J.F. Leforssoney dans Le Fantome de Ranucci
Citation :
Sur le fond, la manip' intellectuelle se révélerait
grossière. Plusieurs personnes avaient été
entendues « autour» de l'affaire. Le 4 juin 1974,
Jean Constantino, qui habite résidence des
Cerisiers, non loin des Rambla, dépose plainte
contre un individu qui s'est livré le 1er juin à des
actes impudiques sur ses deux jeunes fillettes. Cet
individu portait un pull-over rouge. Le même jour,
Paul Martel, gardien de la résidence, qui a vu le
type, confirme « un polo rouge vif». Ces gens
furent confrontés à Ranucci, qu'ils n'ont pas
reconnu. De ce fait, nous disait-on: «Les procèsverbaux
[…] étaient séparés de la procédure
établie contre le nommé Ranucci... »
Tiens donc. Et pourquoi ça ? Ces témoignages
auraient été accusateurs, on les aurait trouvés
dans le dossier. Dès lors qu'ils le disculpaient, au
moins de tout antécédent, ils devenaient inutiles.
Seule appréciation de la police? Il se faisait par
ailleurs qu'un dénommé Jean-Claude Jaglasse
avait, pour ce qui le concerne, signalé le 5 juin
1974 des faits sans aucun rapport avec les
précédents. Il avait vu jouer avec deux gamines un
homme «d'allure féminine, aux cheveux châtain
clair et mi-longs, portant n pull-over de couleur
verte, à bord d'une Citroên Dyane de couleur bleu
clair».
En conclure que Jeannine Mattei avait mélangé
les couleurs et dit n'importe quoi était un coup, un
effet d'audience, et en l'occurrence une imposture.
Dans le désordre qui s'est ensuivi, nous avons tant
bien que mal pris connaissance sur un coin de
table de ces procès-verbaux. J'ai déposé des
conclusions fébrilement manuscrites pour nous
faire donner acte de cette production postérieure
aux débats. Nous pensions au moins tenir là notre
pourvoi en cassation. J'ai eu un peu d'espoir
quand l'assesseur, vieux magistrat que je
connaissais bien, m'a fait faire une correction sur
une question de forme qui pouvait rendre ces
conclusions irrecevables, C'était donc, dans son
esprit, qu'elles méritaient d'être recevables. Mais
nous sentions que le coup avait porté. Lombard a
protesté. Le président a donné la parole en dernier
à un Ranucci prostré qui n'a rien ajouté.
Le Forsonney ne dit rien sur un témoignage de Martel lors du procès. A-t-il vraiment témoigné ?