Quelques éléments de plus même si cela ne concerne pas vraiment le fond de l'affaire ; j'ai retrouvé ça dans le livre de Gilles Perrault.
Sur les 5 séances menées par Ilda Di Marino, pendant les deux premières, Ranucci n'eut pas de défenseur (et on comprend pourquoi : la première, c'est le 6 juin, en toute fin d'après midi dans les conditions que l'on sait ; la deuxième, c'est le 7 juin au matin. Emballé, c'est pesé !)
Sur les 3 qui restent, les avocats de la défense n'assistèrent qu'à une seule ! Si c'est pas de la conscience professionnelle, ça...
Apparemment, le bâtonnier Chiappe était malade et proche de la retraite (ce deuxième point n'étant pas une excuse pour ne pas faire correctement son boulot, je vous l'accorde).Ce qui fait que Le Forsonney, compte tenu de son jeune âge et de son inexpérience, n'était pas dans ses petits souliers. Voilà ce qu'il déclare à Gilles Perrault en 1978 :
"Je me rendais bien compte que le sort de Ranucci risquait de se jouer à l'instruction, que tout ça était capital, et je me sentais en même temps complètement impuissant à tenir le coup. Le jour de la confrontation générale avec les Aubert et Martinez, chaque fois que j'intervenais pour présenter une observation, on me regardait comme si j'étais partisan de l'assassinat des petites filles. Vous ne pouvez pas savoir le climat... Et Ranucci qui laissait filer comme s'il avait décidé que tout était inutile, que ce n'était même pas la peine de se défendre, qu'il n'y avait plus qu'à baisser les bras. J'ai fini par dire à Lombard : "Ca ne peut plus durer. Si vous n'entrez pas dans l'affaire, je vais demander au bâtonnier de désigner un autre défenseur à Ranucci parce que moi, je ne peux pas tenir le coup tout seul." On décide qu'André Fraticelli, qui travaille avec le bâtonnier Chiappe, viendra épauler Maître Le Forsonney, mais la clôture de l'instruction rend son concours superflu."
Rappelons que Maître Lombard n'entrera dans l'affaire que six mois et quelques plus tard... Rappelons enfin que Maître Lombard, après un mensonge auprès de son jeune collaborateur, ira présenter seul la demande de grâce à Valéry Giscard d'Estaing. Chacun jugera... Mais j'ai comme l'impression que dans cette affaire, Ilda Di Marino n'a pas été la seule à manquer de ce je ne sais quoi d'humain qui rend la justice plus noble et plus respectable. Un procès d'assises (sans appel possible à l'époque) se jouant dés l'instruction, je ne suis pas étonné de la suite des évènements.
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