Citation :
Il me semble normal que le doute profite à l'accusé. Mais pourquoi ne profite-t-il pas à tous les accusés ?
Certains innocents ont été condamnés parce qu'ils étaient passé aux aveux mais certains coupables ont échappé au châtiment parce qu'ils n'ont jamais rien avoué.
D'autant que les truands chevronnés savent très bien qu'il faut tout nier même devant l'évidence alors que le pauvre quidam craquera facilement...
Est-ce juste ?
Cordialement
C'est assez compliqué. De toute façon, il faut voir au cas par cas. Nier devant l'évidence, si elle n'est que théorique, ça peut aider à s'en sortir, mais nier devant des preuves, ça permet juste de s'enfoncer et de prendre le maximum.
Dans le cas de Ranucci, il a avoué quand on lui a dit qu'il y avait des preuves et des tas de témoins. Quand il a compris qu'on l'avait trompé et qu'il n'y avait pas vraiment de preuve, et que tout reposait plus ou moins sur le témoignage Aubert et ses propres aveux, il a nié, parce qu'il pensait qu'il devenait possible de prétendre être innocent, ou bien parce qu'il a commencé à croire, finalement, qu'il était innocent, selon la version qu'on préfère (qu'on le croie innocent ou coupable, il faut bien admettre qu'à un moment, et même pendant des mois, il a pensé être coupable).
Puisqu'on ne comprend pas toujours mon point de vue sur les différentes affaires, je rappelle que je crois Seznec coupable mais que je pense qu'on aurait dû l'acquitter au sujet du meurtre (la fabrication des faux était avérée, même si elle est contestée par ses défenseurs, ce qui l'impliquait, mais à un degré indéterminé, dans le meurtre ou la mise en scène de la disparition ; on devait poursuivre l'enquête sur ce point, mais on ne pouvait pas le condamner pour meurtre dans ces conditions, je crois).
Dans le cas de Ranucci, je le crois coupable, et il y avait assez pour le condamner, mais il aurait dû bénéficier des circonstances atténuantes, malgré son attitude au procès qui n'aurait pas dû être prise en compte. Mais surtout, on aurait dû poursuivre l'enquête et ne pas arriver aux assises avec des points non éclaircis. On aurait dû faire le maximum pour tout cerner de l'affaire du satyre des cités, par exemple. En traînant des pieds de ce côté, on a permis à des doutes de persister. Mais même avant ça, le juge Michel jugeait le dossier incomplet, donc il fallait poursuivre l'enquête ; dans une affaire où l'accusé risque sa tête ou la prison à vie, on ne devrait pas se contenter d'un travail incomplet.
Pour ce qui est des aveux, ils ne prouvent rien, c'est certain. Mais rappelons qu'Hercule Poirot et le commissaire Maigret obtiennent rarement autre chose que des aveux, et tout le monde se sent satisfait à la fin.
