Citation :
Et ce couteau déterré serait donc passé sous silence pour bidonner le lendemain car ils savent déjà que Ranucci va avouer l'avoir mis là, bien évidemment ! Moi, je pense que s'ils avaient découvert un couteau ensanglanté le 5 c'était en soi une pièce terriblement accusatrice, qui leur aurait suffit amplement pour accabler Ranucci, et ils s'en seraient contentés ! Pas besoin de se livrer à des tours de passe-passe.
Je constate que mes déductions révulsent certaines personnes. Il faudra bien s'y faire, c'est comme ça, oui on ose attaquer l'autorité en charge de l'enquête. C'est ce qu'on appelle la démocratie. Les enquêteurs doivent rendre des comptes à la nation. Dans le cas contraire, c'est une dictature.
Le couteau ensanglanté suffit à accabler Ranucci vous dites ?
Encore faut-il pouvoir lui attribuer. Et le 5 au soir les policiers ne disposent de pratiquement rien. Et surtout, tout s'effondre lorsqu'ils apprennent que le pull rouge n'appartient pas à Ranucci.
Cela veut dire que les confrontations avec les témoins qui ont vu cet agresseur les jours d'avant roder dans les cités marseillaises ne vont pas le reconnaître. Ben oui, il portait un pull-over rouge. M. Martel en témoigne, Mme Mattéi en témoigne, Carole Baracco en témoigne etc...
Qu'est-ce qui reste ? La présence de Ranucci sur les lieux certes, une heure après d'ailleurs la probable commission du crime. Mais pour le reste ? Rien.
Alors durant la garde-à-vue, on commence par falsifier. Oh cela commence soft. On falsifie le témoignage Aubert. On prétend devant Ranucci que le couple Aubert l'a vu et va le reconnaître. On sait que le lendemain, les Aubert ne reconnaîtront pas Ranucci.
Donc les enquêteurs mentent à Ranucci. Ce sont des menteurs tout simplement. Ils falsifient oui. Cela ne commence donc pas très bien.
Ce qu'ils veulent ce sont des aveux. Des aveux à n'importe quel prix, même s'ils ne correspondent pas à la réalité.
On a avancé le pantalon tâché de sang. Mais on ne le montre pas, comme on a parlé du pull sans le lui montrer, pour apprendre qu'il ne lui appartient pas.
On va marteler toute la nuit que les témoins vont le reconnaître, ce qui est faux.
Et curieusement, on ne parle jamais du meurtre. On ne l'onterroge jamais sur la manière dont il aurait tué l'enfant. On ne parle que de l'enlèvement.
Le couteau n'apparaît que lors des aveux, très tard. On lui a montré le pull pour vérifier. On ne lui a pas montré le pantalon.
Vous dites : il suffisait à l'accabler. Ben non. On trouverait un couteau le 5, sans ses indications, il dirait : il n'est pas à moi. Et d'ailleurs il aurait raison. On ne voit ce jeune homme circuler avec une arme de loubard ou de baroudeur, cela ne lui ressemble pas du tout.
Donc la question c'est : comment s'arranger pour qu'il reconnaisse que cette arme est bien à lui, à la faveur des trente heures sans sommeil, des coups, des 19h de harcèlement ?
Eh ben on va prétendre que c'est lui qui la trouve et comme cela, ce sera la "preuve parfaite" dont parle l'avocat général Viala.