Citation :
Je ne vois pas en quoi il y en a qui ont pu reprocher à Mme Mathon d'avoir réclamé sa voiture. Cette voiture était à elle et elle avait bien le droit d'en disposer!
Exactement, c'est pourtant ce qui a été fait.
Il faut aussi se mettre à la place de Mme Mathon. Elle ne devait pas comprendre grand-chose au manège qu'à organisé Alessandra autour de la voiture. Il la lui remet. le lendemain de l'arrestation de son fils, dans les couloirs de l'Êvêché, puis comme elle ne sait pas conduire, il donne les clefs à deux journalistes malins qui sautent sur l'occasion. Voilà ce qu'écrit l'un d'eux, Paul-Claude Innocenzi à ce sujet:
Citation :
Le lendemain de l'arrestation de Christian Ranucci par la police marseillaise, nous autres journalistes nous ignorions tout de l'existence de sa mère, Mme Mathon, divorcée de son père, et de sa venue à Marseille, suite à une convocation de la Sûreté Urbaine.
Il devait être 16 h. Nous étions une vingtaine de journa¬listes à piétiner dans les couloirs de l'Évêché, non loin du bureau du commissaire Alessandra, responsable de l'en¬quête. Nous attendions les nouvelles en échangeant des impressions. Dans notre métier, il faut savoir être patient, attentif et curieux, curieux de tout.
À un moment, j'ai vu le commissaire Alessandra, entouré de deux ou trois inspecteurs, discuter dans le couloir avec une petite femme d'aspect très anonyme, que je ne connaissais pas. Je sentis cependant - intuition journalistique ? - qu'elle avait quelque chose à voir avec l'affaire.
J'étais sur le point de me renseigner auprès de quelque flic ami, lorsqu'un petit événement me donna la réponse : c'était Mme Mathon-Ranucci. Un inspecteur arrivait, en effet, un trousseau de clés de voiture à la main, et s'adres¬sait au commissaire Alessandra :
« L'anthropométrie a fait son boulot, monsieur, il faut dégager la voiture. Elle occupe une place au parking. » Alessandra prit le trousseau de clés, et le tendit à Mme Mathon-Ranucci en lui disant:
« Madame, la Peugeot de votre fils, nous vous la resti¬tuons. Voulez-vous l'enlever ? »
Mme Mathon répondit, un peu affolée :
« Je ne peux pas, monsieur. Je ne sais pas conduire. » C'est alors, qu'ayant adressé un clin d'œil complice au commissaire Alessandra, et ayant compris qu'il ne me mettrait pas de bâtons dans les roues, je me proposai: « Je sais conduire, moi, madame. Si vous le voulez bien, je peux dégager la voiture pour vous. Plus tard, un parent ou un ami pourront venir la prendre en charge dans le garage où nous la conduirons. »
Roger Arduin, journaliste à Europe 1, et vieil ami de lycée, me fit du coude pour me signifier qu'il voulait me parler à part:
« Inno, me dit-il, tu es sur un coup terrible. Est-ce que je peux venir avec toi ? »
En bon journaliste, il avait tout de suite compris ce que nous pourrions tirer de cette opportunité-là. II était chic et régulier. Il m'avait rendu maints services, dans le cadre de mes activités, et je ne voyais aucune raison de ne pas lui renvoyer l'ascenseur.
« D'accord, Roger, dis-je. Mais à une condition : tu ne " balanceras " rien sur l'antenne avant demain 6h, heure de parution de mon canard en kiosque. Tu ne vas tout de même pas me griller, ce serait fort de cochon ! »
Il en convint.
Et nous voilà partis, Roger Arduin, Mme Mathon-¬Ranucci et moi, à bord de la fameuse Peugeot de Christian.
Il faudra, bien sûr, que la police resaissent cette voiture plus tard.