A un moment donné il dit quelque chose qui me semble assez révélateur.
Il y a cet élément : il est parti jeté un matelas, le matelas sur lequel elle dormait puisqu'elle faisait chambre ? part.
Donc on lui demande pourquoi il l'a jeté : "Elle m'avait dit, ce matelas est pourri, mais je préfère aller dormir sur ce matelas pourri que dormir avec toi, donc c'est aussi quelque chose qu'elle m'avait balanc? dans les dents.
Sur cematelas, il se passe des choses. Elle a un amant, elle a eu des relations sexuelles sur ce matelas avec un amant.
Et ça me fait sortir de moi, donc je prends ce matelas, je vais le porter ? la d?charge et je me dis, l?, elle comprendra, quand elle reviendra. Elle veut divorcer, on divorce mais pas cette esp?ce de situation un peu bizarre."
Ce qui me pose question, c'est cette absence de nuance, déjà le divorce semble effectivement un problème, avant d'en arriver l?, il faut passer par la d?charge, hum : je suis encore plus pourri que le matelas semble-t-il insinuer, puisqu'elle préfère un matelas pourri ? lui.
Et puis, le fantasme, en plus un fantasme sexuel : qu'est-ce qu'elle fait avec l'autre ? L'angoisse de ce qu'il pourrait ne pas conna?tre d'elle. On a l'impression qu'elle lui fait peur parce qu'elle n'est pas totalement transparente.
Et pour qu'elle comprenne, il faut en passer par une d?charge.
Je vais vous dire, je vois ce qu'on trouverait ici et qu'on ne voit jamais chez Ranucci. Ranucci n'est pas dans le sentiment sale, dans la d?testation, dans la rancoeur, jamais. Et autant ici, j'imagine les enquêteurs qui sont d'ailleurs apparemment beaucoup plus prudents, je comprends qu'ils se posent des questions, même si cela ne signifie pas plus que ce qui est dit, mais tout de même, on n'est pas dans la nuance, alors que Ranucci est dans la nuance.
Pour aller plus loin dans la d?monstration j'ai pris cette lettre de Ranucci ? sa mère un peu au hasard : "Le pull-over cr?me clair que tu viens de me porter me va bien. N'oublie pas que tu ne dois pas me rapporter les affaires que je t'ai données (le surplus). Tu me rendras juste les 3 articles que je t'ai dit jeudi 12.
J'en ai encore un peu ? te rendre.
Lorsque tu ?criras, donne bien mon amical bonjour aux amis (ies), la maman d'?ric et Nathalie, les C., etc. Je ne manquerai pas d'aller tous les visiter pour leur manifester mon amiti? et pour les remercier.
Si tout le monde était comme eux...
Je n'ai vraiment rien de nouveau ? te dire. D'ailleurs, j'aime autant demeurer circonspect. Peut-?tre cette semaine t'?crirai-je une seconde lettre, après la visite de J.-F.L. ?
Soigne bien ton angine, reste au chaud au maximum, et n'oublie pas, s'il pleut, ne viens pas. Saute un parloir."
Il est capable de reconnaissance, le pull lui va, il sait ce qu'il veut, il sait qui il est, mais en même il fait attention ? sa mère : soigne ton angine. La situation présente, celle de la prison où le matelas est sans doute encore plus pourri, ne d?truit pas son assurance calme. Il n'est jamais dans le reproche alors qu'il vit quelque chose de difficile. Il pense aux amis, il a des amis, il est ouvert aux autres.
Et on veut me d?montrer que ce type aurait flanqu? 14 coups de couteau ?
Contrairement ? ce que disent les psys qui plaquent le crime sur Ranucci, je pr?tends moi que le crime ne lui correspond pas.
Dans l'autre affaire, on ne peut rien dire, je ne m'avancerais pas autant, car on n'est ni dans la nuance, ni dans le don de soi, ni dans l'assurance de soi. Pas du tout, il y a quelque chose de pourri, de fantasm?. On est dans le reproche alors que quelqu'un a disparu. Bon, mon sentiment est plus angoiss? par rapport ? cet homme.
Je voulais montrer la diff?rence, parce qu'elle me semble intéressante et qu'elle prouve qu'on peut saisir des choses sur des personnalit?s, et qu'on ne peut jamais totalement se cacher derrière les mots.
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