocent ?
C'est bizarre : à part sa mère et son jeune avocat, il n'a convaincu personne de son innocence à l'époque. Allez, ajoutons Lombard, mais on est bien obligé de reconnaître que son troisième avocat n'a pas cru à son discours.
Bon, allez, ça n'est qu'une supposition. Désolé d'avoir sali sa mémoire par une simple hypothèse.

Premier point : Maître Fraticelli arrive après l'instruction, donc fort tard et en plus, quand il en parle, il ne dit pas qu'il ne croit pas à son discours, pas du tout, il dit, tel que le rapport de force était entre l'accusation et la défense, ce discours ne pouvait pas être entendu.
Cela est tout le contraire de ce que vous dites. C'est pour moi un travestissement des propos pourtant clairs de Maître Fraticelli. Il disait : tel que le dossier est (c'est-à-dire l'état d'une instruction plus que foireuse et des violations à la pelle), on ne peut pas aller contre et donc il faut lui sauver sa tête en plaidant coupable et la repentance. Ben oui, mais Fraticelli est bien gentil, mais il fallait qu'il prenne le temps d'aller apprendre ce rôle à Ranucci. Ce qu'il n'a pas pu faire visiblement.
Pour faire cela les autorités Tchèques ont mis deux ans avec Arthur London, et là c'était avec de la torture et de la contrainte. Maître Fraticelli n'avait droit lui qu'à la persuasion.
Ranucci pervers ? Pourquoi pas. Mais la perversité, elle se détecte. Et elle se détecte assez vite, on la voit apparaître dans le discours.
Par exemple un pervers, il vous trimballe, il ne va pas dire : je me suis endormi, et c'est le trou noir. Il va dire, oui j'ai vu une forme, puis cette forme, voilà c'était un homme qui a disparu. Et le discours sera changeant. Les Aubert de ce point de vue me semblent tout d'un coup plus proches de la perversion que Ranucci.
Un pervers joue sur des paradoxes et il vous enferme dans ses paradoxes. Est-il pervers demande Le Forsonney quand il rapporte que Ranucci le regarde comme vous et moi et dit : je ne sais rien, mais vous avez raison, je vais dire qu'il n'est pas à moi ?
Le discours pervers consisterait à dire par exemple que le couteau ressemble peut-être à un qui lui appartenu autrefois, mais il est sûr que ce couteau est dans l'appartement de Nice.
Et vous vous allez chercher dans l'appartement de Nice.
De même, ce qui est pervers, c'est de prétendre à une petite fille qu'on cherche un chien et l'enlever sous ce prétexte pour abuser d'elle. Ca oui, c'est dela perversité.
Mais l'homme au pull rouge, il n'est pas véritablement pervers, il est surtout psychopathe. Oui c'est à nul doute un grand psychopathe. Et là aussi, un psychopathe, cela se détecte. il faut bien écouter. Et quand on écoute bien, on voit comment fonctionne son système.
Enfin, je vous revoie à tous les films d'Hitchcock qui savait merveilleusement décrire des psychopathes (celui de la corde, celui de psycho qui dit à sa future victime qu'elle a un appétit d'oiseau puis la phrase d'après que les oiseaux dévorent, et qu'il aime empailler les oiseaux parce que les oiseaux se laissent mieux faire, qu'ils sont plus passifs, ça c'est un discours de psychopathe (il a surtout empaillé sa mère...) Fourniret est psychopathe, il cherche des vierges, et je ne sais plus quel psychiatre dire que la seule qu'il ne trouve pas, il ne faut pas chercher, c'est sa mère.
J'avais mis dans l'ancien forum les éléments d'une relation perverse : celle d'Alègre et de sa mère : oh ben je n'allais pas le dénoncer pour un meurtre, cela n'aurait pu être qu'un accident. Bien sûr je l'emmenais avec moi quand j'allais me prostituer, il avait 14 ans mais bon je ne comprenais pas pourquoi il devenait agressif. etc... Là oui, c'est une relation qui crée les conditions de la naissance d'un trouble de type psychotique, c'est le moins qu'on puisse dire.
Mais Ranucci, la relation avec sa mère est tout sauf celle d'un pervers, il n'y a rien dans ce dossier qui tende à montrer qu'il aurait des tendances perverses ou psychotiques.
Or il est sûr que ce type qui assassine sauvagement est du type psychopathe; tel Alègre, Heaulme, ou autres...